par le père Christian PANOUILLOT
Une mise en quarantaine, un rebondissement à la mi-carême.
Nous sommes entrés en quarantaine, « restez chez vous », tel est l’ordre avec des dérogations pour des raisons de stricte nécessité. Nous sommes à la maison seul, en famille, depuis une semaine déjà. Des neuvaines sont organisées, les Messes sont célébrées et retransmises, des téléphones sont donnés pour prendre des nouvelles, pour s’entraider. Nous portons les malades et le corps soignant dans notre prière vers Dieu, Père de toutes miséricordes.
Nous étions cependant déjà entrés en quarantaine, comme chaque année, mais l’épidémie lui donne une plus grande radicalité.
Le carême (qui veut dire quarantaine) est un temps de préparation qui aboutit à la Nuit Pascale. Dans le silence de nos églises obscures s’avance le cierge pascal « Lumen Christi » (lumière du Christ) en trois fois. Les catéchumènes font profession de foi et sont baptisés. Les baptisés renouvellent leur Foi en Dieu, le Père, le Fils, et le Saint Esprit, et renoncent au Mal. Puis c’est aussi la Communion Eucharistique avec le Pain nouveau consacré durant cette messe. Tout est nouveau, et il nous entraine au renouveau.
Cette mise en quarantaine est une invitation à reconsidérer tout ce qui nous semblait important ou primordial dans notre vie. Et lors de l’Evangile du mercredi des cendres, qu’avons nous entendu ?
« Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra »(Math 6,..)
Jésus aussi nous donne cette consigne de rentrer non dans la maison, mais dans notre maison, d’entrer dans notre coeur, d’entrer dans notre intériorité pour prier le Père. La prière consiste à se retirer du monde qui nous entoure pour se mettre en présence du Père, à l’image de son Fils qui lui aussi se retirait pour prier son Père. Se mettre en présence de Dieu et se laisser habiter par l’Esprit saint est un exercice de toute une vie. Revenir au silence pour intérioriser la Parole de Dieu afin qu’elle soit réellement marquée dans notre intelligence, dans notre coeur, et qu’elle demeure sur nos lèvres.
Cette prière s’appelle l’oraison mentale. St François de Sales la définit comme étant « une amoureuse, simple et permanente attention de l’esprit aux choses divines » (Traité de l’amour de Dieu )
La Vierge Marie est un exemple de contemplation des mystères de la vie de Jésus pour nous, car à plusieurs reprises, st Luc nous dit « Elle conservait toutes ces choses et les méditait dans son coeur » ( vous pouvez vous reportez à la crèche Lc 2,22 lors du recouvrement de Jésus au temple ( LC 2, 41-52) ) (vous pouvez lire ces textes).
Les disciples eux-même demandent à Jésus de leur apprendre à prier (Lc 11,1)
voici quelques textes supplémentaires :
Maria Valtorta (http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta04.htm)
» Sois-en bien sûr, Marie : dans la joie comme dans la douleur, dans la paix comme dans la lutte, notre âme a besoin de se plonger tout entière dans l’océan de la méditation pour reconstruire ce qu’abattent le monde et les vicissitudes de la vie et pour créer de nouvelles forces pour s’élever toujours davantage. En Israël, nous usons et abusons de la prière vocale. Je ne veux pas prétendre qu’elle est inutile et mal vue de Dieu. J’affirme pourtant que l’élévation mentale vers Dieu est beaucoup plus utile à l’âme. Par la méditation, nous arrivons à prier réellement, c’est à dire à aimer, en contemplant la divine Perfection et notre misère, ou celle de tant de pauvre âmes, non pas pour les critiquer, mais pour les plaindre et les comprendre, et pour remercier le Seigneur qui nous a soutenues pour nous empêcher de pécher, ou nous a pardonné pour ne pas nous laisser par terre. car pour que l’oraison soit réellement parfaite, elle doit être amour. Autrement, c’est une agitation des lèvres d’où l’âme est absente. »
Dans l’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis (https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Imitation/index.html)
« 1. Jésus-Christ: Mon fils, écoutez mes paroles, paroles pleines de douceur, et qui surpassent toute la science des philosophes et des sages du monde.
Mes paroles sont esprit et vie, et l’on n’en doit pas juger par le sens humain.
Il ne faut pas en tirer une vaine complaisance, mais les écouter en silence et les recevoir avec une humilité profonde et un ardent amour.
2.Le fidèle: Et j’ai dit: Heureux celui que vous instruisez, Seigneur, et à qui vous enseignez votre loi, afin de lui adoucir les jours mauvais, et de ne pas le laisser sans consolation sur la terre. »(Imitation de Jésus Christ, Livre troisième, verset 1 & 2)
Quelques pistes d’orientation pour éclairer notre conscience :
- Peut-être que cette quarantaine peut nous permettre de prendre conscience de ce qui nous empêche de nous recueillir, de prendre le temps de nous mettre en présence du Seigneur dans le secret de nos coeurs ?
2.Peut-être avons nous eu des prières où le coeur à coeur avec le Seigneur était profond ? Est-ce que je reviens sur ces expériences fondamentales pour ma vie chrétienne ?
- Qu’est-ce qui dans ces textes est parlant pour moi ?
- Est-ce que je pense à faire des visites au St Sacrement, physiquement ou en esprit ?
- Qu’est-ce qui m’empêche de goûter le silence intérieur avec le Seigneur ?
Si vous le souhaitez échanger voici mon adresse mail et nous aviserons de ce qui est le plus confortable pour vous : christian_charles@mac.com