homélie du 21° dimanche année C

cette homélie fut donnée à Lons le Saunier à l’occasion du 75° anniversaire de la libération de la ville.

La porte étroite

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’     Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

Il y a 75 ans aujourd’hui les troupes allemandes quittaient précipitamment Lons le Saunier. Débarrassée de ses occupants Lons a choisi cette date pour célébrer sa libération. Or, en préparant cette homélie je me faisais la réflexion suivante : quand sommes-nous réellement libres ? Quand l’ennemi a fui ou alors quand les troupes alliées entrent dans la ville ? Car pour ce qui concerne notre histoire il y a une semaine de décalage entre les 2 évènements puisque les troupes françaises n’entrèrent à Lons que le 3 septembre 1944.

Cette question rapportée à la spiritualité est importante, on pourrait la formuler de la sorte: qu’est ce qui rend nos vies vraiment libres : est-ce d’en évacuer le mal, ou est-ce d’y accueillir le bien ? Pour illustrer mon propos je vais prendre un exemple, pour justifier une posture morale qu’elles jugent saine certaines personnes affirment « qu’elles n’ont pas tué ni volé ». Par ces paroles elles signifient qu’elles n’ont pas commis de mal, qu’elles l’ont évacué de leur vie. Pour autant s’abstenir de faire le mal, est-ce faire le bien ? On peut en douter car ne pas voler n’a jamais été synonyme de partager et ne pas tuer n’a jamais été synonyme de respecter la vie, ainsi, ceux qui affirment n’avoir jamais tué sont parfois pour l’avortement et /ou l’euthanasie !

Ainsi je retiendrai 3 qualificatifs de la vraie liberté.

1/ être libre c’est choisir de faire le bien. Il y a une grande différence entre savoir en quoi consiste le bien et le mettre en œuvre dans nos vies. Le bien exige des actes. Or, la source de tout bien, c’est Dieu. Ainsi celui qui accueille Jésus dans sa vie se rend capable de faire le bien. Professer la foi en Christ qui nous libère exige donc de poser des actes bons visibles et concrets. Voilà pourquoi les paroles de Jésus sont si cinglantes ce matin alors qu’il nous entretient des fins dernières: « Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » Dans son Eglise, Jésus distingue ceux qui disent le connaître, et même manger et boire en sa présence en communiant à son Corps et à son Sang mais qui ne changent rien à leur vie de ceux qui, l’ayant rencontré et accueilli dans leur vie, ont changé de vie et se sont mis à faire le bien autour d’eux.

Ce qui prouve que nous sommes vraiment libres, c’est donc notre comportement. Il est le témoignage concret que Jésus est à l’œuvre ou non dans nos vies.

2/ être vraiment libre exige un grand sacrifice. Une libération est souvent le fruit d’un sacrifice. Comme la libération de Lons advint grâce aux résistants et à tous ceux et celles qui la payèrent de leur vie, de même notre libération spirituelle nous fut acquise par le Christ qui offrit sa vie pure et sainte en offrande pour le rachat des péchés du monde entier. L’exercice de la liberté est donc un combat. Choisir de faire le bien en est également un. Déjà st Paul se lamentait il y a 2000 ans dans la lettre qu’il adressait aux Romains : « je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas » (Rm7,19). Pour ne pas rendre vaine la croix du Christ nous devons mener le combat pour une vie bonne. Nous avons à combattre en nous et autour de nous pour établir le goût du bien et la volonté de le faire.

Jésus en s’étendant sur la croix nous rejoint chacun dans son combat pour le bien et par les sacrements que nous recevons il refait nos forces au service du bien, pour agir bien. Je vous le dit tellement souvent : une eucharistie qui ne s’achève pas par un acte de charité est perdue, inutile, vaine !

3/ Etre vraiment libre procure la vraie joie. Si je poursuit ma comparaison avec la libération de notre ville, je peux dire que de même que la libération de Lons a uni tous ses habitants dans la joie et la fête, de même rappelle le prophète Isaïe dans la première lecture, Dieu en libérant le monde du mal et du péché, vient rassembler toutes les nations, de toute langue. Et Jésus complète en disant alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. La joie du salut est pour tous et peut remplir chaque cœur qui se tourne vers le Christ.

Alors ce matin, pour que notre joie soit parfaite, pour que notre vie morale soit juste, accueillons avec foi le Christ, Dieu qui,  dans l’Eucharistie, vient unir sa vie à la nôtre. Offrons également ce Sacrement de liberté pour tous ceux et celles qui ont donné leur vie pour libérer Lons de ses ennemis. Que leur sacrifice uni à celui de Jésus nous soient des exemples pour œuvrer en vérité pour le Bien. Amen