J’aime qu’on introduise l’évangile du vendredi saint par ces paroles : « La Passion de notre Seigneur Jésus Christ », tant il est vrai que la Bonne Nouvelle est celle de la passion de Jésus pour nous. C’est-à-dire à la fois la révélation de l’amour fou que Jésus a pour chacun de nous, et la narration de ses derniers jours, jusqu’à sa mort, qui sont la démonstration de son amour.
Jésus le Christ, Dieu passionné d’humanité est allé jusqu’à l’amour extrême, jusqu’à la Passion maximale qui permet de tout donner jusqu’à sa propre vie. En laissant résonner en nous les textes de la liturgie que nous venons d’entendre, il nous faut redécouvrir plusieurs choses :
1°/ le Christ a vécu sa Passion pour nous, pour notre salut. Il n’a rien fait d’autre que tout faire par amour. Il n’a pas choisi de souffrir, mais il a accepté la souffrance pour nous sauver : En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et le prophète Isaïe ajoute broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur ; en se faisant serviteur jusque là, en acceptant le lourd fardeau de nos vies blessées, il réalise le psaume 50 « le sacrifice qui plait à Dieu c’est un esprit brisé, tu ne repousses pas oh mon Dieu un cœur brisé et broyé » Son offrande permet au Christ de rendre possible le salut de tous les hommes. Ce soir gardons gravé en nos cœurs l’image du Christ amoureux jusqu’à souffrir pour nous et confions-lui tous ceux qui ignorent encore cet amour. Puissions-nous, en nous laissant aimé totalement par Dieu, devenir pour eux chemin de salut!
2°/ le Christ a accepté la déchéance et l’humiliation, pour nous montrer le chemin à sa suite. En effet, en réalisant dans sa propre chair la prophétie d’Isaïe qui dit Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche, Jésus nous donne un modèle de comportement valable partout et pour toutes les occasions. A notre tour, imitons le Maître : aux ennemis du Christ ou de son Eglise offrons notre prière à Dieu pour leur conversion et la nôtre ; à ceux qui de l’extérieur de l’Eglise font des amalgames, sèment le doute par des généralisations douteuses ou la calomnie, offrons notre silence comme un témoignage ; à ceux qui de l’intérieur de notre Eglise souffrent car victimes du péché de ses membres et particulièrement de ses pasteurs, offrons une oreille attentive et une parole de réconfort, aidons-les à se libérer car Jésus le rappelle lui-même je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Ce soir contemplant le Christ maltraité et humilié pour nous, prions-le pour les victimes et leurs bourreaux !
3°/Il a vécu la mort dans sa chair pour nous donner la vie, pour nous relever et nous guérir du péché. En quelques sortes il paie de sa vie la dette de notre péché. Il offre à Dieu le seul sacrifice qui puisse nous réconcilier avec Lui : sa propre immolation, car c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. .Ce soir réalisons encore une fois le lien profond entre l’Eucharistie et la croix ; sur tous les autels du monde, le Seigneur Jésus offre sa vie pour nous sauver de la mort et du péché. On dit de l’Eucharistie qu’elle est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix, alors en venons communier tout à l’heure, réalisons combien ce don est vital pour notre vie chrétienne. Et si besoin, plaçons à nouveau l’Eucharistie au cœur de notre vie.
Le Christ aujourd’hui vient rejoindre chacun de nous sur son chemin de foi, sur son chemin de croix. Ce soir le Christ vient dire à chacun : je suis passionné de toi, j’accepte tout pour toi ; jusqu’à la mort je te porte et m’offre à mon Père qui est aussi ton Père. Que sa Passion guérisse nos blessures et purifie nos vies. Amen