par le père Arnaud Brelot
première lettre de saint Pierre apôtre
Bien-aimés, si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre, vivez donc dans la crainte de Dieu, pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers. Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
Évangile : les pèlerins d’Emmaüs
« Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ». C’est avec ces mots que les disciples expriment leur déception dans l’évangile que nous venons de lire. Ils sont déçus car Jésus n’a pas réalisé leurs désirs. Ils avaient ébauché des projets pour Lui, des choses qu’il devait faire, de grandes choses pour leur pays, pour leur peuple, dans l’époque où ils vivaient.
Ce qu’ils pleurent ce sont d’abord leurs espérances déçues et il est toujours âpre de faire cette expérience. Ils sont enfermés dans leur malheur, prisonniers de leur tristesse et comme il est difficile d’en sortir.
Leur expérience, nous l’avons tous faite un jour ou l’autre : Jésus n’a pas réalisé notre prière, il n’a pas soutenu nos projets. Et nous l’avons parfois cru mort, nous l’avons oublié, nous l’avons rangé dans les souvenirs d’une vie désormais révolue, celle où l’on croyait en Dieu, en un Dieu qui nous entendait et nous écoutait !
Et nous croyons désormais que la vie n’a plus de sens sinon celui toujours étroit que nous construisons au jour le jour. L’horizon est bouché par nos manques d’audace, nos manques de perspectives, nos manques de confiance dans les paroles de ceux que Dieu nous envoie. Il en est de nous, comme des disciples d’Emmaüs : tout ce que les autres peuvent leur dire ne sert à rien, ils entendent sans se laisser toucher ni par le témoignage des femmes revenues du tombeau, ni par celui de Pierre et de Jean. Depuis combien de temps déjà, l’Eglise et ses serviteurs et ses servantes annoncent par des paroles de feu, par des vies souvent saintes, les merveilles du Seigneur, celles qu’Il fit, celles qu’Il fait au milieu de ce monde.
Pourtant, dans le désarroi des disciples, comme dans le nôtre, Jésus les rejoint, marche avec eux, les exhorte, les catéchise, rallume en eux le feu de la passion, la joie de l’amour pour la vérité de son message et la certitude que ses promesses sont toujours réalisées. Car, il y a deux mille ans, quelques heures après sa mort ils avaient déjà tout oublié : les guérisons, les miracles, la miséricorde, les foules joyeuses, la paix et l’autorité qui émanaient de lui, la puissance de vie qu’il irradiait. Et nous les blâmons presque d’une amnésie si rapide ! Mais nous-mêmes, n’aurions-nous pas oublié quelle envergure Dieu veut donner à notre vie, de quelle gloire il veut la couronner ? Nous rêvons de confort, de loisirs, de réussir une vie sur terre quand Jésus nous offre de régner avec lui sur l’univers pour l’éternité. Saint Pierre le rappelle avec force dans la deuxième lecture : « Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ ». Oui, nous aurons toujours une vie plus étriquée que celle qu’il veut pour nous, que celle qu’il a acquise par la croix pour nous. Pourtant, sans cesse depuis le jour de son incarnation, Jésus donne et se donne sans compter. Il donne sa vie dans les sacrements, l’Esprit Saint pour nous conduire et nous sanctifier !
Nos âmes privées depuis plus d’un mois du Pain de Vie et du sacrement de la Miséricorde, doivent « brûler » de désir. Désirons-nous ardemment communier tandis que déjà la Parole de Dieu que nous lisons chaque jour rend notre cœur tout brûlant en nous ? Affermissons notre foi : oui le Seigneur est bien présent dans le pain partagé, il est présent réellement dans l’Eucharistie qui nous prépare au ciel.
Oui criez vers Dieu avec les mots du psalmiste : qu’ils expriment ce que notre cœur désire ardemment, ce que nous voulons vivre vraiment, ce que nous croyons fermement : « Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices ! » . Amen