«Que ma prière s’élève devant toi comme un encens,
et mes mains comme l’offrande du soir.»
(Psaume 140, 2).
L’Ancien testament mentionne de nombreuses fois l’encens, son parfum, sa fumée. S’agissant du Nouveau testament, la mention la plus connue est certainement celle en Matthieu 2, 11, où les rois mages présentent l’or, l’encens et la myrrhe à Jésus dans la crèche. De fait, l’usage de l’encens, dans la liturgie catholique, est venue par l’Orient, dès le Moyen-Age. Mais la pratique de l’encensement est présente depuis longtemps dans plusieurs religions.
Dans la liturgie chrétienne, chaque geste, chaque objet ou matière a une signification. L’encens employé durant la messe, les vêpres, les funérailles ou d’autres occasions, répond bien à cette définition. Du latin incensum, ce qui brûle, qui a donné aussi le mot incendie, l’encens provient de la résine d’un arbre poussant dans les pays chauds. C’est un produit de grande valeur depuis toujours, du fait de sa rareté. Dans la pratique, contenu dans une navette, petit récipient, sous forme de grains, l’encens est déposé sur des charbons ardents, dans une cassolette ajourée, munie d’un couvercle, suspendue par trois chaînettes. Un parfum est parfois ajouté à l’encens.
Parmi les servants d’autel, c’est le thuriféraire, du grec, thus, encens, et fero, porter, qui a la charge de l’encensoir, parfois accompagné d’un naviculaire, qui lui a la charge de la navette. Le célébrant lui, impose l’encens, c’est-à-dire le dépose sur les charbons aux moments requis. Ce faisant il bénit l’encens en traçant un signe de croix.
Comme toute action liturgique, l’encensement durant la messe doit se faire avec ordre et piété. Ainsi le thuriféraire ouvre-t-il la procession d’entrée d’une messe, l’encensoir fumant. Durant la célébration seront encensés l’autel, la croix, l’Evangile, les offrandes, le célébrant, les autres prêtres s’il s’en trouve, les fidèles. L’encensement du pain et du vin se fait en dessinant trois croix avec l’encensoir pour signifier la Trinité, puis trois cercles signifiant la totalité, la perfection, l’éternité. Pendant le Sanctus, l’encensoir est mis à fumer devant l’autel. L’encensement accompagne aussi la procession de sortie. De fait, tout ce qui renvoie à la présence du Christ bénéficie d’un encensement, durant une célébration liturgique.
L’encens que l’on fait fumer sur l’autel symbolise le sacrifice du Christ, qui s’est offert à son Père en odeur de suavité (Ep 5, 2). Brûler de l’encens dégage un parfum agréable offert à Dieu, la fumée symbolisant la prière qui monte vers le ciel, vers Dieu. Durant la messe, l’encensement du prêtre puis des fidèles signifie qu’ils sont une offrande sacrée. Le prêtre rend alors présent le Christ, les fidèles rendent présente l’Eglise et tous sont d’agréable odeur pour le Père auquel ils s’offrent.
Pour chaque fidèle, l’encens qui brûle est l’image d’un sacrifice intérieur, qui consume son cœur et révèle le parfum de son âme dans l’intimité avec Dieu. Lors des funérailles, encenser le corps d’un baptisé déposé dans le cercueil est un signe de respect et de foi en la vie éternelle, nos prières accompagnant le défunt à l’image de la fumée odorante qui monte vers le ciel.
Etre pour Dieu la bonne odeur du Christ, (2 Co 2, 15), voilà bien l’ambition du chrétien.