Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur :
« Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu qui a toute ma faveur.
J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;
aux nations, il proclamera le droit.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton,
il ne fera pas entendre sa voix au-dehors.
Il ne brisera pas le roseau qui fléchit,
il n’éteindra pas la mèche qui faiblit,
…
Évangile de J- C selon saint Matthieu
Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »
Quand on entend cet Évangile on se pose tous la même question. Pourquoi Jésus demande-t-il à être baptisé ? D’ailleurs sa demande surprend jusqu’à Jean le Baptiste lui-même qui affirme : « c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! ». Pourtant ce dernier consent à baptiser Jésus quand celui-ci lui répond : «Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice ». Benoit XVI dans son livre « Jésus de Nazareth » rappelle que pour comprendre cet épisode « il est essentiel de donner tout son sens au mot « justice ». Dans le monde où se trouve Jésus, cette justice est la réponse de l’homme à la Loi (la torah), c’est l’acceptation de l’entière volonté de Dieu. » Or le baptême exige la reconnaissance des péchés. Ainsi écrit le pape Benoit : « Jésus a pris sur ses épaules le fardeau de la faute de l’humanité entière et l’a porté en descendant dans le Jourdain. Jésus inaugure sa vie publique en prenant la place des pécheurs. Il l’inaugure en anticipant la croix. » il écrit plus loin « le baptême est l’acceptation de la mort pour les péchés de l’humanité et la voix qui se manifeste au baptême « celui est mon fils bien-aimé » est une anticipation de la résurrection.
Voilà pourquoi Jésus lui-même dans l’évangile de Luc ou de Marc dira « je dois recevoir un baptême et quelle angoisse et la mienne jusqu’ à ce qu’il soit accompli ».
Ainsi nous même, au jour de sa célébration, notre baptême nous a plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Mort avec lui nous sommes sortis de l’eau ressuscités avec lui !
Désormais les paroles du Père proclamant « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en qui je trouve ma joie » sont pour chacun de nous. La joie de Dieu présent en Jésus est versée dans le cœur de chaque croyant au fur et à mesure que l’eau du baptême coule sur son front. Cette joie donnée fait de nous, comme Jésus, les enfants bien-aimés du Père. Devenus frères de Jésus et donc, avec Lui, enfant d’un même Père, nous sommes aussi associés à la mission que Dieu confie à Jésus.
Et c’est cette mission là que nous révèle le livre des actes des apôtres : là où Jésus passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable. Ce que Jésus fait, nous aussi, unis à Lui, nous devons le faire : notre mission de baptisés, si nous l’acceptons est de lutter contre le mal sous toutes ses formes : nous avons, au nom du Christ, par sa victoire sur le mal, à délivrer l’homme du pouvoir du diable. Pour cela le prophète Isaïe préconise comme attitude particulière l’humilité qu’il détaille en 3 points d’attention:
1/Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. En effet le bien, contrairement au mal, ne fait pas de bruit. On risque de perdre la partie si on utilise pour combattre le mal les mêmes armes que lui. Rappelez-vous que c’est dans le silence que, sur la croix, Jésus a vaincu le mal et le péché. C’est donc ainsi qu’il nous faut agir : faire le bien sans faire de bruit et sans en tirer orgueil. Il nous faut seulement exercer la vertu de foi : Dieu sait le bien qui se fait discrètement !
2/ Il n’écrasera pas le roseau froissé : agir contre le mal exige de la délicatesse, celui qui est déjà abîmé par le péché, Dieu ne le méprise pas, ne lui fait pas la leçon, ne le met pas plus bas que terre, il n’écrase pas celui qui est blessé. Nous devons adopter la même méthode, pour libérer l’homme esclave du péché : il ne faut pas l’enfoncer davantage. Car le mal veut isoler la personne en provoquant chez elle regret, culpabilité et mésestime de soi. Donc le premier pas du bien que nous pouvons faire et d’accueillir celui qui vient à nous tel qu’il est. En effet, ce que le diable craint le plus, c’est la charité qui ne réduit pas le pécheur à son péché.
3/il n’éteindra pas la mèche qui faiblit : Notre devoir de chrétien est de relever ce qu’il y a de bon chez les pécheurs. Il s’agit de les aider à comprendre qu’en s’accrochant à la miséricorde du Christ, ils sont capables de faire le bien. On arrachera plus certainement une âme au diable en lui montrant le bien qu’elle est capable de faire plutôt qu’en pointant du doigt le mal qui l’accable déjà. Gardons l’Espérance que tout humain peut faire le bien !
Foi, charité et espérance, trois remèdes imparables contre le démon, trois vertus qui nous sont données par Dieu le jour de notre baptême ! Alors vous tous qui avez été baptisés, revêtez l’armure de la foi, protégez-vous avec le casque de l’espérance et armez-vous de la lance de la charité et ensemble, comme une seule armée divine combattons le démon, pour le salut de tous, au côté de notre Seigneur ! Amen