Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
Ce jeudi, à Lons, en la fête de tous les saints, je vous proposais d’aider nos contemporains à regarder, au-delà des réalités de ce monde, la joie éternelle qui nous attend. La joie des saints et des anges qui chantent sans fin les louanges de Dieu et qui contemplent sans se lasser la gloire du Seigneur. Car telle est notre destination : non pas le néant mais la vie totale en Dieu. Et pour nous préparer à cette vie nouvelle, Dieu nous a donné, au jour de notre baptême, un triple moyen qu’on appelle les Vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité (l’amour). Il nous faut exercer au quotidien ces trois vertus pour nous entraîner au ciel.
En effet, en lisant la Bible, en étudiant les riches enseignements du Catéchisme de l’Eglise Catholique (qui est un fruit du Concile), nous proclamons notre foi, nous réaffirmons que le cœur de notre vie est Jésus Christ mort et Ressuscité pour nous. C’est ce que nous avons fait en célébrant la Toussaint : nous avons réaffirmé notre foi en un Dieu d’amour qui veut sauver tous les hommes et les rendre participant de sa vie divine, comme le sont déjà nos glorieux frères les saints.
En tournant notre regard vers le Ciel, nous espérons que cette vie divine nous sera donnée à nous aussi. Notre espérance, pour nous-mêmes, et plus encore pour nos défunts est de partager ensemble, avec les saints cette vie bienheureuse auprès du Seigneur. C’est cela que nous avons célébré Vendredi, jour de la commémoration de tous les fidèles défunts : nous avons exercé la vertu d’espérance, désirant pour eux et pour nous la vie éternelle.
Ce soir donc, pour achever de nous décrire les moyens que Dieu nous donne pour croire au ciel et désirer nous y rendre, l’Eglise nous présente des textes qui nous entretiennent de l’amour. En exerçant cette vertu dans le monde, nous nous préparons sérieusement à la vie éternelle ! Il semble même que l’exercice de cette vertu soit une obligation, un commandement, voir LE COMMANDEMENT : c’est en tout cas ce que dit Jésus dans sa réponse au scribe. Mais plus encore c’est l’une des dernières paroles qu’Il laissera à ses disciples : « je vous laisse un commandement nouveau, aimez-vous les uns, les autres comme je vous ai aimé ! ». Aimer est un commandement, une loi qui nous oblige ! En tout cas pour celui qui se revendique disciple du Christ !
Si nous relisons ensemble l’Evangile de ce matin, nous apprenons aussi que l’amour qui nous oblige a deux destinataires : Dieu et le prochain. Pas seulement Dieu ou seulement le prochain, mais les deux à la fois ! Et il s’agit même d’aimer Dieu et notre prochain du même amour, car en grec c’est le même mot qui est utilisé : agappè ! Or ce mot désigne l’amour de Dieu lui-même, c’est à dire l’amour dont Dieu nous aime !
Tout devient alors beaucoup plus clair : Dieu, au jour de notre baptême, nous donne son amour pour que nous puissions obéir à la loi en appliquant ces commandements. Dieu nous donne les moyens de l’aimer et d’aimer nos frères en déposant en nous sa capacité d’aimer ! Nous sommes capables, par un don de Dieu, d’aimer comme Dieu, d’aimer de l’amour de Dieu ! Ce qui nous paraissait être une contrainte n’est en fait que la pleine réalisation de notre être de baptisé : Nous sommes structurés, depuis le jour de notre baptême, pour aimer : nous sommes faits pour ça : alors aimons de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force ! Notre amour nous rappelaient les béatitudes devient visible par notre douceur, notre soif de justice, de paix et notre désir de pardon, etc.
Pourtant, nous devons faire un double constat ensemble : d’abord ce n’est pas simple d’aimer car on risque d’être rejeté, voir de souffrir ! Ensuite on se dit tous : moi je n’arrive pas à aimer mes ennemis ou ceux qui me veulent du mal, etc. ! C’est là qu’il faut opérer un éclaircissement : Dieu ne vous appelle pas à faire de vos ennemis vos meilleurs amis, leur mettant une tape amicale dans le dos (ça c’est l’amour d’amitié), ni même d’en faire vos maris ou vos femmes (ça c’est l’amour conjugal), mais seulement de les aimer comme Lui les aime. Et cela signifie donc de prier pour eux, d’offrir à Dieu le Père, pour leur conversion, les souffrances qu’ils vous provoquent, comme le Seigneur Jésus offrit sur la croix, les souffrances que provoque notre péché, pour notre salut! Aimer ses ennemis c’est pousser le même cri vers le Père que Jésus sur la croix : « pardonnes-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! ».
C’est cela que nous célébrons dans l’Eucharistie : l’offrande de toute notre vie, de toutes nos souffrances, nos peines et nos joies pour que Dieu en fasse le bon pain de son amour dans le monde ! Alors cette semaine, devenez, pour tous vos prochains le pain d’amour de Dieu ! Amen