Lecture du livre du prophète Habacuc
Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? crier vers toi : Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. Alors le Seigneur me répondit : Tu vas mettre par écrit une vision, clairement, sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment. Car c’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité.
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides que tu m’as entendu prononcer dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.
Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. Ce cri que le prophète Habacuc pousse vers le Seigneur face à la toute puissance des Chaldéens est également celui de nos frères et sœurs affligés par les épreuves qu’ils traversent ou qu’ils voient supportés par d’autres. Et les médias amplifient ces phénomènes, ne cessant jamais de déverser dans nos yeux, nos oreilles et nos mémoires des drames et des horreurs provenant de toute la terre. Cela ancre au tréfonds de notre cœur un certain dégoût de l’humanité qu’on nous présente souvent sous son pire jour.
Mais nous savons fort heureusement que le monde est beaucoup plus que ce que l’on en montre. A ceux qui affirment péremptoirement leurs idées la sagesse populaire oppose l’adage suivant : dans « point de vue » il n’y a point de vue ! Ainsi ce que l’on nous montre dans les médias n’est qu’un point de vue sur la vie des hommes et les évènements ; ce ne sont souvent que des images qui viennent illustrer les opinions de ceux qui les montrent.
Et ce que l’on nous montre, en général, laisse craindre qu’on veuille détruire en nous la beauté morale des hommes et des femmes qui demeure intacte jusqu’au dernier jour de leur vie terrestre ; détruire aussi notre vision traditionnelle de la famille où il fait bon concevoir et élever ses enfants entre un père et une mère engagés dans le mariage ; détruire encore notre attachement à une culture, une terre, une langue, une idée d’un digne accueil des migrants. Défendre cela aujourd’hui c’est passer au mieux pour un conservateur, au pire pour un fasciste dégringolé de l’extrême droite (on appelle cela « la réductio ad Hitlérum »). Et vous aurez une très belle illustration de cela dès ce soir à la télévision. Je vous prie de bien écouter et regarder comment les médias, chantres du politiquement correct, vont traiter la manifestation des dizaines de milliers de personnes, qui auront défilé tout la journée à Paris pour exprimer leur oppositions à certaines propositions de la loi de bioéthique.
Avec Habacuc ce matin je veux moi aussi interroger le Seigneur : Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? La misère d’un monde où le désir d’adultes immatures impose sa tyrannie au-delà même de ce qui est juste ou raisonnable. Un désir incontrôlé qui devient un mal, une pathologie qu’il faut soigner par la technique médicale. La misère d’une humanité qui se prend pour Dieu et croit maitriser la vie.
Pourtant faut-il désespérer face à tout cela ? Non d’abord il faut éteindre vos télévisions ou du moins choisir avec discernement ce qu’il faut regarder. Ensuite entendre la réponse du Seigneur à Habacuc : « Tu vas mettre par écrit une vision, … Car c’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard ». Et pour nous chrétiens, cette vision révèle le Seigneur Jésus, Dieu fait homme, vainqueur de la mort et du péché, restaurateur d’une humanité désormais orientée vers le beau, le vrai et le bien. Et nous qui sommes croyants, nous avons à nous mettre au service de cette bonne nouvelle. Ne craignons pas de redire les vérités élémentaires à ceux qui les oublient. Paul le rappelle déjà à Timothée dans la 2° lecture « n’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur et n’aie pas honte de moi qui suis son prisonnier ». C’est-à-dire assume la vision chrétienne de l’humanité que l’Eglise t’a enseignée. Elle est belle et solide, elle t’apprend à devenir enfant de Dieu, elle te prépare à régner avec Lui pour l’Eternité !
Souvenons-nous bien que nous ne sommes que de simples serviteurs qui ne faisons que notre devoir, qu’il nous faut, comme le rappelle st Paul à Timothée, garder le dépôt de la foi dans toute sa beauté. Et si il nous arrivait de craindre de dire les choses, de nous laisser dominer par l’esprit de peur, demandons au Seigneur son esprit de force, d’amour et de pondération pour témoigner toujours et partout de la très belle vocation des hommes et des femmes. Dieu les appelle dans leur totale complémentarité à exprimer l’alliance qu’Il veut contracter avec l’humanité.
Cette mission, est exigeante et difficile, Paul nous le redit en le rappelant à Timothée : il nous faut aussi prendre notre part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile. C’est le grand paradoxe chrétien : la plénitude de Bonheur et de joie offerte par Dieu aux hommes demeure comme un scandale et jusqu’à la fin des temps il nous faudra souffrir pour la faire connaître, souffrir pour en vivre pleinement.
Ce matin encore, offrons à Dieu notre vie, qu’Il l’unisse à celle de son Fils, faisant de nous, au-delà de toute peur ou crainte, le bon pain de sa vérité, les témoins fidèles de son appel à faire de chacun des hommes et des femmes, son fils, sa fille. Amen