Du livre de Ben Sira le Sage
Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher.
Se laisser dicter sa conduite par Dieu ! Quelle idée saugrenue pour les hommes de notre temps ! Pourtant les textes bibliques que nous venons d’entendre ne révèlent rien d’autre.
C’est qu’aujourd’hui nous croyons pouvoir disposer seul de notre vie et discuter entre nous ce qui est bon ou non pour nous. Le libéralisme moral qui sous-tend cette attitude n’a qu’une règle : si une chose est possible à faire ou si je désire la faire, alors elle devient possible à exiger et ne saurait être jugée. Il n’a aussi qu’une conclusion : une chose est vraie du moment que je la déclare vraie. Ce relativisme moral a permis de mettre sur un pied d’égalité toutes les options sociétales : mariage et divorce, mariage entre un homme et une femme et union entre personnes de même sexe, rester fidèle ou commettre l’adultère, possibilité de sauver un grand prématuré à 6 mois ou de l’avorter au même âge en Espagne. Choisir de vivre jusqu’au bout sa vie ou de la faire interrompre par un geste d’euthanasie. Favoriser la généralisation de la pornographie jusqu’à ce qu’elle soit vue par les plus jeunes et dénoncer les dérives sexuelles. Laisser émerger des tas de sectes autour du bien être personnel et dénoncer les manipulations mentales. Soumettre à la consommation débridée au nom de la mode et aussitôt après proposer des régimes, défendre le véganisme, etc. Les conséquences de ce relativisme sont terribles : plus rien ne peut être posé comme un absolu infranchissable, tout devient négociable, y compris la vie d’un homme et celle d’un enfant, plus aucun engagement ne peut être définitif !
Arrivés où nous en sommes, le grand paradoxe de notre temps éclate au grand jour : la société veut imposer toutes les dérives libertaires possibles et en même temps dénoncer tous ceux qui s’y adonnent ! Mr Griveaux, malheureux candidat du parti présidentiel, à la mairie de Paris vient d’en faire les frais ! On permet de tout faire jusqu’au pire et on condamne ceux qui passent à l’acte. Cette espèce de schizophrénie morale me fait penser à ces mots savoureux de Bossuet, qui fut évêque au XVII° Siècle : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils en chérissent les causes. »
Oui on veut être libre de faire tout ce que l’on veut mais on ne veut pas en assumer les conséquences. On vous veut libre de pouvoir faire ce que vous voulez mais on considère fâcheux que vous passiez à l’acte. Ainsi l’homme livré à lui-même est d’une affligeante tristesse, tiré sans cesse vers le bas vers la fange morale, alors qu’il est appelé à la plus grande gloire ! Celle que Dieu a prévue pour nous de toute éternité. En effet, Dieu nous a créés libre en vue du Bien, du Beau et du Vrai. Ainsi, on ne peut pas se réfugier dans sa misère et sa pauvreté morale pour dire « Dieu m’a fait ainsi, je n’y peux rien » car rappelle le Sage Ben Sira : Dieu n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher.
L’homme autoréférencé va à sa ruine car il est à lui-même sa propre mesure. Celui qui veut viser l’excellence doit tourner son regard vers plus grand et plus parfait que lui, vers Dieu qui seul peut le hisser vers sa pleine réalisation.
Voilà pourquoi, Dieu nous a donné des commandements, juste 10 qui suffisent à mener une vie droite. Cette loi de Dieu, Jésus est venu non pas l’abolir mais l’accomplir. Jésus nous apprend que c’est l’amour qui est le moteur de cette loi. Ainsi être juste par amour permettra à celui qui le vit d’être déclaré grand dans le Royaume des Cieux.
Donc mes amis, notre vie morale est un combat contre le Mauvais. Choisir le Bien, le Beau et le Vrai est une bataille contre l’esprit de ce monde, contre la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction comme l’écrit st Paul aux Corinthiens.
Ben Sira nous l’enseignait déjà 200 ans avant la naissance de Jésus : Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. La force d’exercer notre volonté, de décider d’être fidèles, voilà ce qu’il faut demander dans notre prière à l’Esprit Saint. Demandons-lui l’audace d’avoir une parole qui soit « oui » si c’est « oui », « non » si c’est « non » pour que nos actes et nos paroles soient bien le reflet de nos options morales. Que nos gestes les plus simples ou les plus intimes, que nos paroles les plus anodines ou les plus exposées ne soient mues que par de bonnes et pures intentions. Pour cela nous aurons toujours besoin de l’aide du Seigneur, qui dans son grand amour nous la donne chaque jour dans son Eucharistie. Alors préparons-nous à recevoir cette nourriture nécessaire à notre justification. Amen