Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? C’est ainsi que ce soir (matin) le Seigneur nous interpelle par la bouche du prophète Isaïe. Son invitation est triple, il nous demande d’abord de porter notre regard vers la Pâques qui vient pour célébrer la vie plus forte que la mort ; ensuite de porter notre regard au-delà des faiblesses de notre vie présente, c’est-à-dire au-delà des apparences, au delà de l’échec, des épreuves, des trahisons, des difficultés pour voir ce qu’il y a de bon dans notre monde et en chaque homme. Enfin de porter un regard de foi sur la réalité à venir au-delà de nos vies terrestres, sur le bonheur et de joie éternelle des bienheureux.
1/ porter notre regard vers la Pâques qui vient.
Isaïe nous invite à traverser le carême avec la certitude que quelque chose de nouveau, de bon et de joyeux doit germer. Une chose nouvelle doit advenir au matin de pâques qui donnera sens à nos prières, à nos jeûnes et à nos partages. Qu’espérons-nous ? Qu’aimerions nous qui se renouvelle ou qui change dans nos vies ? Quel passage consentons-nous à faire qui nous mènera vers du nouveau, du meilleur, vers plus de vie, plus de vérité ?
Pendant le temps de carême, chaque office des laudes commence par la phrase « les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu ». Jésus a-t-il été celui que nos regards ont fixé pendant ces 40 jours ? Est-ce pour lui, avec lui que nous avons prié, jeûné et partagé ?
2/ porter notre regard au-delà des faiblesses de la vie présente.
La nuit de la résurrection du Seigneur a tout changé pourtant en apparence tout demeure ! Seul l’acte de foi en la victoire du Christ sur la mort sait voir la vie nouvelle qui germe déjà ! Celui qui garde les yeux fixés sur le Christ vainqueur de la mort adopte le regard du Ressuscité. Il peut alors déceler dans le monde qui l’entoure les germes de vie nouvelle. C’est ce qu’annonce Isaïe, quand il dit, au nom du Seigneur : je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Car celui qui regarde les autres comme le Christ le regarde, trace une route qui rend possible la rencontre. Alors au milieu du désert aride des indifférences, des jugements hâtifs, des aprioris ou des certitudes sans preuves un fleuve de miséricorde peut couler. C’est cela que Jésus fait dans l’évangile. Face au désert de la condamnation et de la mise à mort des hommes, Jésus trace une route pour aller en vérité à la rencontre de cette femme adultère. Le signe est donc là, qu’au-delà de la condamnation une rencontre est possible qui remet en marche en exigeant une conversion radicale : Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. Jésus transforme la mort en vie, il transforme la condamnation en invitation à la conversion.
Un monde nouveau advient, quand, malgré le poids du passé, celui qui est accablé se relève, celui qui est anéanti est accueilli sans être jugé. Si Jésus passe outre le péché, sommes-nous prêts, dans notre communauté, notre paroisse, à permettre cela aux personnes qui nous avons eu vite fait de cataloguer, de juger ou de mettre de côté à cause de la vie supposée qu’ils ont ou ont eue ?
3/ porter un regard de foi sur la réalité à venir au-delà de notre vie terrestre. Regarder avec miséricorde chacune des personnes qui traversent notre vie est un entrainement à la vie éternelle. Si nous pouvons faire passer une personne du passé qui l’accable à la vie pardonnée en communauté alors nous préparons aussi notre propre grand passage de la mort à la vie en Dieu. Paul dans la 2° lecture le résume admirablement : Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. Le prix auquel nous sommes appelés est notre immersion au cœur de la vie de la Trinité. « Je ne meurs pas j’entre dans la vie » disait Thérèse de l’enfant Jésus sur son lit de mort ? Il s’agit pour nous de regarder ce que nous sommes appelés à devenir. Il ne s’agit pas de s’accabler de nos manques, mais de recevoir comme un cadeau notre divinisation. Croyons-nous que Dieu jette loin derrière lui nos nombreux péchés pour nous préparer à partager sa vie ?
Si notre réponse est positive, alors cela doit désormais se discerner dans nos actes et nos paroles par plus de foi en Christ qui sauve et plus de charité envers nos frères car la miséricorde reçue et donnée est le signe éclatant de notre divinisation ! Amen