homélie 30° dimanche

Bartimée l'aveugle et la nouvelle évangélisation -Benoit ...Évangile de J- C selon saint Marc

Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier :  » Jésus, fils de David, aie pitié de moi !  » Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle :  » Fils de David, aie pitié de moi !  » Jésus s’arrête et dit :  » Appelez-le.  » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :  » Confiance, lève-toi ; il t’appelle.  » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit :  » Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Rabbouni, que je voie.  » Et Jésus lui dit :  » Va, ta foi t’a sauvé.  » Aussitôt l’homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.

Cet évangile qui relate la guérison de Bartimée est une vraie perle de la foi chrétienne. En quelques lignes nous y sont présentées la puissance de salut que le Christ opère dans le monde et une méthode d’Evangélisation.

Pour profiter pleinement de ce texte d’Evangile nous devons faire au préalable un peu de géographie biblique : pour comprendre tout le désespoir de Bartimée il faut savoir que Jéricho, en se situant 240 m au dessous du niveau de la mer, est la ville la plus basse de la Terre Sainte et même du monde : en un mot c’est un trou. Et au fond du trou, il y a un homme aveugle qui est assis. Bartimée qui mendie dans la ville la plus basse de son pays pour vivre est aussi au plus bas dans sa vie. Comme on dirait de nos jours : il touche le fond !

Nous savons donc, grâce à cette précision que Jésus peut guérir les cas les plus désespérés. Regardons-le sauver Bartimée. Notre ami Bartimée, loin de se résigner, sent à l’approche de Jésus que quelque chose dans sa vie pourrait changer. Alors il lance ces dernières forces dans la bataille, certes il est au bout de rouleau, mais il lui reste l’énergie du désespoir. Certes il est aveugle, mais il n’est pas muet, alors il va crier de toutes ses forces pour interpeler Jésus. Le fils de Timée interpelle le Fils de David ! Pourtant les « bonnes gens » qui gravitent autour de Jésus voudront le faire taire voulant faire de lui un muet, ajoutant par leur mépris un handicap de plus à cet homme !

En de pareilles circonstances on doit le dire : « seul un miracle pourrait le sauver ». Et Jésus cette fois encore va opérer un renversement de situation, il va changer la vie de Bartimée. Tout le nouveau Testament le proclame, là où Jésus passe, le mal trépasse, là où Jésus agit le bien se propage, l’exemple est suivi ! Jésus entend avec son cœur, au-delà du bruit et des empêchements que les hommes mettent entre Lui et les petits. En rendant la vue à Bartimée Jésus rend sa dignité d’homme, il le réintègre dans la société. En effet, au début de notre évangile, Jésus était avec de nombreuses personnes marchant sur la route et Bartimée était seul, assis au bord de la route. La rencontre de Jésus va tout changer, désormais Bartimée est intégré au groupe de Jésus : Aussitôt l’homme retrouva la vue et il suivait Jésus sur le chemin nous relate st Marc.

         Cette guérison est pour nous un modèle de l’évangélisation. Jésus va donner l’exemple qu’il voudrait voir imité par ses disciples, par son Eglise aujourd’hui. D’abord Jésus va s’arrêter près de Bartimée. Attention, il rejoint Bartimée mais il ne se met pas à son niveau. En effet, pour aider quelqu’un il faut s’intéresser à lui, mais pas se mettre à son niveau sinon on ne peut plus lui venir en aider. Je m’explique : si Jésus s’était assis à côté de Bartimée, comment aurait-il l’aider à se relever, et à le faire venir jusqu’à lui ? Première leçon d’évangélisation : rejoindre les gens là où ils sont, là où ils en sont, mais sans devenir comme eux et en restant soi-même !

Ensuite, Jésus aurait pu choisir de s’adresser directement à Bartimée, pourtant il va passer par son entourage leur disant :  » Appelez-le.  »  Et ceux qui voulaient faire taire Bartimée vont désormais l’encourager : Confiance, lève-toi ; il t’appelle ! En effet, Jésus l’a promis à son Eglise, il est avec nous, au milieu de nous jusqu’à la fin du monde. Là où se trouve l’Eglise, qu’importe qui est avec elle, elle porte en elle, avec elle Jésus son maître et Seigneur ! C’est donc au nom de l’Eglise que nous agissons, parlons et témoignons, non pas pour faire venir les personnes à nous, mais pour leur faire rencontrer le Christ vivant et désirant seulement les guérir et les aimer ! Avons-nous déjà osé, dire à nos proches, à quelqu’un qui nous confie ses épreuves cette simple phrase : « confiance, lève-toi, Jésus t’appelle ! ».

Enfin Jésus, pouvant rencontrer lui-même Bartimée que ses disciples lui ont présenté, s’entretient avec lui, reconnait sa présence, sa qualité de personne. Jésus ne décide pas à sa place, mais il lui demande ce qu’il veut. Jésus rend Bartimée responsable de sa propre vie, il lui propose non plus de subir son handicap mais de le prendre en main, de l’affronter dans la foi : Que veux-tu que je fasse pour toi ?  Cette phase de l’évangélisation est importante, il ne s’agit pas seulement de venir en aide aux personnes en leur donnant tout ce qu’il faut pour vivre, mais il faut leur permettre  de se construire comme personne responsable ! Il ne s’agit pas d’en faire des assistés mais d’en faire des fils et des filles de Dieu libres comme nous !

Puisse le Seigneur, par son Corps et son Sang qu’il nous partage, nous donner les forces nécessaires pour être dans le doyenné de Lons, des évangélisateurs à son image, attentifs aux autres, travaillant en l’Eglise et responsabilisant chacun ! Amen