Lecture du livre des Actes des Apôtres
… En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. » …..
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu : et j’entendis la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens ; ils étaient des myriades de myriades, par milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. » Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer : « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. » Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » ; et les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »
Demandez à un chrétien qui est Jésus pour lui….c’est le meilleur moyen de se rendre compte de l’étendue des réponses possibles. Mais je pense que l’on peut les classer en deux grandes catégories : un Jésus immanent et un Jésus transcendant. Ou pour dire les choses autrement, pour certains un Jésus« Dieu avec nous » c’est à dire parmi les hommes, qu’on qualifiera de frère, de compagnon de route, d’ami, et pour d’autres un Jésus qui est « Dieu pour nous » « le Christ – Sauveur », qui règne dans la gloire du ciel auprès du Père, Dieu qui intercède pour nous, que l’on adore en esprit et vérité, etc.…. Dans l’Eglise il semble parfois, quand nous discutons que ces deux visions sont inconciliables… pourtant elles sont déployées ensemble dans les lectures de ce dimanche : dans l’Evangile on suit Jésus ressuscité mangeant au milieu de ses disciples alors que dans l’Apocalypse, st Jean nous présente le Christ en gloire siégeant sur le trône avec Dieu son Père.
Ces deux points de vue concernent le même Dieu, car unique est le Christ, et ils apportent également de la joie à ceux qui regardent et contemplent. Mais ce n’est qu’ensemble, reliés qu’ils portent du fruit. Car dans point de vue…. Il n’y a point de vue ! Ce sont les deux points de vue mis ensembles qui sont le gage d’une foi authentiquement chrétienne ; qui disent la totalité du mystère du Christ : vrai Dieu et vrai homme. Entrons donc plus avant dans ces deux visions ….
1/ Dans l’Evangile Jésus est parmi les hommes : le décor est la terre des hommes, le lac de Tibériade, Jésus dans son corps d’homme ressuscité marche parmi les hommes. Les disciples ont repris une vie ordinaire : ils vont à la pêche car tel est leur travail, mais cette nuit-là, ils ne prirent rien …Il y a ensuite, Jésus ressuscité, qui se tient sur le rivage du lac et il interpelle les disciples comme tout à chacun : Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? Il est Dieu au milieu des hommes et qui fait des miracles par sa parole : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Il est Jésus qui veut avoir besoin des hommes : alors que sur le rivage, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Il y a Jésus l’ami qui veut se réconcilier avec Pierre dans un dialogue d’une grande profondeur, où Jésus, le maître ajuste sa demande d’amour à la capacité d’aimer de Pierre. Et ainsi Jésus se contente de l’amitié de Pierre et sachant que maintenant elle est assez solide, il va en faire le chef de son Eglise, le pasteur de ses brebis.
Je ne cesse, comme prêtre, de rendre grâce pour ce passage de l’Evangile, où Dieu ajuste sa demande à la capacité d’aimer des hommes. Où Dieu nous demande l’amour dont nous sommes capables pour lui et par cet amour assumé fera des merveilles.
2/ dans l’apocalypse, Jésus est dans la gloire du Père. Dans cette lecture, le décor est le ciel. Jésus est vu du côté de sa qualité de Dieu, du point de vue de sa nature divine. Et là tout est grandiose, c’est ce que nous contemplerons pour l’éternité : une multitude d’anges qui entouraient le Trône les Vivants et les Anciens ; ils étaient des myriades de myriades, par milliers de milliers. C’est l’esprit de Fête absolu qui règne, plus encore c’est un grand show cosmique auquel participe toute la création : Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent proclament la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté de L’Agneau. Et même les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent devant celui qui siège sur le Trône, et devant l‘Agneau, c’est à dire le Christ.
3/ dans les actes des apôtres, les deux visions sont réconciliées. Et nous pouvons faire nôtres les paroles des apôtres devant leurs juges : Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice (Jésus du côté humain). C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur (Jésus du côté du divin). C’est en faisant le lien entre les deux réalités : pleinement homme et pleinement Dieu que l’on peut annoncer la totalité de la Bonne Nouvelle : les apôtres affirment : nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint
Jésus est notre frère et notre Dieu, c’est le même proche de nous et tout autre par rapport à nous, c’est le même qui nourrit et qui est nourriture, c’est le même qui demanda du poisson à Pierre et qui va, à la consécration, devenir le Pain vivant donnant son Corps à manger. Béni soit le Christ qui peut dans un même élan nous nourrir et nous faire nous prosterner. Béni soit celui qui, parmi nous, sait recevoir, annoncer et vénérer le Christ en ses deux natures. Celui-là entre dans le mystère de Dieu ! Amen