Le doyenné de Lons participe au débat national

le mardi 12 février 45 paroissiens du doyenné de Lons se sont retrouvés à l’Espace Saint Désiré, rue des écoles, pour débattre autour des 5 questions proposées par la conférence des évêques de France. Cette soirée animée par les délégués pastoraux a été à la fois bienveillante et respectueuse des opinions de chacun. Un bon climat d’écoute a régné durant tout le temps des échanges.

Je vous livre là le fruit des débats (merci à Joëlle Fabry pour la prise de note et la rédaction de ce qui suit!!) :

Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?

 D’une part des défaillances gouvernementales :

  • Plutôt que l’augmentation du pouvoir d’achat, il y a le souhait de pouvoir vivre / Une partie de la population ne peut pas vivre du fruit de son travail ce qui provoque une rupture sociale et mène à la casse. / Société de plus en plus inégalitaire. / La retraite ne permet pas de payer son propre EPAHD
  • Abandon du monde rural: il n’y a plus d’industrie, de services / La taxe sur le diesel a fait explosion dans la population. Mais les plus pauvres (SDF…) n’ont pas les moyens de se révolter : on ne les voit pas sur les rond points
  • Mépris du gouvernement qui provoque la haine / Ne pas être entendu. Malaise très profond / Les décisions viennent de trop loin / Mauvais exemple de nos élites
  • Les élus entendent ce qu’on leur dit mais ne prennent pas les décisions. Il y a un problème de communication avec le gouvernement, de représentation
  • Centralisation des décisions. / Non-respect de l’expression du peuple
  • Avant, on adhérait à un parti, un syndicat, une association. Sans cet intermédiaire, il est difficile de se faire entendre.

D’autre part l’angoisse face au monde qui change et un comportement individuel inadapté :

Tout découle de l’oubli de Dieu :

Oubli du bien commun /Individualisme / Manque de responsabilité (exemple dans les foyers monoparentaux, ou les femmes se retrouvent seules avec leurs enfants)

Il y a un paradoxe entre mécontentement et une aide sociale la plus importante en Europe

Angoisse face à la mondialisation, au monde qui change / Angoisse face à l’Internet obligatoire pour tout service administratif

Manque de confiance dans les marchés financiers

Manque de cohésion sociale.

2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?

Proposition de « votation » comme en Suisse et une meilleure représentation des différentes sensibilités.

Pour prendre une décision politique, il faudrait la comprendre et prendre le temps. / il faudrait une éducation citoyenne dans les écoles.

Une meilleure répartitions des décisions : laisser ce qui est régalien au niveau gouvernemental, tout le reste dans les régions, supprimer les département et faire des mairies de la tailles des anciens cantons. Cela supprimerait le flou des compétences de chacun/ Dans le mille-feuille administratif veiller à ce que les uns ne défassent pas ce que font les autres. Cela diminuerait la lourdeur administrative, la pléthore de fonctionnaires (c’est un fonctionnaire qui le dit !). Mais supprimer les maires des petites communes c’est supprimer l’écoute.

Notre démocratie est participative par le vote or il y a de moins en moins de votants. Il est facile de critiquer mais plus difficile de s’engager. Reconnaître le vote blanc, oui, mais si le vote devient obligatoire.

Les gilets jaunes ont pris la parole, ils font de la politique ; des associations qui s’adressent à leurs élus reçoivent une réponse adéquat. Quand on agit avec conviction on peut avoir une influence.

Concept de subsidiarité : chacun prend sa part des décisions : répartition des compétences : rapproche les lieux décisionnels des citoyens et évite l’éloignement des lieux de pouvoir (si les compétences sont concurrentes)

3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?

 Les syndicats sont les meilleurs corps intermédiaires. Mais les salariés sont peu syndiqués. Les employeurs ont peur des syndicats, mais pas tous. Les syndicats ont perdu de leur influence parce que trop politisés. Mais ils font de la politique hors partis

Les associations comme l’action catholique qui est une bonne école pour oser prendre la parole. On y apprend à avoir un esprit critique positif.

Les médias ne sont pas un corps intermédiaire mais ils ont un pouvoir très important. On aimerait plus de bienveillance, plus de déontologie

 4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?

 Qu’est-ce que le « bien commun » ? C’est ce qui intéresse la vie de tous, comme l’ensemble des conditions sociales. / c’est la terre, l’écologie / l’interaction des uns sur les autres. Cela s’apprend à l’école : les jeunes doivent être fiers d’être français. / L’exemple des adultes est important pour les jeunes. Mais il ne faut pas confondre patriotisme et nationalisme

Le bien commun, c’est le droit à la santé, l’éducation, la formation, respects des droits de l’homme qui sont mis en péril par des considérations comptables.

L’avenir est bouché. Heureusement il y a l’Europe. C’est un bien considérable de vivre en paix en Europe : c’est l’avenir de nos enfants et petits enfants qui se sentent européens avant tout (mariages mixtes). L’Europe a une place politique mais ne doit pas se substituer aux nations : lui redonner son but premier qui est un environnement de paix et de prospérité.

Mais nous avons individuellement des devoirs envers le bien commun : la prise en charge de nos familles, nos voisins seuls. / vivre en paix avec son voisinage. En tant que chrétiens, notre regard est tourné vers les autres. Nous avons à changer nos façons de vivre (plus respectueuses de l’environnement)

 5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?

 Le changement demande du temps. Or les dirigeants sont là pour un temps court. Faut-il savoir être patients ?

La crise des gilets jaunes a donné la parole à la population rurale, dans les « territoires ». Quand tout va trop loin il y a des gens pour le dire.

Il y a une crise existentielle de notre société : nous avons tout matériellement mais cela ne fait pas notre bonheur. C’est la découverte de jeunes qui sont allés porter leur repas à des personnes âgées. Dans ce geste, ils ont trouvé la JOIE.

Nos raisons d’espérer sont dans notre comportement : utiliser les circuits courts, créations de bassins de vie comme les « vendéopoles » (habitat, crèches commerces pour limiter les déplacements) ; avoir une attitude respectueuse vis à vis de l’étranger, de celui qui est « différent ».

Dans notre histoire, nous avons vécu des choses beaucoup plus difficiles que maintenant : insuffler aux jeunes qu’on peut s’en sortir. Quand on fait des actions solidaires nos enfants en profitent cela les dynamise.

Trois mots apportés par nos papes successifs résument ce qui a été dit ce soir :

DIGNITÉ HUMAINE – SUBSIDIARITÉ – SOLIDARITÉ.