homélie du 29° dimanche

Évangile de J-Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »  Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. » Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit :  « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. 

Il y a des jours où je me dis que ce n’est pas facile d’être vraiment chrétien et aujourd’hui est un jour comme ça ! Les textes de la liturgie s’ils étaient lus en dehors de nos assemblées chrétiennes apporteraient des quantités d’eau au moulin de nos détracteurs (et en période de sécheresse l’eau ça coûte !)A tous ceux qui nous méprisent et nous moquent nous donnons aujourd’hui de bons arguments : dolorisme dans la première lecture, et dans l’évangile : l’éloge de l’épreuve et de la faiblesse jusqu’à prôner le statut d’esclave pour tous les disciples.

Et à tout cela frères et sœurs, d’un cœur unanime vous avez répondu : « nous rendons grâce à Dieu » et « Louange à toi Seigneur Jésus ». Rendre grâce pour cette invitation du Christ à donner sa vie ? Louer Dieu pour son appel à nous faire esclave de tous ? Allons ! Soyons honnêtes, il est loin d’être total notre « oui » au Seigneur pour l’aider à sauver ce monde en portant la croix avec lui. « Pratiquer c’est déjà pas mal, mais vivre la radicalité de l’évangile, là monsieur le curé, vous ne mesurez pas bien ce que cela exige. »

En effet, quand je vois la course aux honneurs, le besoin de reconnaissance, la nécessité de ne faire que des choses socialement gratifiantes et qui flattent l’égo, je me demande ce qu’il reste du commandement du Christ d’être serviteur de tous.

Certes ces textes sont âpres, difficiles à lire et à entendre même à vivre, mais ils expriment ce qu’est la condition du disciple  du Christ, disciple qui n’est pas au dessus de son Maître.

Ainsi je repère dans l’évangile 4 conversions que le Seigneur nous invite à vivre si nous voulons être son disciple, dont 4 points dans mon homélie.

1/ passer de la loi humaine à la loi du Christ

Dans la loi des hommes, les chefs des nations commandent en maître et font sentir leur pouvoir, dans la loi du Christ celui qui désire être grand sera le serviteur, le premier sera l’esclave de tous. Il faut passer du commandement au service ; du pouvoir à l’esclavage. Or sans le Christ comme modèle, c’est impossible, cela n’est pas jouable. Car ce qui est en jeu, c’est le renversement de l’ordre du monde, c’est rappeler à celui qui a beaucoup reçu qu’il devra beaucoup donner… pourtant nous sommes toujours à nous plaindre de ce qui nous manque et peu rapide à offrir les talents dont nous disposons. D’où la seconde conversion.

2/ passer du statut « moi le premier » à celui de « les autres d’abord ».

En effet, Jésus le dit de lui-même, il n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Lui le Grand Dieu, le Tout Puissant, il se fait serviteur de chacun de nous jusqu’à la croix. Il nous donne tout : la vie, le pardon, l’amour, l’être, etc. Et nous, nous restons impassibles, souvent simples consommateurs dans et de l’Eglise.

Interrogeons-nous, que puis-je faire aujourd’hui pour Dieu ? Pour mes frères et sœurs ? Vous ne savez pas ? Venez me voir, je vous ferai la liste…. Le renouvellement des EAP approche, alors pensez y !

Mais à celui qui se met au service Jésus demande encore 2 autres conversions :

3/ passer de la gloriole à la Gloire.

C’est l’expérience de Jacques et de Jean qui se disent qu’ils pourraient tirer gloire de servir le Seigneur Jésus. Et quant à faire autant siéger à droite et à gauche de Lui dans sa gloire. Notez au passage que tous les autres qui jouent les gens outrés désiraient certainement la même chose ! Mais ce qu’ils n’ont pas encore saisi, c’est qu’en Dieu tout est inversé (cf 1° conversion) : ainsi la gloire de Dieu rayonne à la croix, mais les places à côté de Jésus sont déjà réservées pour les 2 larrons !

Cependant, Jésus invite Jacques et Jean à désirer partager sa gloire en leur annonçant qu’ils boiront eux-aussi à la coupe  du martyr et qu’ils recevront le même baptême que le Seigneur, immergés comme lui dans la mort et la résurrection, pour le salut du monde. Ainsi, eux aussi, le moment venu donneront leur vie en offrande au Père pour sauver quelques âmes.

Et moi ? Est-ce que je vis ma vie chrétienne pour la gloriole ? Est-ce que je m’investis dans l’église pour exercer un pouvoir, pour flatter mon amour propre, pour exister aux yeux des autres ? Ou alors je le vis simplement comme un moyen pour permettre à des nombreuses personnes d’avancer avec assurance vers le trône de la grâce, comme le dit l’épitre aux Hébreux ? Notre gloire c’est de nous unir au Christ pour le salut du monde, c’est de tourner vers Lui de nombreux cœurs aujourd’hui égarés. … et cela exige une dernière conversion.

4/ passer de la récompense à la gratuité.

Jacques et Jean estiment qu’ils méritent les places d’honneur à côté de Jésus, ils voient cela comme  une récompense méritée suite à leur travail missionnaire. Ils donnent l’impression d’acheter leur paradis. Ils manquent d’humilité, oubliant qu’est c’est l’Esprit Saint qui travaille en eux et qu’ils ont donc à être seulement fontaine pour que d’autres viennent au Christ. La fontaine donne gratuitement de son eau à tous ceux qui ont soif, sans attendre de retour, de merci.

Et moi ce matin ? Ai-je parfois l’idée d’acheter mon paradis ? Suis-je capable de comprendre que Jésus m’a déjà donné le salut et qu’agir en chrétien, gratuitement, c’est exprimer qu’on est déjà sauvé, c’est désirer que les autres le soient aussi ?

Ainsi, mes amis, ce matin décidons de nous convertir, devenons serviteurs avec le Christ de tous les hommes, gratuitement, pour la gloire de Dieu, sans attendre d’autre retour que les bras ouverts du Père qui nous dira « viens serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître. » Amen