homélie père Arnaud B, 30° dimanche C

Comment prier? - L'actualité de Béthanie

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Dans l’évangile de ce dimanche Jésus distingue ceux qui étaient convaincus d’être justes de ceux qui sont devenus justes. C’est-à-dire qu’il distingue ceux qui s’autojustifient de ceux qui se laissent justifier par Dieu. Pour cela Jésus présente d’une part un pharisien convaincu d’être juste, il prie en faisant un compte rendu de ses actions (et de celles des autres) à Dieu, mais ne Lui demande rien. D’autre part un publicain, qui, conscient de son péché, reconnait devant Dieu tout le drame de sa situation de pécheur en se frappant la poitrine, il prie en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ ce dernier, selon Jésus, sort justifié du Temple. Qu’est-ce qui les différentie ? Leur rapport à la loi et leur vision de la sainteté.

1/ le rapport à la loi! La loi de Moïse, en réglant la vie entre les différents membres de son peuple, permet une vie communautaire cohérente. Ces commandements rappellent à chacun le permis et le défendu. Ils révèlent où est le péché, mais ne peuvent pas sauver du péché. Pour guérir du mal il faut accueillir Dieu et son pardon, il faut passer de la loi à la foi. Il faut non pas penser être juste en suivant scrupuleusement la loi, mais croire que Dieu seul peut justifier celui qui se présente humblement à Lui.

Or, le pharisien est persuadé qu’accomplir la loi et ses 613 commandements suffit à obtenir les faveurs de Dieu et sa bénédiction. D’ailleurs dans l’évangile il rappelle à Dieu qu’il jeûne deux fois par semaine et verse le dixième de tout ce qu’il gagne.’ Il est quelqu’un de bien en règle ; mais Dieu ne peut pas agir dans cet homme car son cœur n’est rempli que de lui et du mal qu’il pense des autres, voleurs, injustes, adultères. Quant au publicain, sachant qu’il est loin d’avoir mis sa vie au diapason de la volonté de Dieu, il demande son aide pour y parvenir. Il sait l’écart qu’il y a entre les préceptes de la loi et sa vie réelle. La loi lui révèle son péché et il sait que ce n’est qu’auprès de Dieu qu’il obtiendra ce qui lui manque pour être justifié. Il a foi dans les paroles du psaume : Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre.

2/ la vision de la sainteté. Beaucoup imaginent que la sainteté est une fin en soi, un but à atteindre. Mais le vrai but c’est la vie en Dieu et la sainteté n’est qu’un moyen d’y parvenir. C’est ce que rappelle Paul à Timothée : Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice….le Seigneur me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste.

Le pharisien se croyant en règle par rapport à la loi, fait de la sainteté « un état » c’est-à-dire « des choses » à faire et à respecter pour aller au ciel. D’une certaine manière la sainteté pour lui c’est seulement la couronne de gloire, l’auréole ! Il veut briller devant Dieu par sa justice. Le publicain qui a mesuré l’écart qu’il y a entre sa vie réelle et celle qu’il devrait vivre, fait de la sainteté « un chemin », une marche vers Dieu et avec Dieu qui peu à peu l’ajustera à Lui pour le préparer au ciel. Pour lui être saint ce n’est pas craindre de tomber, c’est compter sur Dieu pour se relever. La sainteté pour le publicain est un compagnonnage avec Dieu, une vie avec Lui jusqu’à ce qu’elle puisse être, par grâce, une vie en Lui pour l’éternité. Il demande à Dieu de faire briller sur son visage la lumière de sa justice.

3/ pour nous aujourd’hui ?

Et nous même, frères et sœurs, quel est notre rapport à la loi ? Pensons-nous qu’être chrétien c’est appliquer à la lettre des lois, connaître et débiter un catéchisme ? (ce que croient beaucoup de nos détracteurs) ou alors est-ce poser un acte de foi en la miséricorde  de Dieu qui seul peut sauver et justifier ? Car Dieu ne veut pas seulement que nous évitions le péché, il veut  aussi nous rendre capable de vivre avec lui pour toujours. Et cela lui seul peut le donner, il faut donc accepter de le laisser nous ajuster à Lui. Et cela il le fait par la vie sacramentelle !

Et la sainteté ? Comment la concevons-nous ? Si nous croyons que ce doit être un parcours de vie avec zéro défaut, nous en faisons un objectif inatteignable réservé à une élite. Si nous la recevons comme un chemin de perfectionnement alors nous permettons à Dieu d’œuvrer dans nos vies et de les transformer pour en faire des vies à son service et à celui des autres en vue de partager sa gloire.

Ce matin, ensemble, refaisons nos forces en recevant le Pain de Vie qui nous ajuste, nous sanctifie et nous fait pain de service pour les autres, voilà le meilleur chemin vers le ciel comme le rappelle Ben Sira dans la 1° lecture : celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. Amen