Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi sera-t-il salé ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
Je ne sais pas exactement à quoi ressemblaient les lampadaires au temps de Jésus, mais grâce à ceux de notre temps je vous propose d’actualiser l’évangile de ce jour. En effet, rappelons-nous qu’au jour de notre baptême, faisant descendre sur nous le feu et la lumière de l’Esprit Saint, Dieu nous a transformés en lampadaire. Dès lors, notre mission de lampadaire fut de rayonner de la présence divine au milieu des hommes. Pourtant, ce n’est pas facile d’être un lampadaire tous les jours.
Notons d’abord qu’il y a différentes sortes de lampadaires : ceux que l’on veut ultra modernes pour faire entrer la société dans le futur et ceux que l’on veut rétro pour se fondre dans un quartier de vieilles maisons. Il y a les lampadaires simples et robustes qui éclairent les petits rues de nos campagnes et ceux sophistiqués qui éclairent les grandes artères des villes importantes. Il y a ceux qui éclairent un carrefour dangereux et ceux dont la mission est de mettre en valeur un beau monument, etc. !
Et ce qui vaut pour les lampadaires vaut aussi pour les chrétiens que nous sommes : il y a des chrétiens de toutes sortes. Des modernistes dont les visions futuristes projettent l’Eglise en avant et des plus traditionnels qui se plaisent à être intégrés totalement dans une histoire vieille de 2000 ans. Il y a les chrétiens des villes et ceux des campagnes. Il y a ceux dont la foi éclaire de nombreuses personnes ; telles celles qui s’investissent dans leur paroisse pour différents services comme la visite aux malades, la catéchèse, l’EAP, l’entretien de l’église ou dans des associations caritatives. Il y a encore ceux qui font un travail remarquable du point de vue de la recherche théologique : pensons au pape Emérite Benoît XVI, aux religieux dominicains ou jésuites. Il y a aussi les humbles témoins de la foi dont la lumière rayonne dans leur famille ou parmi leurs amis proches. Tels furent quelques uns de nos parents ou grands-parents, voir chacun de nous qui essaie, là où la vie l’a semé, de vivre concrètement le commandement de l’amour du prochain.
Ensuite, la mission de lampadaire est exigeante. En effet un lampadaire ne choisit pas la lumière dont il éclaire. Elle vient à la fois du type d’ampoule qu’on y a mis et de sa connexion au réseau électrique. Or les chrétiens que nous sommes ont tous la même ampoule qui est l’Evangile et nous sommes tous connectés au même réseau électrique qui est l’Esprit Saint. C’est donc la lumière de l’Evangile dans la joie de l’Esprit Saint que nous devons refléter autour de nous : comme st Paul l’écrit aux Corinthiens : Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié.
Soulignons encore qu’être un lampadaire n’est pas toujours sympa. En effet, il faut voir ce qu’on lui fait subir : les chiens viennent se soulager à ses pieds, les gens lui montent dessus lors des manifestations ou des défilés pour mieux voir ou se faire voir, certains se vengent sur lui et le détériorent pour dire leur ras le bol de cette société, etc.
C’est encore la même chose pour nous chrétiens : il y a les athées ou les anti-cathos qui nous moquent ou qui voudraient même caser notre ampoule évangélique. Il y a aussi ceux qui nous prennent pour des forces d’appoint dans des combats politiques ou sociaux qui ne sont pas forcément les nôtres. Il y a aussi les ténèbres de la culture de mort qui voudraient enfin que la lumière de la vie cesse d’éclairer l’humanité, etc…
Pourtant cela reste une grande joie d’être un lampadaire. Ne serait-ce que pour ces moments merveilleux où, à sa lumière, des jeunes se donneront rendez-vous, des couples se rediront leur amour, des personnes retrouveront leur chemin et peut être du sens à leur vie. Car la force des lampadaires c’est que mis en réseaux, ils éclairent bon nombre de chemins et de rues. Comme l’Eglise, dont chacun des membres, donc chacun de nous, par sa vie et sa fidélité au Christ éclaire de l’amour de Dieu les chemins de vie qui mèneront à la vérité du Christ : le prophète Isaïe l’affirmait déjà : Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres.
On peut toujours critiquer l’esthétique et la lumière d’un lampadaire, mais les gens préfèreront toujours marcher le long d’une rue éclairée plutôt que dans les ténèbres. Si l’on critique un lampadaire, c’est qu’il est encore bien visible et qu’on le regarde encore et qu’on s’intéresse à lui. Comme les chrétiens sont encore bien visibles et qu’on les regarde encore car c’est le Christ dont ils rayonnent la lumière qui ne cesse d’interpeler ce monde. Alors soyons fidèles au commandement du Seigneur : que votre lumière brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Amen