par le père William Goyard
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Quand nous lisons le récit des événements qui ont fait suite à la résurrection du Christ, nous sommes rassurés.
Tous semble perdu, les disciples ont peur, ils sont même terrorisés par la mort de Jésus (ce qui se comprend aisément). Ils craignent pour leur propre vie et se cachent pour que les Juifs ne les traitent pas de la même manière que le Christ. Ils ont peur de la souffrance et de la mort. Mais ils ont peur aussi du manque que va constituer l’absence de Jésus dans leur vie. Cet homme en qui ils avaient mis leur confiance, qu’ils avaient suivi sur les routes de Palestine, cet homme qui avait bouleversé leur vie par ses paroles et par ses actes. Ils ont peur de l’épreuve que va constituer la reprise d’une vie normale et du vide de leur vie à venir.
Mais ils ont aussi la tristesse du regret. Le regret d’avoir abandonné leur Maître à son triste sors et ne pas l’avoir suivi jusqu’au bout comme ils l’avaient promis. Et Pierre l’a même renié à trois reprises affirmant qu’il ne le connaissait pas. Les disciples ont un sentiment de honte et de dégoût d’eux-mêmes devant leur lâcheté, devant leur faiblesse coupable.
Et en plus, ils sont déçus : déçus de voir Jésus de Nazareth finir sa vie exécuté comme un bandit, alors qu’ils croyaient en lui, alors qu’ils attendaient de lui la délivrance d’Israël, alors qu’il affirmait lui-même qu’il était avec Dieu et que Dieu était avec lui. Mais, les soldats l’ont saisis, l’ont frappés, l’ont humiliés, l’ont crucifié sans qu’il ne réagisse… et sans que Dieu n’intervienne.
Les disciples sont écrasés par la peur, la honte, et l’échec, car c’est un grand échec… apparemment.
Alors qu’ils sont dans leur misère, isolés, déboussolés…Jésus vint au milieu d’eux et leur dit « la Paix soit avec vous ». Et là, leur joie est immense, mais elle est retenue et hésitante à cause de leur difficulté à croire. Complètement enfermés dans leur tristesse et leur désespoir, ils ne peuvent s’ouvrir à la réalité de la Résurrection et refusent dans un premier temps d’admettre une telle chose. Celui qu’ils croyaient mort, le voilà au milieu d’eux, ils peuvent le toucher, partager avec lui leur nourriture. Cet événement est trop surprenant pour eux, ils sont déconcertés, et pour y croire, pour ne pas penser que c’est un mirage, Jésus se laisse toucher, et les disciples constatent ébahis qu’il a bien des os et une chair, et que c’est bien le corps du crucifié qu’ils côtoient.
Et notre foi repose sur leur témoignage. Et c’est en cela que nous devons être rassurés, car ce qui nous est rapporté au sujet de l’attitude des disciples nous montre que la résurrection du Christ n’est pas un mythe, pas une construction faite de toute pièce, ce n’est pas une invention des apôtres. Car le texte nous montre que les apôtres ont été les premiers surpris de la résurrection du Christ, qu’ils ont été les premier à avoir du mal à croire à une chose pareille, et que leur doute était réel.
Et ce témoignage des apôtres a traversé les siècles, porté par l’Eglise à toutes les nations. Et ce témoignage d’hommes simples, réagissant simplement et rencontrant le Fils de Dieu leur apparaissant dans sa grande simplicité, c’est ce témoignage qui a permis à des générations de croyants d’entrer en relation avec le Christ, de le reconnaître, de croire en lui même sans le voir.
L’attitude des disciples face à la résurrection du Christ doit aussi nous rassurer dans nos difficultés. Car c’est au milieu de leur nuit, de leur crainte, de leur désespoir, que le Christ se manifeste et vient à leur secours. Il se fait présent à ses apôtres, pour les aider à avancer dans la confiance, il vient dissiper leurs peurs, leurs angoisses et leurs regrets. Alors nous-aussi n’ayons plus de crainte car le Christ Ressuscité est là présent, agissant et sa résurrection vient nous ressusciter. AMEN