par le père William Goyard
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
LE CHRIST EST RES-SU-SCI-TE !
Dans la joie de Pâques ; nous allons dire et répéter, chanter et proclamer « Christ est ressuscité des morts ! » mais qu’est ce que cela veut dire? que signifie « ressuscité des morts» ? la réponse peut être sommaire en affirmant que le Christ était mort et qu’il est de nouveau vivant. Mais alors il serait possible de comprendre qu’il ne s’agirait, comme le dit de manière ironique un théologien allemand, que de « la réanimation d’un cadavre », comme Jésus l’a fait miraculeusement pour Lazare, pour le fils de la veuve de Naïm et pour la fille de Jaïr, et ils sont morts de nouveau. Et s’il ne s’agit que du retour à la vie d’un homme, il y a deux mille ans, qu’est-ce que cela peut nous apporter à nous qui vivons en 2020 ?
En fait, pour Jésus, il ne s’agit pas de cela. Jésus n’a pas simplement retrouvé sa vie humaine. La preuve en est, c’est qu’après sa résurrection Jésus n’est pas revenu à une vie normale. Même s’il se fait reconnaître par ses disciples, même s’il montre son corps martyrisé par la crucifixion, même s’il se laisse toucher par eux, même s’il mange avec eux du poisson près du lac de Tibériade, Jésus a de nouvelles capacités : dans son corps qui est authentique et réel (il n’est pas un esprit), il possède en même temps des propriétés nouvelles : Il n’est plus situé dans l’espace et le temps : Il se rend présent à sa guise où et quand il veut, à Jérusalem, à Emmaüs, en Galilée. Il se fera présent à certains de ses disciples sans être reconnu, sous d’autres traits : les disciples d’Emmaüs, Marie-Madeleine qui le prend pour le jardinier et qui ne reconnaitra que sa voix lorsqu’il l’appelle « Marie ». La résurrection de Jésus, n’est pas un retour pur et simple à la vie humaine, c’est une nouvelle existence. Dans la Résurrection du Christ, le corps de Jésus est rempli de la puissance du Saint-Esprit : Il participe à la vie divine dans l’état de gloire, il vit maintenant dans un corps glorieux, Saint Paul pourra dire qu’il est « l’homme céleste »(1Co15, 35-50).
Et pourquoi lui, le pauvre charpentier de Nazareth, a-t-il pu échapper à la mort et à la corruption et revivre de cette manière particulière? C’est parce qu’il est réellement le Fils de Dieu, le Messie annoncé par les Ecritures, celui que le Père envoie dans le monde.
Et c’est pourquoi Pâques est au centre de notre foi. En relisant les Ecritures après la Résurrection, en se souvenant des paroles du Christ, avec l’éclairage de la passion et du tombeau vide, les disciples ont pu découvrir que la victoire du Christ était annoncée. Par cette victoire sur la mort, Jésus de Nazareth se révèle comme l’envoyé de Dieu. Et cet évènement vient en quelque sorte découvrir tout ce qui était jusqu’alors voilé. Si Jésus était resté au tombeau, s’il était mort comme tout le monde, cela aurait attesté qu’il était un homme comme un autre, un sage peut-être, mais pas le Fils de Dieu. Ce qui fera dire à St Paul « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. »(1Co15,14). Mais par sa résurrection le Christ se révèle comme étant véritablement le Messie qui vient accomplir les Ecritures.
Mais au-delà de cette compréhension, de cet éclairage que la résurrection du Christ vient donner à sa vie, à ses paroles et à tout l’Ancien Testament, cela ne prouve pas la réalité de la résurrection. Cela ne prouve pas que Jésus, de lui-même est sorti du tombeau et qu’il est maintenant vivant. Personne n’a assisté à la Résurrection et la seule preuve qui en est donnée est le tombeau vide. Faible preuve qui peut être interprétée de différentes façons, et qui a été interprétée de différentes façons, depuis toujours, déjà le matin de Pâques. Il y a ceux qui ont cru et il y a ceux qui n’ont pas cru. Il y a ceux qui ont fait un acte de foi et ceux qui ne le font pas. Ceux qui refusent de reconnaître la réalité de la résurrection pensent que la vie de Jésus s’est terminée sur la croix. Par contre, ceux qui confessent que le Christ est vivant, qu’il participe à la Gloire de Dieu et qu’il se fait présent à tout homme qui l’accueille dans la foi, ces derniers savent qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps comme il l’a promis à ses disciples au jour de l’Ascension.
Si nous y réfléchissons un peu, au fond de nous-même nous n’avons qu’un seul désir, qu’une seule espérance, que nous demandons tous les jours à Dieu dans le Notre Père : « Que ton règne vienne ». Oui c’est le règne de Dieu, la plénitude de sa présence en nous, sa vie, sa paix et sa joie profonde que nous désirons tous, et cela ne se réalise pleinement que dans la rencontre avec le Christ Ressuscité. « L’homme sans le Christ n’est que poussière et ombre » écrivait Saint Paul de Nole un Père de l’Eglise. C’est la présence du Christ en nous qui nous donne la vie en plénitude et qui donne sa véritable dimension à notre existence, même dans les tâches les plus quotidiennes. C’est parce qu’il est ressuscité que cette rencontre, que cette union peut avoir lieu. En fait, c’est grâce à la mort et la Résurrection du Christ que nous pouvons recevoir la vie divine en nous, cette vie qui est éternelle et qui nous conduira à la résurrection glorieuse à la suite du Christ. Et ainsi se réalise les paroles du Christ : « je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en plénitude » (Jn10,10).
Ceux qui croient en Lui, qui s’unissent à Lui dans la prière et les sacrements et qui se laissent habités par sa présence savent bien qu’il est vivant et agissant, ils savent bien que le Christ peut transformer une vie, l’habiter, l’épanouir. Ils ont la preuve de la résurrection en eux, ils en sont témoins et ils peuvent proclamer que LE CHRIST EST VRAIMENT RES-SU-SCI-TE !
ALLELUIA !