homélie en la fête de la Sainte Famille

Boy Jesus in the Temple (Christ in the Temple)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume. À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher. C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.  Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les homme

 

Comment la fête de la sainte famille est-elle née? Pour le savoir faisons d’abord un peu d’histoire. En effet, jusqu’ au XVI°s le mot ‘famille’ désignait outre les deux parents et leurs enfants, toute la parenté, même les serviteurs. Ce n’est qu’à la fin du XVI°s que la famille prit son sens moderne : père-mère-enfants. Et c’est à la même époque que l’Eglise, prenant conscience de la fonction sociale des familles chrétiennes et de l’œuvre de sanctification qui s’opérait par elles, offrit la sainte famille comme exemple de vie familiale à toutes les familles chrétiennes. Mais ce n’est qu’en 1921 que la fête de la Sainte Famille, telle que nous la fêtons ce soir, fut instituée par l’Eglise.

Ensuite établissons un distinguo important. La famille a pour fondation le couple. C’est-à-dire qu’une famille se créé à partir de l’union, scellée à la mairie puis à l’église, d’un homme et d’une femme. Chacun, et en premier lieu, dans sa différence sexuelle, vient compléter ce qui manque à son conjoint pour établir solidement avec lui (elle) un cocon capable d’accueillir la vie qui naîtra de cette différence. L’enfant qui est accueilli dans de telles conditions saura quelles sont ses origines et la double histoire (filiation) dans laquelle il s’inscrit. Une double histoire biologique et culturelle.

Et ce qui vaut pour toute famille vaut aussi pour la sainte famille. Ainsi, pour garantir à Jésus son fils une famille stable, Dieu décide de s’incarner dans la chair de Marie, de naître biologiquement d’une femme promise en mariage à un homme, Joseph. En demandant à Joseph d’assurer le rôle de père auprès de Jésus, Dieu inscrit Jésus dans l’histoire du peuple élu, il lui procure d’être pleinement descendant du roi David. Cela permet également à Jésus d’avoir une vie sociale stable ainsi que l’apprentissage d’un métier ; car Jésus comme son père Joseph sera charpentier ! Grâce à la complémentarité entre Marie : femme et mère et Joseph : homme et père, l’évangéliste Luc peut écrire : Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

Enfin, il faut souligner l’audace de l’Eglise de lier les deux mots Sainte et Famille, voilà deux termes que beaucoup, peut être même dans notre assemblée ne colleraient pas ensemble. Pour certains, la famille, grâce à des parents unis et complémentaires fut un petit paradis où il faisait bon vivre et grandir, pour d’autre ce fut un lieu de tristesse et d’inachevé à cause de l’absence physique ou morale d’un des parents, pour d’autres encore ce fut un lieu de combat et de souffrance à fuir. Mais à tous, la sainte famille est donnée en exemple et nous conduit à regarder la famille comme un lieu de sanctification.

1/La famille nous sanctifie en étant le lieu d’apprentissage de la sociabilité : La vie en société commence dans la famille proche pour s’étendre à tous les autres membres de la société. Si nous avons été élevés dans le respect des personnes et des choses, dans le sens du partage et de l’écoute, nous utiliserons aussi ces valeurs dans la société. Comme on a vu faire chez soi, on fait à l’extérieur ! Ainsi un garçon construira sa paternité en l’appuyant sur l’expérience vécue avec son père et une fille construira sa maternité en l’appuyant sur l’expérience vécue avec sa mère. On sait déjà tous les ravages que provoque, dans l’élaboration psychologique, l’absence de l’un des deux parents, signe criant du manque d’altérité véritable.

2/La famille nous sanctifie aussi en étant le lieu de l’apprentissage de la foi et de la spiritualité. Ainsi en est-il de la sainte Famille : Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume. Le concile Vatican II dans la constitution Lumen Gentium au N°11 affirme que dans la famille qui est une sorte d’Église domestique, il convient que les parents, par leur parole et leur exemple, soient pour leurs enfants les premiers prédicateurs de la foi, et qu’ils soutiennent la vocation propre de chacun. C’est souvent, sur les genoux de nos parents ou en priant le soir avec eux, que nous avons découvert qui est notre Dieu et le souci de porter devant lui, dans l’intercession tous les membres de nos familles et toutes les personnes souffrant dans le monde. Un jour un homme m’a dit qu’il avait compris la grandeur de Dieu quand il avait vu, à la prière du soir, son père se mettre à genoux ! De même combien ont compris la douceur de Dieu en apprenant à prier dans les bras cajolant de leur mère !

Comme le rappelle st Jean dans sa 1ière lettre, si nous vivons en famille et en Eglise, en mettant notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et en nous aimant les uns les autres comme il nous l’a commandé, alors quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui.

Ainsi, en ces temps troublés où sont érigés comme nouveaux modèles familiaux des structures humaines qui n’en sont pas, prions le Seigneur, qu’Il nous donne le courage, par la joie du témoignage, de révéler au monde ce qu’il y a de grand et d’unique dans le modèle familial traditionnel pour bâtir une société plus juste et plus fraternelle. Amen