homélie 4° dimanche de Carême – A

par le père William GOYARD

Session pour animateurs et formateurs

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents,
pour qu’il soit né aveugle ? »  Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché.
Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.  Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
    Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

    Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »  Les uns disaient :
« C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait : « C’est bien moi. »  Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »  Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit :  ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »  Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

    On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.  À leur tour, les pharisiens lui  demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. »  Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »  Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir.

C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents  et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »     Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle.
    Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
    Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient  publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit :
« Il est assez grand, interrogez-le ! » 

    Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle,
et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »  Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »  Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.  Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »  L’homme leur répondit :
« Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.  Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

    Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »  Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »  Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »  Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.  Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement :
que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
    Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent :
« Serions-nous aveugles, nous aussi ? »  Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles,
vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’,
votre péché demeure. »

 

Ils ne sont pas nombreux à voir clair dans ce passage de l’Evangile de Saint Jean. Tout d’abord l’aveugle né, qui n’a jamais eu la joie de voir la lumière à cause du mal physique qui le frappe. Puis les pharisiens qui prétendent voir et comprendre mais qui n’arrivent pas à ouvrir les yeux sur la véritable identité de Jésus, à cause de leur supériorité et de leur savoir. Et enfin, les parents, qui détournent volontairement leur regard du Christ, par crainte et par lâcheté. Trois attitudes face à l’action que Jésus réalise pour « que les œuvres de Dieu se manifestent ».

Si tout d’abord, les pharisiens semblent admettre la guérison miraculeuse de l’aveugle, très vite ils émettent des doutes sur la réalité du mal qui le touchait : « Après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’il était vraiment aveugle ? ». Et au final, ils s’enferment dans leurs certitudes, refusant toutes les paroles de l’aveugle, renonçant même à rechercher la vérité. Le drame des pharisiens est qu’ils croient voir et ils se ferment ainsi à la Lumière  « Cet homme ne vient pas de Dieu puisqu’il guérit le jour du sabbat », « nous savons, nous, que cet homme est un pécheur ».

Si les pharisiens disent « nous savons !», à l’inverse les parents de l’ex-aveugle déclarent eux : « nous ignorons…et nous ne voulons pas savoir !». Ils se refusent à reconnaitre l’action du Christ pour ne pas compromettre leurs relations, leur place à la synagogue, leur réputation. Par peur, ils s’abstiennent d’émettre une quelconque conviction sur le bien que le Christ a réalisé dans la vie de leur fils.

Quant à l’attitude de l’aveugle-né, elle est plutôt un cheminement. Jésus vient à lui, discrètement. L’homme lui fait confiance et se laisse faire. Jésus lui frotte alors les yeux avec de la boue faite de sa salive et de la terre, de la même manière que Dieu avait modelé l’homme, lors de la création, avec de la glaise et lui avait insufflé son haleine de vie. Jésus montre ainsi qu’il est l’envoyé de Dieu qui vient parfaire la création en permettant aux aveugles de voir, de Le voir et de Le reconnaître pour leur donner la vie en plénitude. Cependant, pour cela, Jésus demande la collaboration de l’homme : « va te laver à la piscine de Siloé ». L’homme s’exécute et retrouve la vue. Et c’est alors qu’il est entrainé dans une série de témoignages malgré lui. Dans un premier temps il ne sait rien de Jésus. Il ne cherche pas à savoir, mais à comprendre l’action du Christ. Il réalise en témoignant, que si Jésus a pu lui rendre la vue, c’est qu’il agit pour Dieu, c’est qu’il est un prophète. Puis de retour face au Christ, celui-ci l’invite à affirmer sa foi en se révélant ouvertement à lui : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant Lui.

Ainsi les yeux de l’aveugle se sont ouverts et il reconnaît la véritable identité du Christ, Fils de Dieu. Par sa confiance et son obéissance, il a été libéré du mal qui l’enfermait et s’ouvre à la Lumière.

« Qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? », cette question initiale des disciples concernait l’aveugle né. Et si les disciples posent cette question, c’est qu’à l’époque du Christ, on ne différenciait pas le mal subit et le péché. Tout mal, aussi bien moral que physique, était réputé provenir du péché de l’homme. Pour les contemporains de Jésus, toute personne victime du mal ne le devait qu’à sa conduite peccamineuse ou celle de ses proches. Jésus, par ses paroles fait la différence entre le péché de l’homme et le mal dont l’innocent est victime.

Si, dans la réponse qu’il fait à la question des disciples le Christ ne donne pas d’explication sur le mal qui frappe aveuglément, c’est justement parce qu’il n’y en a aucune. Ce mal subit est inexplicable, incompréhensible et c’est même la raison pour laquelle il sème le trouble dans la conscience de l’homme et va même parfois jusqu’à ébranler sa foi. Le Christ, par sa mort et sa résurrection nous a montré que la réponse à apporter au mal n’est pas intellectuelle (pour le comprendre) mais existentielle. Notre réponse personnelle au mal qui nous frappe doit être de tourner notre regarde vers le Bien révélé en Jésus-Christ, de se laisser envahir par lui et d’y engager toute notre existence. Pour dépasser le mal, le Christ nous invite à nous laisser faire, à L’accueillir. Il nous invite à nous attacher fermement à Lui dans la foi et à Le suivre dans son mystère pascal, pour, comme Lui et avec Lui, vaincre le mal et la mort et atteindre la plénitude de la Vie.

Comme le rappelle le Christ, le véritable aveuglement, c’est le péché qui enferme l’homme dans les ténèbres du mal, qui l’empêche d’accueillir la lumière salvifique, qui l’empêche de s’unir à Lui, le Sauveur.

Dans ces temps ténébreux où un mal aveugle semble nous assaillir, nous remettant face à notre vulnérabilité, demandons au Seigneur de venir illuminer nos ténèbres, d’ouvrir nos yeux pour toujours mieux Le suivre, toujours mieux s’attacher à Lui dans la foi, Lui qui a dit : «  Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la Vie ».

 

Ne pouvant pas  recevoir la Communion Sacramentelle, faite un acte de communion spirituelle en disant : 

Mon Jésus, je crois que vous êtes ici présent dans le Saint-Sacrement. Je vous aime par-dessus tout chose et je désire ardemment vous recevoir dans mon âme.

Puisque je ne puis, à cette heure, vous recevoir sacramentellement, venez au moins spirituellement dans mon cœur.

Comme si vous y étiez déjà présent, je vous adore et tout entier je m’unis à vous. Ne permettez pas que je me sépare jamais de vous.

Jésus, mon bien, mon doux amour, enflammez mon cœur d’amour, afin qu’il brûle toujours d’amour pour vous.

Chérubins, Séraphins qui, adorez Jésus au Saint-Sacrement, nuit et jour, priez pour nous et donnez-nous la sainte bénédiction de Jésus et de Marie.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.