homélie du dimanche 10 juin

Lecture du livre de la Genèse

Lorsqu’Adam eut mangé du fruit de l’arbre,   le Seigneur Dieu l’appela et lui dit : « Où es-tu donc ? »   Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. »   Le Seigneur reprit : « Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ? »   L’homme répondit : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. »   Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. »   Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.   Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »

Je voudrais ce matin vous partager un souvenir d’enfance. 5° enfant d’une famille de 6, la vie à la maison était souvent très animée et je me souviens un jour de colère avoir traité l’une de mes sœurs de plusieurs noms d’oiseaux dont certainement j’ignorais jusqu’au sens réel (je ne vous les cite pas, votre imagination et la mienne puisant aux mêmes sources !) Aussitôt le terrible méfait commis, je me suis enfui et caché au fond du jardin, derrière le pourrissoir y passant un long moment. Et je me souviens alors que ma mère, se mettant à me chercher (pour régler la situation et exiger de ma part réparation) se mit à crier «où es-tu donc ? », exactement la même question que celle que Dieu prononça cherchant Adam après leur méfait dans la 1° lecture.

« Où es-tu donc ? » doit être perçu comme le désir fondamental de Dieu à la fois de nous retrouver malgré nos errements, de nous ouvrir l’opportunité de reconnaître nos fautes et enfin de laisser la miséricorde restaurer en nous l’image de Dieu abîmée par nos péchés. Donc 3 points dans mon homélie.

1/ Dieu part à notre recherche. Le désir de Dieu, qui présida à la création du monde, était un jour de faire alliance avec toute sa création et d’une manière spéciale avec la seule créature que Dieu a voulu pour elle-même à son image et à sa ressemblance, à savoir l’homme et la femme. Pourtant de nombreux obstacles vont entraver ce projet divin, et principalement la jalousie de Lucifer, l’ange déchu, devenu Satan car refusant que Dieu ‘se souille’ en choisissant un jour de se faire homme pour faire alliance avec l’humanité. Dès lors Satan fera tout pour ruiner l’homme voulant le perdre en le détournant de Dieu, en jetant en lui la suspicion quant aux intentions de Dieu à son égard. Cependant, Dieu, sans jamais se lasser, va partir à la recherche de l’homme et sa question dès les commencements est « où es-tu donc ? ». Il faut entendre cette question avant tout comme une interrogation quant à l’état de la foi de l’homme. Dieu demande à l’homme : ‘Où en es-tu de ta foi, de ton lien à moi, de ta confiance en moi ?’. Et désormais, à cause de la défiance infusée par Satan à l’encontre de Dieu dans le cœur des hommes, Celui-ci n’aura de cesse de préparer sa venue parmi les eux annonçant qu’il viendra un jour restaurer la relation abîmée par le péché et la désobéissance.  Dès lors Dieu constituera un peuple, enverra des prophètes, choisira Marie pour venir en personne, dans la personne de son Fils Eternel, Jésus le Christ, parler aux hommes, révéler qui Il est, redire son projet d’alliance et la célébrer pour toujours en restaurant la nature de l’homme, la délivrant du péché des origines.

2/ regarder sa vie en face et l’assumer devant Dieu. Dieu qui a fait tout ce chemin, venant en notre chair pour se mettre à notre niveau, pour nous parler ‘en face’ de son projet pour nous ne croise pas toujours un regard attentif ni des oreilles prêtes à entendre.  L’homme à du mal à reconnaître le pétrin dans lequel il s’est fourré, et ce depuis les origines. Dans la 1° lecture il commence par rejeter la faute sur Eve, puis Eve sur le serpent (cela est juste dans le déroulement des faits) mais l’homme et la femme doivent aussi assumer ce désir qui a pris feu en eux d’être comme Dieu, de voir en Dieu un rival, celui dont on veut se passer pour prendre sa place. Accepter de croiser le regard de Jésus, c’est avant tout regarder en nous l’œuvre du mal, car la lumière dont le regard de Jésus éclaire notre vie, y révèle les parts d’ombre, notre acquiescement au mal, la part de nous soumise à l’emprise, à l’influence de Satan.

3/ l’expérience de la miséricorde. Ayant discerné en nous l’œuvre du mal, il nous faut nous soumettre à l’œuvre du bien, à la libération qu’opère en nous l’Esprit-Saint qui y restaure l’image de Dieu. En effet, L’Esprit Saint est celui qui nous fait miséricorde, comme nous le disons, les prêtres, lorsque nous donnons l’absolution. « …il a envoyé l’Esprit Saint pour le pardon des péchés… »C’est en réalisant cette puissance et ce dynamisme de vie de l’Esprit Saint en nous que nous goutons de plus en plus à l’infinie miséricorde du Père. Et c’est aussi à contrario le drame que dénonce Jésus pour la personne qui ne sait plus discerner l’Esprit Saint sauveur de l’esprit du mal….sa méprise la condamne à ne plus pouvoir être sauvé. Comme l’explique très bien le père Michel Souchon, Jésuite :  Ce qui est impardonnable, c’est de « parler contre l’Esprit », de dire qu’il n’est pas puissance de vie et de résurrection, mais qu’il est l’esprit du mal, que ses appels sont insensés, vont contre la vie et le bonheur, bref que l’Esprit « veut ma mort ». Dire que la source d’eau vive est empoisonnée, c’est se condamner à mourir de soif. Si l’Esprit est nié comme puissance de vie, la source du pardon est coupée : nul n’est pardonné contre son gré. »

Alors ce matin, dans l’Eucharistie, Dieu vient à nouveau à notre rencontre, il vient même jusque dans nos mains. Recevez le Corps du Seigneur comme la lumière qui vient éclairer votre vie et la purifier de ses errements et de ses péchés. Recevez-le car c’est par lui que Dieu vous fait miséricorde. Souvenez-vous les paroles de feu du curé d’Ars, « vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin. »  Amen