par le père Christian Panouillot
« Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire
dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit » (liturgie)
Le cierge pascal décrit par la liturgie comme une colonne de cire « fruit du travail des abeilles » est béni marqué, allumé pendant la Vigile de Pâques. Sa pratique remonte au IV°s avant d’être définitivement institué un siècle plus tard.
Les cierges ont eu un effet pratique dans les premières liturgies chrétiennes, parce que la liturgie à Rome, par exemple, avait lieu dans les catacombes.
« Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8, 12) Les bougies, associées à cette lumière du Christ, occupèrent donc une place de plus en plus importante dans les offices.
« La tradition du cierge pascal découle très probablement de celle du Lucernaire (du latin lucerna, lampe), cet office du soir par lequel les premiers chrétiens entamaient la vigile précédant le dimanche, et notamment le dimanche de Pâques. Ce rituel du Lucernaire était lui-même probablement inspiré de l’usage qu’avaient les Juifs d’allumer des lampes au début du sabbat. C’est donc un rituel très ancien. Dans le rituel du Lucernaire, la lumière destinée à dissiper les ténèbres de la nuit, splendeur du Père, lumière indéfectible, était offerte au Christ. Ce rituel introduisant le dimanche était célébré avec une solennité particulière lors de la vigile pascale », explique frère Edward McNamara, professeur de liturgie à l’université Regina Apostolorum.
La lumière
« Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit. » Le cierge représente le Christ, lumière du monde.
La flamme
Elle évoque « la colonne de feu » ouvrant la voie au peuple d’Israël fuyant les Egyptiens (Ex 13,21) qui est évoqué dans le chant de l’Exultet : « c’est la nuit où le feu d’une colonne lumineuse repoussait les ténèbres du péchés »
la croix
La croix est le signe de la victoire de Jésus sur la mort. Si sur l’autel la croix est entouré des cierges c’est pour signifier que la victoire de Jésus rayonne sur le monde.
l’alpha (A) et l’oméga (Ω)
Ces deux lettres grecques se trouvent dans l’iconographie chrétienne. Elles font référence à ces paroles de l’Apocalypse : « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. A celui qui à soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement. Tel sera l’héritage du vainqueur, je serai son Dieu, et lui sera mon fils »(21, 6-7)
Jésus est le commencement et la fin de toute chose.
l’année
dans chacun des angles formés par la croix sont inscrits les chiffre de l’année en cours.
Avant d’allumer le cierge, le prêtre trace la croix, l’alpha et l’oméga ainsi que le chiffre du millésime de l’année et dit : « Le Christ hier et aujourd’hui, commencement et fin de toute chose, alpha et oméga, à lui le temps et l’éternité, à lui la gloire et la puissance, pour les siècles sans fin. Amen »
les grains d’encens
Une fois le cierge allumé à partir du feu nouveau, le prêtre implante à chaque extrémité de la croix cinq grains d’encens qui symbolisent les plaies du christ en disant « Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur nous garde et nous protège. Amen »
son utilisation
Le cierge pascal est allumé durant toute la période du temps pascal c’est à dire de la vigile pascale jusqu’à la fête de la Pentecôte.
Il est rallumé pour les baptême où sa lumière est donnée aux parrain et marraine, qui ont la responsabilité de veiller sur la foi de l’enfant, que la lumière de la foi ne s’éteigne pas. Il est aussi placé lors des obsèques pour manifester que notre espérance en la vie éternelle est le Christ ressuscité.
« Les prières liturgiques nous renseignent sur le sens spirituel du cierge pascal : il représente en tout le Christ. Éteint, il est l’image du Christ au tombeau, inanimé. Allumé et dressé, il symbolise le Christ, ressuscitant dans la gloire. Les grains d’encens enfoncés par le prêtre font allusion aux plaies du Christ, ses plaies glorieuses. Ils figurent aussi les aromates que les saintes femmes ont apportés au tombeau pour embaumer le corps du Christ. La procession pascale, guidée par la lumière du cierge, nous rappelle, comme l’indique l’Exultet, la nuit où les fils d’Israël étaient guidés par une colonne de feu.
Ainsi les chrétiens, à leur tour, suivent le Christ en sa Résurrection. Dans la prière de l’Exultet, le symbolisme de la lumière est très développé. Cette dernière est l’image de la paix répandue sur les hommes, car elle dissipe les ténèbres du mal dans notre cœur et dans notre esprit. Enfin, le cierge pascal, colonne de cire, fruit du travail des abeilles, est l’offrande solennelle de la création nouvelle que l’Église présente à Dieu par les mains du diacre. C’est toujours le diacre, en principe, qui porte le cierge, qui chante l’Exultet, non le prêtre ou l’évêque. » (extrait du site communauté st Martin)
pour aller plus loin
Le cierge pascal n’est pas un cierge comme un autre. Avec la nouvelle configuration de nos paroisses, s’il faut en bénir de plusieurs églises paroissiales, on n’en portera qu’un seul en procession et un seul se dressera dans le chœur. Les autres pourront être allumés à la lumière du cierge pascal lors de l’allumage des cierges de l’autel, durant les lectures de la Vigile. Cela permettrait de marquer le lien entre les paroisses. On ne peut pas recommander, sauf en cas d’extrême pauvreté, de réemployer d’une année sur l’autre le même cierge pascal. Cela trahirait le symbolisme fondamental de la Vie nouvelle du Ressuscité. Mieux vaut alors se contenter d’un cierge neuf de taille plus modeste !
A la maison, nous pouvons allumer un cierge qui rappelle que le Seigneur Jésus est ma lumière. Sa lumière éclaire et réchauffe l’intérieur de notre âme, comme une présence au plus intime de nous même. Toujours la mèche va vers le haut parce que comme dit Saint Paul, les enfants de lumière « cherchent les réalités d’en haut car c’est là qu’est le Christ assit à la droite du Père » ( Col 3,1…).
Traversons nous aussi cette épreuve qui nous est proposée avec Jésus Glorieux, que sa lumière divine éclaire nos découragements peut-être, et que notre attention portée aux uns et aux autres soit la lumière de la charité qui se transmet de la même manière que nous le célébrons à la Vigile de Pâque.
Chantons à la maison la joie du Christ ressuscité :
Exultet !
Nous te louons, splendeur du Père. Jésus, Fils de Dieu.
Qu’éclate dans le ciel la joie des anges !
Qu’éclate de partout la joie du monde
Qu’éclate dans l’Eglise la joie des fils de Dieu
La lumière éclaire l’Eglise,
La lumière éclaire la terre, peuples, chantez !
Voici pour tous les temps l’unique Pâque,
Voici pour Israël le grand passage,
Voici la longue marche vers la terre de liberté !
Ta lumière éclaire la route,
Dans la nuit ton peuple s’avance, libre, vainqueur !
Voici maintenant la Victoire,
Voici pour Israël le grand passage,
Voici la longue marche vers la terre de liberté !
Ta lumière éclaire la route,
Dans la nuit ton peuple s’avance, libre, vainqueur !
Voici maintenant la Victoire,
Voici la liberté pour tous les peuples,
Le Christ ressuscité triomphe de la mort.
Ô nuit qui nous rend la lumière,
Ô nuit qui vit dans sa Gloire le Christ Seigneur !
Amour infini de notre Père,
suprême témoignage de tendresse,
Pour libérer l’esclave, tu as livré le Fils !
Bienheureuse faute de l’homme,
Qui valut au monde en détresse le seul Sauveur !
Victoire qui rassemble ciel et terre,
Victoire où Dieu se donne un nouveau peuple
Victoire de l’Amour, victoire de la Vie.
Ô Père, accueille la flamme,
Qui vers toi s’élève en offrande, feu de nos cœurs !
Que brille devant toi cette lumière !
Demain se lèvera l’aube nouvelle
D’un monde rajeuni dans la Pâque de ton Fils !
Et que règnent la Paix, la Justice et l’Amour,
Et que passent tous les hommes
De cette terre à ta grande maison, par Jésus Christ !