Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’
Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. C’est ainsi que s’achève la deuxième lecture que nous venons d’entendre, tirée de la première lettre aux Corinthiens. Cette mise en garde de st Paul vaut pour tous les domaines de notre vie. Se croire solide c’est croire que tout repose sur soi, que tout dépend de soi. C’est croire qu’on est à soi seul la pierre angulaire sur laquelle notre vie est bâtie. C’est en quelque sorte croire que l’on est tout puissant et immortel ! Se croire solide c’est mettre notre égo à l’égal de Dieu ! Et vous savez tous que c’est ainsi que la chute arriva quand Adam et Eve se prirent pour Dieu !
Les dangers qui mènent à la chute sont multiples, les textes entendus ce dimanche en soulignent 3 et nous donnent les moyens de les combattre.
1/ croire que l’on peut cacher des choses à Dieu. Je me dis souvent que si notre souci de paraître juste et vrai devant Dieu était égal à notre souci de faire bonne figure devant les autres hommes, devant notre conjoint, alors nous serions déjà rendus au Paradis! A chacun de nos actes, à chacune de nos décisions, nous nous disons : ‘que vont en penser mon conjoint, mes voisins, ma famille, mes amis, mon patron, mon curé ?’Car nous portons tellement plus d’intérêts à ce que les hommes pensent de nous plutôt qu’à ce que Dieu pourrait en penser.
Pourtant, Dieu qui se présente à Moïse dans la 1° lecture comme « je suis » c’est-à-dire celui qui donne l’existence à toute chose, est toujours au fait de toute notre vie, car Il en est le créateur. Mais si Dieu s’intéresse à notre vie ce n’est pas pour la juger, ni pour l’épier, mais pour nous permettre de l’orienter vers le bien, le beau et le vrai, c’est-à-dire de la diriger vers Lui. Au Sinaï Moïse découvre que Dieu s’intéresse aux hommes, il a souci du peuple qu’il a choisi pour faire alliance, jusqu’à dire : Je suis descendu pour le délivrer.
Un remède : prendre conscience du souci de Dieu pour chacun de nous, de sa présence à nos côtés à chaque moment de notre vie, pour vivre plus intensément selon sa loi d’amour et non selon l’opinion des gens.
2/ croire que l’on peut se sauver tout seul. Quand nous avons des ennuis ou quand nous traversons des épreuves bien souvent (et les hommes surtout !!) nous essayons de nous en sortir tout seul, sans l’aide de personne et même en faisant toujours bonne figure devant les autres (cf. cas N°1 précédent). Et ce qui vaut pour les affaires courantes vaut aussi pour notre salut éternel ! Ainsi nous pensons qu’il est juste une affaire entre Dieu et nous et que nous pourrons au ciel entamer une petite négociation « d’homme à homme » ou plutôt « d’homme à Dieu ! ».
Seulement nous vivons toute notre vie en communauté (conjugale, familiale, paroissiale, associative, en collège ou lycée, en entreprise, etc.) et nos problèmes et nos épreuves concernent et touchent plusieurs personnes et nos vies sont imbriquées les unes dans les autres, reliées et dépendantes les unes des autres.
Remède : ne jamais hésiter à appeler les autres à l’aide, à demander l’avis d’amis, à consulter des personnes compétentes pour dénouer des tensions et résoudre des crises, à célébrer le sacrement du pardon pour recevoir la force de Dieu qui pardonne et relève. Et pour ce qui concerne notre salut à tous, le remède est simple, gardons toujours en mémoire cet enseignement de Jésus « ce que vous avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait ! ». C’est notre amour et notre service des autres qui nous sauvent, ce sont les pauvres que nous avons aidés qui nous accueilleront en paradis.
3/ se croire incapable de progresser spirituellement. On imagine parfois qu’on a atteint un palier spirituel, que l’on a plus rien à découvrir de la foi et un certain ennui nous gagne : le Christ devient un simple produit spirituel consommable parmi d’autres, on est toujours à dire que la messe dure trop longtemps, qu’on est pas obligé d’y aller, que la prière ne sert à rien, qu’on n’a pas le temps de rendre service, de faire une visite ou d’aider les plus pauvres, alors qu’on prend toujours le temps des loisirs, du sport ou de la télé! Mais si cela désespère votre curé, Dieu reste un indéfectible optimiste, comme les paroles du psaume et texte de l’Evangile le mettent en lumière : on y apprend que le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Et que cet amour est l’engrais qu’il verse abondamment au pied du figuier parfois stérile de notre vie spirituelle. Le Seigneur demande aux prêtres de son Eglise de bien vouloir être le jardinier de son peuple. Ce matin encore je vais m’exécuter, offrant par mes mains, l’unique engrais nécessaire à notre croissance spirituelle : le Corps du Christ. Amen