par le père Christian Panouillot
La Cène du Seigneur.
Le jeudi saint nous introduit dans le « triduum Pascal », les trois jours qui nous conduisent à Pâques. – « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que sont heure était venue de passer de ce monde à son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin »(Jn 13,1) Le jeudi saint le Seigneur Jésus institue le sacrement de l’Eucharistie, au cours d’un repas sacrificiel, distinct du repas de la Pâque. Il s’offre déjà spirituellement ce soir là dans le contexte liturgique de la Pâque juive.
Seul saint Jean ne fait pas explicitement référence au récit de l’institution de l’Eucharistie dans la salle du Cénacle, parce qu’elle se déploie tout au long de son Evangile, depuis les noces de Canna.
Pour exprimer sa Passion Jésus utilise le terme « mon heure » vers laquelle son œuvre, sa mission sont orientées depuis le début de sa vie publique (cf2,4). « Les deux points culminants de « son heure » sont : « l’heure du passage » et « c’est l’heure de l’amour (agapè) « Il les aima jusqu’à la fin » « Ces deux expressions s’éclairent mutuellement et sont indissociables » J. Ratzinger.
« Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ses amis, vous êtes mes amis ». Jn 15,13. En instituant le sacrement de l’Eucharistie « corps livré et sans versé » le Maître et Seigneur institue également le sacrement de l’ordre (le sacerdoce) qui sont les dons de son amour. Cet amour de Jésus est confié à son Eglise afin qu’elle puisse le rayonner dans le monde qui est le sien.
« Par un acte symbolique Jésus manifeste l’’ensemble de son service salvifique. Il se dépouille de sa splendeur divine, il s’agenouille pour ainsi dire devant nous, il lave et sèche nos pieds sales pour nous rendre capable de participer au banquet nuptial de Dieu. » … « Un des gestes les plus bouleversants de Jésus , s’arrêtant devant chacun de ses disciples, un à un, chacun dans sa singularité se voit inviter par Jésus serviteur d’entrer dans son amour qui nous purifie. » Ratzinger.
Ainsi en est-il du prêtre. Le Pape François disait lors d’un jeudi saint dans une prison : “Le pape arrive. Le chef de l’Église…” Non, le chef de l’Église, c’est Jésus, ne plaisantons pas ! Le pape c’est la figure de Jésus, et je voudrais faire ce que Lui a fait… C’est un renversement : celui qui semble le plus grand doit faire un travail d’esclave, mais pour semer l’amour ». Et d’exhorter alors les détenus : « Je ne vous dis pas d’aller aujourd’hui vous laver les pieds les uns les autres : ce serait un jeu. Mais le symbole, la figure, oui : je vous le dis, si vous pouvez apporter une aide, accomplir un service, ici, en prison, à vos camarades, faites-le ».
Le faire oui, mais à condition de le faire dans l’Esprit de Jésus : C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Jn 13,15.
Saint Paul prendra a son compte ce qu’est la charité chrétienne en Corinthiens 13 Ce magnifique hymne à la charité : « Si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’un cuivre qui sonne ou une cymbale qui retentit… ». En langage d’aujourd’hui : « Si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’un homme ou une femme de blablabla ! »
Nous voyons que le mot « charité » est substitué par « amour » parce qu’il serait dénaturé. Et si ce ne serait pas la charité, elle-même qui est devenue dénaturée pour ne devenir qu’une action bonne, sans amour de la part de celui qui donne ?
« L’Amour c’est le sentiment qui porte l’homme vers l’autre, il est représenté par le cœur qui est au centre de l’être humain, au plus profond de lui, dans sa poitrine. La Charité, CARITAS, ce sont les mains et les pieds de cet Amour intérieur… ».
L’Église se relèvera lorsqu’elle sera attentive et saura répondre aux diverses pauvretés d’aujourd’hui. La Charité rend Dieu présent, réellement.
Que nos familles, nos communautés paroissiales soient elles aussi des lieux où nous pouvons expérimenter l’amour du Seigneur : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn 13,35)
Enfin la charité « lavera nos vêtements » Apocalypse : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. » »(7,14) , et les Maître et Seigneur pourra dira aux élus : « Venez les bénis de mon Père… chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont les miens c’est à moi que vous l’aurez fait » (Mat 25)
A Taizé, un refrain « UBI CARITAS ET AMOR DEUS IBI EST ». De nos jours ces paroles latines résonnent de plus belle dans toutes les églises du monde, surtout là où il y a des jeunes. « Là où sont la Charité et l’Amour Dieu est présent. »
https://youtu.be/G2o27qpvfUc
Ce refrain n’a rien perdu de son aspect méditatif, qui avait inspiré l’auteur de « UBI CARITAS » un moine de l’abbaye de St Gall (Suisse) au 8°siècle.
Vous pouvez reprendre ce texte pour votre méditation.
Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.
L’amour du Christ nous a rassemblés et nous sommes un.
Exultons et réjouissons-nous en lui.
Craignons et aimons le Dieu vivant
et aimons-nous les un les autres d’un cœur sincère.
Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.
Ne formons donc tous qu’un seul corps :
Ne soyons pas divisés de cœur, prenons garde.
Cessent les querelles méchantes, cessent les disputes.
Et que le Christ soit au milieu de nous.
Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.
Qu’avec les bienheureux, nous voyions
Votre glorieux visage, ô Christ Dieu,
Joie immense et divine ;
Pendant la durée infinie des siècles. Ainsi soit-il.
https://youtu.be/b_QEP-RHYLY
Ubi caritas et amor, Deus ibi est.
Congregavit nos in unum Christi amor.
Exsultemus, et in ipso jucundemur.
Timeamus, et amemus Deum vivum.
Et ex corde diligamus nos sincero.
Ubi caritas et amor, Deus ibi est.
Simul ergo cum in unum congregamur:
Ne nos mente dividamur, caveamus.
Cessent iurgia maligna, cessent lites.
Et in medio nostri sit Christus Deus.
Ubi caritas et amor, Deus ibi est.
Simul quoque cum beatis videamus,
Glorianter vultum tuum, Christe Deus:
Gaudium quod est immensum, atque probum,
Saecula per infinita saeculorum. Amen.