vous avez été nombreux à réclamer cette homélie d’Armand N’Diaye …
la voici la voilà ! bonne méditation à tous.
HUITIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE -C-
Ouverture : « Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut, d’annoncer dès le matin ton amour, ta fidélité, au long des nuits. »
Oui, Frères et sœurs dans la foi,
C’est un Dieu plein d’amour qui nous accueille en ce jour ; un Dieu qui nous ouvre larges ses bras pour nous serrer tout contre son Cœur !
Alors, comme le psalmiste nous y invite, laissons éclater notre joie d’être aimés, chantons les merveilles de notre Dieu qui est tendre et miséricordieux !
Chers fidèles croyants,
Je vous avoue qu’en préparant cette petite méditation que je m’en vais vous partager, j’ai parcouru mon bureau dans tous les sens, implorant la grâce de l’Esprit Saint afin qu’il m’éclaire sur ce que je pourrai vous dire, en ce jour…
Et là, après avoir lu et relu les textes de la Parole de Dieu que nous venons d’écouter, m’est venue à l’idée un sujet bien triste et combien douloureux qui a secoué et continue d’ébranler l’Eglise et ce, jusqu’au plus profond de sa foi : le sujet de la pédophilie dans l’Eglise…
Oui, frères et sœurs, qui de nous n’a pas été ébranlé, secoué au plus profond de son être par ces terribles et horribles révélations ? Oui, qui de nous n’a pas ressenti ce sentiment de profond malaise et d’incompréhension en entendant le récit de cette ignominie humaine qui est l’œuvre de personnes qui, pourtant, se disent et sont vus comme les témoins d’une foi qui sauve et guérit, les défenseurs d’une communauté qui est profondément respectueuse de la dignité humaine, des prêtres et des évêques qui, aujourd’hui, mettent l’Eglise dans une situation notoire et combien douloureuse de contre-témoignage…
Quelle horreur, avons-nous envie de crier ! Et nous aurons bien raison ! Quelle horreur !
Oui, fidèles croyants, cette situation dramatique que vivent d’abord les victimes de cette tragédie, à qui nous disons notre grande proximité, mais aussi toutes nos communauté chrétiennes profondément blessées dans leur foi et leur engagement, les laïcs et tous ces braves et honnêtes prêtres et consacrés qui, aujourd’hui, se retrouvent pointés du doigt, oui, cette situation horrible, trahit l’essence-même du message que l’Eglise est envoyé proclamé ; un message d’amour et de vérité qui place le bien de l’homme, surtout les plus fragiles, au cœur de la Bonne Nouvelle de l’Evangile ; un message, chers condisciples, qui met en avant les enfants et nous les donne comme exemple à suivre pour avoir part à la vie éternelle : « Laissez les enfants venir à moi, dira Jésus ; ne les empêchez pas, car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu. » Mc 10.14 « En vérité, je vous le dis, poursuit Jésus, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point. » (Mc 10.15) !
Comment alors des disciples même du Christ, des serviteurs de sa Parole, en sont-ils arrivés à témoigner de pratiques qui hypothèquent l’avenir et le bonheur légitime de tant de personnes ? Comment des apôtres de l’amour de Dieu pour les hommes en sont-ils arrivés à prêcher le Mal et la Mort ?
Bien chers fidèles croyants, au-delà de cette très douloureuse plaie que de telles pratiques inconcevables et comportements incompréhensibles ont fait naître dans nos cœurs de croyants et de baptisés, cette situation nous révèle, et je le crois profondément, l’ampleur du pouvoir du Mal, même dans l’Eglise ! Oui, en effet, disait bien à propos, quelqu’un, « là où il y a l’homme, il y a l’hommerie » !
Mais une situation qui nous invite à une nécessaire introspection, à nous engager, résolument, comme les lectures de ce jour nous y appellent, à passer la vie de nos communautés dans le « tamis » de la vérité et du discernement, à arracher cette « poutre », ces « épines » et ces « ronces » de la Mort et du péché qui aveuglent et nous poussent à fermer les yeux et à être les complices de pratiques et de comportements qui détruisent nos familles, nos communautés, notre société ! « Soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur », nous suppliait l’apôtre Paul dans la deuxième lecture !
Chers disciples bien-aimés du Christ, c’est vrai que nous traversons des moments très éprouvants ; il est indéniable que l’Eglise est entrain de vivre des jours très pénibles dans sa foi et son témoignage ! Mais ne cédons pas au découragement : comme « le four éprouve les vases du potier », nous rappelait Ben Sirac le Sage, ces épreuves doivent au contraire nous pousser de l’avant ; elles doivent enraciner en nous cette inaltérable vérité qui nous dit que notre foi, celle que nous avons en Dieu, celle que nous proclamons en tant que membres de ce Corps du Christ qu’est l’Eglise, oui, cette foi ne nous enseigne que l’amour ; une foi qui nous invite à faire pousser et à partager partout, les plantes et les fruits de l’amour que sont l’attention aux autres, la correction fraternelle, la vérité, la justice et la promotion de la dignité de l’homme et de tout l’homme !
Seigneur, pardon ! Oui, pardon pour tout le mal et ces trahisons qui continuent de te clouer sur le bois de la croix ! Accorde-nous, Dieu d’amour et de fidélité, le courage et la volonté de continuer de lutter pour que, partout, brille la lumière de l’Evangile de ton Fils, Jésus-Christ notre Seigneur et notre frère, qui compte sur nous aujourd’hui, et pour les siècles des siècles, amen !
Abbé Armand NDIAYE