Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Voilà qu’en plein temps pascal, l’Eglise par sa liturgie nous plonge de nouveau dans le temps de la passion. En effet, l’extrait de l’évangile de Jean que nous venons d’entendre est l’introduction du dernier discours de Jésus à ses apôtres. Discours qu’il prononce lors de son dernier repas, alors qu’il vient de laver les pieds de ses disciples. Par ce choix liturgique, l’Eglise nous propose de considérer dans un seul et même élan la mort de Jésus et sa résurrection. Et le mot qui est commun à ces deux évènements est celui qui est répété 5 fois dans notre évangile : le mot Glorifié. C’est la même gloire que Dieu révèle en lavant les pieds de ses disciples, sur la croix et à la résurrection.
Dans la Bible le mot hébreu pour parler de la gloire est le mot Kabôd qui implique l’idée de poids. C’est un peu comme chez nous, quand on connait quelqu’un de réputé, de célèbre on dit « c’est du lourd », non pas tant à cause de sa masse corporelle que de sa notoriété, de son importance sociale, de sa fortune parfois, du respect qu’il inspire. … Ainsi la vraie gloire, c’est celle de Dieu, car celui qui pèse son pesant de cacahuète, la gloire des gloires, le plus grand, le plus saint, le plus puissant, le plus noble, etc…. c’est DIEU !
Pourtant dans la bible, au psaume 8 il est écrit : Tu as voulu l’homme un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de Gloire et d’honneur ? La gloire de Dieu serait donc aussi l’homme créé à son image et à sa ressemblance. Cependant, les hommes, par les tentations et le péché ont abîmé cette gloire que Dieu avait mise en eux en préférant la gloire que propose Satan, lequel offre « tous les royaumes du monde avec leur gloire » à ceux qui se prosternent devant lui. L’homme, corrompu et humilié dans sa gloire divine, exigeait d’être restauré.
Or le créateur seul pouvait restaurer la créature. Et Dieu choisit d’intervenir dans l’histoire des hommes en en faisant l’histoire du salut. Il laissa éclater sa gloire en se révélant à eux, les invitant à tourner à nouveau leurs regards vers Lui ! Ainsi, tout l’ancien testament est truffé de récits où Dieu révèle sa gloire en déployant sa puissance : le déluge, les plaies d’Egypte, la traversée de la mer Rouge, la prise de Jéricho, la rencontre avec Elie à l’Horeb, etc…. mais tout cela sert peu à peu à préparer les hommes à recevoir l’acte de gloire par excellence : son incarnation parmi les hommes. Car en Jésus toute la gloire de Dieu est présente, comme le rappelle l’épître aux hébreux (1,3) « Jésus est le resplendissement de la gloire de Dieu. »
On comprend mieux alors l’exclamation de Jésus dans l’évangile : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. » Car c’est à travers toute la vie, les œuvres, le ministère de Jésus que la gloire de Dieu se manifeste : il fait ce que Dieu seul peut faire : guérir, expulser le mal, nourrir des milliers de personnes, apaiser les tempêtes, ressusciter les morts tels Lazare, etc… pourtant Jésus ajoute : « Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt » car sa gloire sera la plus éclatante lors de sa passion. En effet, La croix, par laquelle Jésus est élevé de terre, devient le trône où Dieu règne en majesté sur le monde car sur la croix Jésus pose l’acte que Dieu seul peut poser en plénitude, il détruit la mort et renouvelle la vie ; comme le dit st Jean dans l’apocalypse : « il fait toute chose nouvelle ». Jésus consent à sa mort pour qu’éclate aux yeux du monde la gloire de Dieu son Père.
Cet abaissement que la vraie grandeur seule peut accepter permet au Christ de retrouver la gloire divine qu’il possède de toute éternité comme Fils de Dieu. Par son ascension auprès du Père, il amène dans la gloire de Dieu la nature humaine qui se trouve alors transfigurée. L’ascension de Jésus est déjà l’annonce de notre gloire à venir. Et pour préparer cette glorification de notre propre humanité, rendue à nouveau possible par la mort et la résurrection du Christ, Jésus envoya l’Esprit Saint qui permet aux croyants de faire rayonner concrètement la gloire de Dieu en vivant selon le seul commandement que Jésus nous ai laissé : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. »
Ainsi, la gloire de Dieu rayonne maintenant dans ce monde à travers le visage de l’Eglise et des chrétiens qui essaient de vivre selon ce commandement. Il n’est apparemment pas d’autres voies pour le réaliser, car Jésus rappelle : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Notre gloire n’est donc que le poids des actes d’amour posés durant notre vie, car ce sont eux qui auront à la fois confirmés notre accueil du salut et révélé au monde que Dieu est amour ! Alors par amour revêtons la tenue de serviteur pour glorifier Dieu par toute notre vie. Comment ? Simplement rappelle le pape François dans son exhortation sur la sainteté Gaudete et exsultate, en vivant les 7 œuvres de miséricordes corporelle : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et les 7 œuvres de miséricorde spirituelle : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. ? Alors êtes-vous prêts pour la vraie gloire qui mène au ciel ? Amen