homélie de la Toussaint

"Jesus gives the Beatitudes"Évangile de J-C selon saint Matthieu

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont  persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Costa les 3 Vertus théologales- Giavarini copy.jpg

les trois vertus théologales représentées dans une église Corse: de gauche à droite : la foi, l’espérance et la charité.

« Heureux !  » 9 fois ce mot d’ordre jaillit de la bouche de Jésus. C’est son message aux chrétiens de tous les temps, c’est l’invitation qu’Il fait à chacun de nous ce matin, en ce jour de Toussaint. En ces temps difficiles que traverse notre société et notre Eglise : crise morale, perte de confiance dans la parole des politiques et des institutions, fragilisations des liens sociaux, tentations du communautarisme, dissolution de notre culture occidentale, il peut vous sembler déplacé d’appeler au bonheur ; qu’un peu de réserve, de retenue serait plus à propos par ‘respect pour ceux qui souffrent du chômage, d’insécurité, de violence, d’un deuil, de maladie, etc…’. Pourtant je vous le redis à tous, heureux êtes vous d’être là ce matin, convoqués par le Seigneur pour le prier et le chanter en l’honneur de tous les saints, ses amis !

Oui, même si les temps sont difficiles il nous faut être témoins de la joie de Dieu, pour rendre à ce monde une foi solide en Dieu et en l’homme, pour faire grandir l’espérance de ce monde en la vie éternelle et enfin pour faire redécouvrir à ce monde l’amour brûlant de Dieu pour nous, cet amour dont il nous commande d’aimer tous les hommes et les femmes de notre temps. Voilà la triple mission de tout baptisé qui prend au sérieux l’appel à la sainteté.

Mais il me faut au préalable préciser que je parle ici comme prêtre catholique à des frères chrétiens. Ainsi, selon la tradition de l’Eglise, au jour de notre baptême Dieu nous fait don de 3 moyens pour grandir dans notre relation avec lui. Ces moyens portent le nom de Vertus théologales, elles se nomment : foi, espérance et Charité, c’est-à-dire amour. Les exercer, c’est emprunter le chemin du bonheur dans la sainteté. Ensemble, si vous le voulez bien, prenons ce chemin. Donc 3 points dans mon homélie.

1/ Un chrétien heureux devient saint en témoignant dans le monde de la foi qui l’anime. En exerçant la foi reçue à notre baptême, nous découvrons que tous les hommes sont à l’image et à la ressemblance de Dieu. Proclamer sa foi c’est donc redire à tous, mais d’abord à ceux qui nous sont proches, nos voisins, nos amis, les membres de notre famille, que Dieu les aime comme un Père. Et pour faire de nous ses enfants Il a envoyé son Fils Jésus, pour nous sauver et nous unir en une seule famille : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, …» proclame st Jean dans sa 1° lettre entendue dans la 2° lecture. Ainsi, la sainteté c’est redire à tous : parce que Dieu veut faire de toi son enfant bien aimé, aujourd’hui je te reçois comme mon frère, ma sœur, aujourd’hui tu es de ma famille !

2/ Un chrétien heureux devient saint en aidant le monde à lever les yeux, au-delà du monde visible vers éternité de Dieu. Le saint curé d’Ars, Jean-Marie Vianney le disait aussi avec ses simples mots quand il prêchait dans sa petite église « avec mes yeux de chair je peux voir jusqu’au fond de l’Eglise, avec les yeux de la foi je vois au-delà du temps, l’éternité de Dieu ! » Or nous espérons ce que nous croyons, ainsi, croire en la vie éternelle c’est espérer la vie éternelle! Et nous exerçons la vertu d’espérance dans ce monde en affirmant à nos proches et à tous les hommes que si nous sommes les enfants de Dieu, ce n’est pas pour ce monde seulement. Notre espérance c’est que nous devenions participant de sa nature divine. Jésus nous le dit comme une béatitude dans l’évangile : « heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! ». St jean le redit dans la 2ième lecture : nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. Et pour se préparer à voir Dieu après la mort, nous devons exercer notre regard sur nos frères et sœurs, voyant en eux le Christ se donnant à nous. Apprenons à voir en chaque humain, Dieu qui se donne à nous ! Notre Espérance, c’est qu’en vivant comme des imitateurs de Jésus dans ce monde nous ayons accès auprès de Dieu dans l’autre. Notre vie sur terre est une préparation à cette éternité. Dieu nous demande d’exercer dès maintenant le troisième don qu’il nous fait : la charité !

3/ un chrétien heureux devient saint en aimant, de l’amour même de Dieu, ce monde où il est envoyé ! Aimer le monde, certes, mais à la manière de Dieu. Et quelle est cette manière ? Écoutons les béatitudes : être doux, consoler ceux qui pleurent, être affamé de justice, pardonner : St Jean l’affirme dans sa 1ière lettre : « Il faut nous aimer les uns les autres : c’est le message que vous avez entendu dès le commencement »

Alors si nous revendiquons le beau nom de Chrétien, agissons comme tel : fiers de proclamer notre foi, espérant la vie éternelle avec Dieu et aimant dès ici bas nos frères, et tout cela jusqu’à trouver dans le mépris des autres et les persécutions de ce monde la vraie joie, celle des saints. Amen