Lecture du deuxième livre de Samuel
En ces jours-là, ….tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Quand on croit à la vie éternelle, et j’espère que c’est votre cas, on réduit souvent cette réalité à notre statut à venir de fils et fille de Dieu. Pourtant c’est toute la création, l’univers tout entier qui est appelée à être transformée à la fin des temps et pas seulement les humains. La mort et la résurrection du Christ ont ouvert d’une part la réalité d’un monde nouveau qui a déjà commencé et qui se révèlera en plénitude à la fin des temps et d’autre part l’espérance pour nous d’y participer un jour. Or ce monde nouveau qu’on appelle le Royaume des cieux, sera l’univers actuel transformé, transfiguré, purifié par le feu de l’Esprit Saint. La fête du Christ Roi de l’univers que nous célébrons aujourd’hui rappelle cela. Jésus, qui a reçu l’onction royale, règne déjà sur l’univers entier qui peu à peu se transforme en Royaume de Dieu.
Il faut bien comprendre cela, notre monde ne sera pas détruit mais transformé. Car Dieu ne peut pas désirer détruire la création qui reflète sa gloire. Elle est l’œuvre de ses mains. Et la passion du Christ, sa résurrection et le don de l’Esprit Saint sont les forces invincibles de Dieu qui transforment dès maintenant notre univers en le purifiant du mal et du péché
qui le contaminent, le souillent et le défigurent.
Puisque Jésus est vainqueur et grand Roi, allons dans la joie vers le Royaume qui vient ! Voilà ce que révèlent les textes de ce dimanche.
Le Royaume est une promesse.
Avec tout ce que cela a de paradoxal, c’est le moment de la Passion du Seigneur que l’Eglise nous propose pour révéler à nos yeux sa royauté ! Et c’est normal, comme l’écrit st Paul aux Colossiens : Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. Ainsi dans l’évangile d’aujourd’hui on lit : « Il y avait une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » » Cette royauté terrestre et spirituelle enfin reconnue devient promesse d’éternité pour ceux qui y croit. Comme le bon larron qui dit à Jésus « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » et qui s’entend répondre : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Ainsi Ils sont déjà au moins deux dans le monde nouveau, dans le royaume qui est déjà là et qui viendra en plénitude à la fin des temps.
Le Royaume est pour nous !
Tous nous sommes appelés à régner avec Jésus ! Ce que Dieu veut ce ne sont pas que des citoyens du royaume des cieux, mais il veut des fils et des filles, des héritiers ! J’en veux pour preuve la première lecture et la lettre de st Paul aux Colossiens. En effet, dans la première lecture on nous raconte que les anciens d’Israël … donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël. Or l’onction que David a reçu pour régner sur le peuple, l’onction royale, chacun de nous la reçoit aussi au jour de son baptême. Il en reçoit même une plus grande puisqu’il reçoit celle de l’Esprit Saint qui fait de nous des Fils et des Filles de Dieu, des héritiers. C’est pourquoi j’aime lors de baptême tracer une couronne avec le st Chrême, pour signifier la royauté divine du baptisé. Quand à être héritier, c’est st Paul qui l’écrit aux Colossiens : Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière… il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé.
Alors vivons notre vie comme un pèlerinage vers le Royaume. C’est l’invitation du psaume 121 que nous avons entendue: « Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » ». Oui c’est une bonne nouvelle, une grande joie pour nous de savoir que notre vie toute entière est une marche, non pas vers l’inconnu, mais vers la Jérusalem Céleste. Notre vie est un pèlerinage, dans l’espérance, la prière et l’amour donné au quotidien, vers le Royaume de Dieu. Et au jour béni de notre mort, avec tous les élus, nous dirons : « Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ».
En guise de conclusion. Que fait un vrai roi ? Il prend soin de son peuple, il travaille à son unité par la justice. N’est-ce pas là ce que fit Jésus ? Lui qui offrit sa propre vie pour sauver l’humanité et en faire un seul peuple fraternel ? Offerte sur la croix, sa propre vie devient le passage vers le Royaume. Et par la grâce du baptême, dans sa mort et sa résurrection, Dieu nous rend capables d’accéder à son Royaume pour y régner avec Lui. Alors tout à l’heure, frères et sœurs, quand vous prendrez le pain de la route, le pain des forts, le pain des Saints, souvenez-vous que c’est la vie de Dieu que vous recevez pour vivre cette semaine qui vient dans la joie d’avancer vers la maison de Dieu, notre royaume, notre patrie éternelle. Amen