Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Pilate appela Jésus et lui dit :
« Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara :
« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
Pilate lui dit :
« Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »
Pour réaffirmer le règne du Christ sur toute la Création dans un monde occidental positiviste et scientiste, le pape Pie XI institua la fête du Christ Roi en 1925, et proposa de la célébrer à la fin du mois d’octobre. En 1969, lors de la réforme liturgique, il a été décidé de la déplacer au dernier dimanche de l’année liturgique, c’est à dire ce dimanche. Pourquoi ce changement ? La volonté de l’Eglise était non seulement d’affirmer le règne du Christ sur toute création, mais plus encore de tourner notre regard vers les fins dernières, de susciter en nos âmes et en nos cœurs le désir d’acquérir, fusse au prix du martyr, la citoyenneté du Royaume des cieux dont notre Seigneur Jésus est l’éternel souverain. En pèlerinage sur la terre, en exerçant dès ce monde les vertus de foi, d’espérance et de charité, les chrétiens cheminent vers la patrie céleste, la Jérusalem d’en haut terme de notre marche et plénitude de notre vie. Vivant en ce monde dans l’obéissance au Christ nous devons lever les yeux vers cette Patrie en gardant en nos cœurs et devant nos yeux les superbes images décrites dans l’Apocalypse de Jean. C’est cela même que nous demanderons tout à l’heure dans la prière de communion : « Nous mettons notre gloire à obéir au Christ Roi de l’univers, fais que nous puissions vivre avec lui, éternellement, dans la demeure du ciel ». Cette royauté du Christ qui nous attend commence déjà dans ce monde. Ensemble découvrons-en les caractéristiques très particulières :
D’abord dans la 1ière lecture, Daniel décrit le roi qui vient comme un Fils d’homme à qui est donné domination, gloire et royauté. Ce Fils d’homme est évidemment le Christ à qui le Père donne tout pouvoir. Seul celui qui est pleinement Dieu et pleinement homme pouvait régner comme au ciel sur terre. C’est pourquoi, Daniel en affirmant que tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent annonce que le Christ vient faire l’unité du genre humain. Tout homme devant Dieu a la même valeur et la même mission : servir le vrai Roi, le Christ notre Seigneur. En quelques sortes en régnant sur tous les hommes le Christ fait de tous les hommes des frères !
Ensuite dans le psaume92 que nous avons lu il est écrit : Le Seigneur est roi, le Seigneur a revêtu sa force. Et la terre tient bon, inébranlable. Ainsi, la royauté du Christ s’étend au-delà des hommes à toute la création. C’est même, selon le psaume la force de la royauté de Dieu qui permet à la terre de tenir solidement. On ne peut pas séparer la création de son Créateur ! C’est Dieu le Père qui donne la vie et l’être à toute chose. De ses bras ouverts jaillissent le Fils et l’Esprit, ses deux mains, par lesquels Il façonne le monde et le tient dans la cohérence et l’unité. Notre monde, jusqu’à la fin des temps est une œuvre et une conséquence de l’amour de Dieu. C’est l’amour qui circule entre le Père, le Fils et L’Esprit qui tient l’univers et lui donne sens !
Puis dans l’Apocalypse, nous avons entendu que Jésus Christ, le prince des rois de la terre…. a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. Jésus est donc le véritables modèle de l’exercice du pouvoir, un modèle qui repose sur le service de tous, en vue du bien commun et sur l’amour de tous jusqu’au don de sa propre vie. Tel furent st Louis, le Bienheureux Charles d’Autriche Empereur au début du XX°s qui, jusque sur son lit de mort, répétait la devise de toute sa vie : « Je m’engage toujours, en toutes choses, à connaître le plus clairement possible la volonté de Dieu et à la respecter, et cela de la manière la plus parfaite ». On peut citer aussi Robert Schumann l’un des pères de l’Europe et le Roi Baudouin des Belges à la fin du XX°s, l’un et l’autre étant pressentis à la béatification. Certes tous les hommes sont appelés à intégrer le Royaume de Dieu, mais c’est leur réponse personnelle qui les fait citoyen des cieux. Et notre réponse est donnée en accueillant en nous Jésus mort et ressuscité, en faisant de notre vie une liturgie et de nos actes une prière d’action de grâce à la gloire de Dieu et pour le salut du monde.
Enfin dans l’Evangile, le Christ donne cette réponse à Pilate : C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Jésus associe sa royauté au ministère de la Vérité. Être roi avec le Christ c’est donc proclamer et faire connaître la vérité qu’il est venu révélée à tous : Nous sommes fait pour Dieu, créés par lui, sauvés par son Fils, saisis par l’Esprit Saint pour devenir les pierres vivantes du Royaume qui vient. Le ciment de ce Royaume c’est l’Eucharistie, qui lie ensemble l’Eglise du ciel et celle de la terre. Célébrons-là maintenant, qu’elle fasse de nous la lumière du monde. Amen