homélie du 5° dimanche ordinaire C

Le SACRÉ dans l'Évangile. Ch I : Le Sacré (première ...Lecture du livre du prophète Isaïe

L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. Je dis alors : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

Pêcheurs d'hommes - SERAPHIMÉvangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

A la lecture de ces textes nous découvrons que des hommes et des femmes bien disposés à écouter Dieu et à lui faire confiance, peuvent entreprendre des choses extraordinaires. Avec quelques bonnes volontés humaines, Dieu a embrasé le monde de son amour et fait connaître partout sa Bonne Nouvelle. Voilà une grande espérance pour notre temps où il nous semble que les ouvriers de l’évangile vieillissent ou disparaissent. Regardons ensemble les quatre étapes de cette rencontre fructueuse entre Dieu et les hommes.

1/ Que l’homme reconnaisse sa faiblesse face à Dieu. Quand Dieu, l’infiniment grand et l’absolument saint vient à la rencontre des hommes, ceux-ci perçoivent leur petitesse et leur finitude. Ils mesurent l’écart qu’il y a entre eux et Dieu, et cet écart tient avant tout à leur état de pécheur. Ils mesurent le poids de leurs péchés face à celui qui est parfaitement pur. Telles furent les réactions d’Isaïe et de Pierre. Dans la 1ière lecture, Isaïe se rendant compte de son péché, s’écrie : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, … et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers !». Quant à Pierre dans l’Evangile, il « tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » » Si en présence de Dieu, les pécheurs font l’expérience de leur médiocrité, je dois alors m’interroger : est-ce que je me présente devant Dieu avec mes propres faiblesses, est-ce que je reconnais devant lui ma médiocrité ? Car c’est en reconnaissant leurs faiblesses devant Lui que les hommes permettent à Dieu d’agir en eux. C’est la seconde étape.

2/ Dieu relève l’homme de sa faiblesse. Lorsque Dieu vient rencontrer les hommes, Il ne veut pas les écraser ni les humilier, mais seulement qu’ils reconnaissent leurs faiblesses pour pouvoir les aider et leur donner ce qui leur manque. Le plus grand désir de Dieu est de hisser l’homme jusqu’à Lui pour avoir avec Lui un dialogue en vérité. Ainsi dans la 1ière lecture Isaïe raconte que l’un des séraphins vola vers lui tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de sa bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné.» La miséricorde de Dieu ouvre la bouche du prophète Isaïe qui pourra désormais dialoguer avec Dieu. De la même manière dans l’évangile, pour relever Pierre et ses compagnons abattus par une mauvaise pêche, Jésus parle, il les inviter à avancer au large et à jeter les filets. Jésus en révélant sa puissance restaure Pierre dans sa capacité à être pêcheur (de poisson !).

C’est la même chose pour chacun de nous. Quand nous sommes au plus bas, Dieu nous adresse une parole qui nous relève. Quelle est la Parole de Dieu qui me relève et me fait repartir dans ma vie de foi ?

3/l’homme devient alors un partenaire de Dieu. Relevé par Dieu, l’homme devient celui par qui Dieu peut réaliser sa volonté. Dieu n’a pas besoin de nous, mais Il nous rend nécessaire à son projet de Salut. Il nous missionne pour le salut du monde. Ainsi Isaïe s’entend-il poser par Dieu cette question : Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? De même Jésus donne-t-il à Pierre une nouvelle mission : Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Enfin ; de sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas, Paul deviendra apôtre, il le dit lui-même dans la 2ième lecture : je suis le plus petit des Apôtres. C’est Dieu qui nous révèle notre vocation personnelle, la mission qu’Il veut que nous réalisions pour lui. Ainsi, me suis-je déjà demandé ce que Dieu attendait de moi ? Lui ai-je déjà demandé : Maître, que veux-tu que je fasse ?

4/la vie des hommes, saisie par la grâce de Dieu porte beaucoup de fruits. Le premier fruit et l’audace du « oui » à la mission que Dieu veut nous confier. Cette audace permet à Isaïe de répondre à Dieu : Me voici : envoie-moi ! Elle permet à Pierre et à ses amis de ramener les barques au rivage et, laissant tout, de suivre Jésus pour des pêches à l’homme surabondantes. Enfin Paul dans la 2ième lecture l’affirme lui-même : ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi.

Par le « oui » de nos glorieux prédécesseurs, le « oui » de tous les saints depuis 2000 ans, l’Evangile est parvenu jusqu’à nous, a été vécu par des milliards de chrétiens. Dieu a besoin de mon « oui » aujourd’hui pour que son Evangile traverse le troisième millénaire. Aurai-je l’Audace de le lui dire ? A la communion, oserai-je dire au Seigneur « me voici : envoie-moi ! » pour que ma vie porte de vrais bons fruits, pour que l’Evangile soit connu et qu’il sauve le monde ? Amen