Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. » Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Le peuple était en attente nous rappelle saint Luc dans son évangile. Ainsi aujourd’hui comme au temps de Jésus, beaucoup attendent des changements dans leur vie, dans la vie de leur cité, de leur pays. Au temps de Jésus on attendait un messie, tantôt roi libérateur d’une terre promise occupée depuis trop de siècles par diverses puissances régionales, tantôt grand-prêtre qui rétablirait le culte d’autrefois au Dieu vivant et vrai. Aujourd’hui encore, les événements du dernier mois avec les manifestations des gilets jaunes, des lycéens et de ceux qui les soutiennent démontrent que de nombreuses personnes attendent aussi une libération de la pression fiscale, des moyens de vivre, une reconnaissance, un apaisement face aux peurs de déclassement et de dilution culturelle qu’engendrent le changement de notre société de plus en plus mondialisée et multiculturelle.
Au temps de Jésus comme au nôtre, face aux incertitudes et aux doutes beaucoup interrogent leur mode de vie et cherchent à lui donner un nouveau sens. Au temps de Jésus les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » : le baptême était perçu par eux comme un geste qui exprime leur désir de changer de vie. A notre époque encore de nombreuses personnes déçus du matérialisme érigé en religion et du rationalisme devenu l’unique mode de pensée, sont désormais des âmes affamées. En effet ces derniers cherchant le bonheur et la joie ne trouvèrent finalement que le bien-être et le plaisir. Alors certes leur corps et repus et reposé, parfois leur intelligence est satisfaite, mais très souvent leur âme est quasi éteinte en eux. Il leur manque une dimension, Ils n’ont plus d’épaisseur d’âme, mais seulement celle du portefeuille.
Alors ceux-ci aussi se questionnent « que devons-nous faire », pour trouver le vrai bonheur et vivre de la vraie joie, pour devenir pleinement nous-mêmes ? Leurs désirs d’une vie plus cohérente les mènent souvent aux rives lointaines des spiritualités orientales, vers l’islam et parfois vers des sectes. En tout cas les unes et les autres proposent des réponses à leurs questions. Et, la nature ayant horreur du vide, ils les reçoivent et parfois adoptent l’une de ces religions. Et c’est là que nous devons, chrétiens réentendre l’invitation du prophète Isaïe : proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! » Redites-le : « Sublime est son nom ! En effet, nous devons être capables de leur répondre et de leur faire des propositions, car ce qu’ils cherchent ce n’est rien d’autre que le grand trésor que recèle l’Eglise : le Christ, vrai Dieu et vrai homme, venu partager notre humanité pour nous offrir sa divinité.
Ce qui fit le succès de l’enseignement du Christ il y a 2000 ans et qui est encore sa force aujourd’hui, c’est qu’il s’adresse à tous les humains en vue de construire une grande fraternité universelle. Les textes de ce « dimanche de la joie » nous révèlent même ce que nous pouvons dire à ceux qui cherchent Dieu :
1/ Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Dieu s’est fait homme en Jésus pour te libérer de la mort et du péché et sur la croix il a neutralisé la mort, notre dernier ennemi !
2/ Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Dieu s’est fait homme en Jésus pour venir à ta rencontre, pour faire alliance avec toi, pour que tu ne sois plus jamais seul sur les chemins de ta vie. Son désir est de vivre en toi, de te saisir de sa joie en te renouvelant par son amour.
3/ Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes : Qui accueille Jésus dans sa vie, vit de Lui, vit comme Lui. Ainsi, comme Jésus, portons toujours un regard positif et plein d’amour sur chacun de ceux que nous rencontrerons.
4/ en toute circonstance, priez et suppliez : la relation avec Jésus exige d’être entretenue car la joie de la foi peut vite se perdre ou se transformer en routine et l’on peut vite oublier de quel amour nous sommes aimés ! Il faut aussi, parce que nous sommes infiniment aimés, porter le monde entier dans notre prière. La vie d’un chrétien est de se tenir devant Dieu dans la prière pour lui présenter le monde entier !
5/ partager avec celui qui n’a pas ; N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. ; Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. En ces temps de grands enjeux écologiques la force de notre message et de notre témoignage chrétien réside dans notre joie à vivre une vie fraternelle, sobre et paisible en œuvrant à édification d’une société plus juste, plus équitable et solidaire.
Ce dimanche donc, l’Eglise par les textes de l’Ecriture et la couleur liturgique rose, nous invite à vivre de la vraie joie et à en témoigner. Ce matin donc prenons chacun l’engagement d’inviter une personne de notre entourage qui est en recherche de sens à sa vie à venir rencontrer et accueillir le Sauveur lors des fêtes de Noël. Amen