homélie du baptême du Seigneur

lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.

A quoi cela sert-il d’être baptisé, qu’est ce que ça change dans la vie ? On peut légitimement se poser la question quand, d’une part, peu d’enfants sont désormais baptisés et que d’autre part la plupart de ceux qui le sont ne vivent pas selon les exigences du baptême qu’ils ont reçu.  On pourrait aussi inverser les choses en remarquant que des non baptisés paraissent vivre parfois d’une manière plus évangélique que des baptisés pratiquants. Ce que j’exprime là est un constat qu’on me partage souvent et qui est vrai.

C’est que le baptême n’est pas la même chose pour tous. J’entends par là que des personnes ne donnent pas la même définition du baptême. Ainsi, pour certains le baptême est le minimum vital pour garantir plus tard (et même beaucoup plus tard) le droit de se marier à l’Eglise (ce sera alors la deuxième fois qu’entreront dans une église ceux qui sont concernés,). Pour d’autres il s’agit de placer leur enfant sous une bonne étoile, une sorte d’assurance vie spirituelle, comme si le baptême vous assurait de ne pas souffrir ou d’être malade, de ne pas mourir trop tôt ou de bénéficier d’une chance extraordinaire,  de gagner au loto, etc…pour d’autres encore, le baptême est un acte d’assimilation à une culture dont les soubassements sont crypto-chrétiens. Pour ceux-là le baptême est l’entrée « dans la famille des chrétiens » laquelle ne vit que de « valeurs » qu’on peut vivre et trouver partout ailleurs : partage, tolérance (entendez indifférence aux autres), service et amour des autres.

Il y enfin ceux pour qui le baptême est une plongée dans la mort et la résurrection du Christ, lequel donne, par l’Esprit Saint qui vient habiter le cœur du baptisé, la vie divine et les trois vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité pour vivre en chrétien. Ceux-là saisissent que le baptême est une étape, « le pont que Dieu construit entre l’homme et lui pour permettre à l’homme d’accéder à Lui. » comme le dit Benoit XVI. Pour eux le baptême est autant pour ce monde que pour le monde nouveau qu’il sème en nous. Car le baptême nous transforme définitivement en fils et fille de Dieu, en frère et sœur de Jésus, en Temple de l’Esprit Saint.

Le baptême n’est pas un acte isolé dans une vie de foi, mais l’acte par lequel Dieu ouvre la source jaillissante de la vie éternelle dans nos vies, Paul écrit à Tite dans sa lettre : « Par le bain du baptême, [Dieu le père] nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. …afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. Cette source doit sans cesse irriguer nos pensées, nos paroles et nos actions quotidienne. C’est ce qu’écrit saint Paul à Tite : « [la grâce de Dieu] nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, ….Car [Jésus Christ] s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. »

Le baptême est donc, selon la foi catholique « le fondement de toute la vie chrétienne, le porche de la vie dans l’Esprit et la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l’Eglise et faits participants à sa mission » (CEC 1213)

Mais rien n’est magique ! Les baptisés doivent toujours de nouveau apprendre à vivre comme tels (Exemple d’Aurélien). Alors posons-nous humblement la question, dans quel état est la source d’eau vive de mon baptême ? Est-elle un peu croupie à cause de mon comportement parfois ou souvent peu évangélique? Est-elle un peu ou beaucoup obstruée par mon péché ? Est-elle asséchée par mes négligences spirituelles, ou mon oubli de Dieu ? Est-elle polluée par des idées ou des opinions « du monde » qui sont contraires à la foi chrétienne et à l’amour du en vérité au prochain ?

Le CEC rappelle que notre baptême est la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Or, souvent comme on vit son baptême on vit les autres sacrements…. Je ne cherche pas tant à vous faire des reproches qu’à vous faire réfléchir. Ainsi, par ce que je dis, ce que je fais, ou laisse voir de ma foi, est-ce que je donne  raisons à ceux et celles dont je parlais au début de mon homélie ou alors est-ce que j’essaie d’être participants de la mission de l’Eglise ? A chacun dans le silence qui vient de faire le point et à humblement demander à Dieu les grâces pour vivre pleinement et joyeusement son baptême afin que Dieu trouve sa joie en lui, comme en son fils. Amen