par le père Arnaud Brelot
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Marthe et Marie, que l’on oppose si souvent à cause du récit où Marthe reproche à Marie de demeurer aux pieds de Jésus pendant qu’elle s’occupe seule du service, ont dans ce récit une attitude commune face à la mort de leur frère. Toute deux vont à la rencontre de Jésus pour lui faire le même reproche : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Ce reproche nous l’avons entendu des dizaines de fois de la bouche de ceux qui ont perdu un être cher. « Il était où ton Dieu quand mon enfant, ma femme, etc… a lutté et perdu contre la maladie, lors de son accident, etc. » Et bien souvent, au mieux nous balbutions une réponse évasive ou nous gardons le silence…
Trois remarques me viennent :
1/ Cette parole est légitime, et Jésus ne la disqualifie pas. Se révolter contre la mort d’un proche, contre une injustice n’est pas un pécher, c’est même une étape indispensable pour pouvoir avancer plus avant. Il faut qu’une parole de reproche contre Dieu puisse être dite pour que l’image de Dieu qui est véhiculée soit rejetée. Notre Dieu n’est pas un sadique qui joue à faire souffrir les gens, il ne manipule pas les humains selon son bon vouloir. Il est en Jésus, Dieu parmi nous, Dieu au milieu des hommes, Dieu vraiment homme venu partager nos joies et nos peines.
2/ Jésus est bouleversé. Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé. Jésus se laisse toucher par la peine de Marie et ressent aussi certainement sa propre peine car Lazare est aussi son ami. Si il est pleinement homme, Jésus l’est aussi dans l’expérience de la peine que provoque la mort d’un proche. Pleurer avec ceux qui pleurent, voilà d’abord l’attitude à avoir. Entendre et recevoir la souffrance des autres avant de lui donner une explication. Le cœur affligé comme l’estomac vide empêche de croire. Il faut d’abord nourrir et apaiser avant de catéchiser !
3/ Jésus a les Paroles de la vie. Si Jésus reçoit le blâme de Marthe et Marie, si il pleure avec elles, il est aussi celui qui réoriente leur foi ; comme il réoriente la foi de ceux qui sont blessés par la séparation subite de l’être cher. Il affirme seulement ce qu’il est : Moi, je suis la résurrection et la vie. Il est non pas celui qui empêche de passer par la mort mais celui qui fait vivre au-delà d’elle : Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Jésus est venu transformer la mort en passage vers la vie. Notre foi transforme l’espace confiné de nos tombes en portes vers la Vie. Et Jésus nous affirme même que c’est dès cette vie que cela se passe : quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Celui qui dès maintenant vit en Christ et croit en Christ a déjà un pied non pas dans la tombe mais dans le Royaume de Dieu. Voilà pourquoi Jésus insiste auprès de Marthe : Crois-tu cela ? Il faut un acte de foi pour saisir que le passage que Jésus ouvrira par sa mort et sa résurrection est aussi pour chaque croyant. Et pour chaque croyant dès aujourd’hui. Marthe pose donc un acte de foi absolu, avant même que le Seigneur ait vécu sa Passion, elle croit à sa victoire : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde
Conclusion. : Lazare signifie « Dieu a secouru ». Lazare c’est donc aussi chacun de nous quand nous laissons Dieu nous sauver. Oui le Christ seul peut nous sortir du confinement total qu’est le séjour des morts. Car sa Vie est plus forte que la mort et à chacun de nous, au jour du grand passage il dira, comme à Lazare « Viens dehors ». Et pour que nous puissions sortir vers la Vie, c’est lui qui vient vivre confiné en nous par la communion à son corps ; Il est le confiné-volontaire qui permet que nous puissions au jour de notre naissance au ciel, jaillir vers la Vie ! Alors humblement redisons-Lui, en ce temps de jeûne eucharistique imposé : Seigneur j’ai besoin de toi, je désire recevoir ta vie ! Amen
ACTE POUR LA COMMUNION SPIRITUELLE
Mon Jésus, je crois que vous êtes ici présent dans le Saint-Sacrement. Je vous aime par-dessus tout chose et je désire ardemment vous recevoir dans mon âme. Puisque je ne puis, à cette heure, vous recevoir sacramentellement, venez au moins spirituellement dans mon cœur.
Comme si vous y étiez déjà présent, je vous adore et tout entier je m’unis à vous. Ne permettez pas que je me sépare jamais de vous.
Jésus, mon bien, mon doux amour, enflammez mon cœur d’amour, afin qu’il brûle toujours d’amour pour vous.
Chérubins, Séraphins qui, adorez Jésus au Saint-Sacrement, nuit et jour, priez pour nous et donnez-nous la sainte bénédiction de Jésus et de Marie.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.