par le père William Goyard
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, quand Lazare fut sorti du tombeau, beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. » Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. C’est pourquoi Jésus ne se déplaçait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. Or, la Pâque juive était proche, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la Pâque. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter.
Les autorités religieuses ont peur, elles paniquent même. En effet, les signes de plus en plus grandioses de Jésus interpellent les foules et risquent de faire naitre un mouvement populaire que l’occupant romain ne manquerait pas d’écraser dans le sang. Par conséquent, la décision du Sanhédrin est clair : Jésus doit mourir. « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. ». Et c’est tout à fait ce qu’il va se passer.
Cependant, dans la bouche de Caïphe, cette déclaration a pour but de légitimer l’homicide d’un innocent pour la survivance du groupe. Alors que la mort de Jésus est d’un autre ordre. Elle est bien la mort d’un seul pour l’ensemble, mais ce n’est pas le choix du groupe de prendre la vie d’un innocent, mais c’est le choix libre d’un homme qui sacrifie sa vie pour tous ceux qui seraient perdus sans ce sacrifice. « Ce n’est pas vous qui prenez ma vie, dit Jésus. Ma vie, nul ne me la prend. C’est moi qui la donne ».
A vrai dire, la mort du Christ, c’est un peu les deux. D’une part, il a été rejeté par les siens et condamné à mourir sur la croix, mais surtout il a donné sa vie en rançon pour la multitude.
Et notre vie, c’est également aussi un peu les deux : nous nous laissons facilement emporter par ce qui semble être l’intérêt commun en oubliant de faire la volonté de Dieu comme lui la souhaite. Par là, nous faisons œuvre de mort là où la vie est espérée. Mais nous sommes appelés surtout au don sans limite, et nous savons que Dieu compte sur nous et sur le sacrifice de nous-même pour le bien du monde. Là, nous faisons œuvre de vie en aidant le monde à vivre de l’amour de Dieu qui passe par nous. Le Christ nous montre le chemin.