méditation du mardi de la 3° semaine de Pâques

par le père Christian Panouillot 

Chers amis et paroissiens

Un confrère prêtre, l’abbé Laffargue, est décédé dimanche soir âgé de 72 ans, d’un cancer généralisé. Vendredi il nous a envoyé sa dernière homélie pour le 3° dimanche de Pâques. Je vous la livre pour le bien de tous, et en hommage à ce serviteur de Dieu qu’il a été. Merci de prier pour le repos de son âme.

Nous avons été rachetés par un sang précieux… (1 Pierre 1, 18-19 – IIème lecture)
Nous avons été rachetés non par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, mais par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ. Ainsi s’exprime l’apôtre saint Pierre qui, de Rome, voulait réconforter les communautés chrétiennes d’Asie mineure éprouvées.
C’est bien par Lui que vous croyez en Dieu qui L’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu (v. 21). C’est en cette victime ressuscitée, ayant vaincu la mort éternelle et le péché, que nous mettons notre foi et notre espérance. C’est ce sacrifice que les disciples quittant les apôtres troublés et décontenancés à Jérusalem pour rejoindre Emmaüs – et nous, souvent – n’avaient ni compris ni accepté. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël déclarent Cléophas et son ami au voyageur qui les avait rejoints (Luc 24,21 – Évangile). L’ange avait bien dit à saint Joseph, pour le délivrer de ses doutes sur la fidélité de son épouse Marie: Ne crains pas de prendre avec toi Marie ton épouse… Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (Mt 1, 20-21). Non de l’occupant romain et païen, mais de ses péchés. Et ils étaient tout tristes (Lc 24, 17). Pareillement, les apôtres furent saisis de stupeur et d’effroi quand le Christ leur apparut car ils ne le reconnaissaient pas (v. 37).

Tous cherchaient le corps physique de leur Maître et il avait disparu ! Esprits sans intelligence ! (stulti: sots, insensés) Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Et voici la clé du mystère: Ne fallait-il pas que le Christ souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ?(vv. 25-26). La Croix, le mystère de la Croix…
Et le compagnon de route, qui était le ressuscité, partant de Moïse et parcourant tous les prophètes, leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait (v. 27). Il ne suffit pas de connaître les textes avec une intelligence humaine pour la comprendre. C’est une grâce surnaturelle, une grâce de la foi.
C’est à la fraction du pain qu’ils Le reconnurent dans l’auberge (v. 30). L’Eucharistie. C’est en voyant les mains et les pieds qui portaient la marque de la Passion que les apôtres reconnurent Jésus ressuscité (vv. 39-40). Mais il dut leur ouvrir l’esprit pour comprendre les Écritures qui avaient annoncé que le Christ souffrirait et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour pour la rémission des péchés (vv. 45-47). Marie-Madeleine Le reconnut à sa voix (Jn 20, 16).
Il est là, ressuscité, ayant vaincu la mort, et nous ne Le reconnaissons pas… Nous le cherchons où Il n’est pas, où Il n’est plus… Nous sommes désemparés et troublés par tant d’évènements dans nos vies, dans nos pays et dans le monde, et nous sommes choqués, quelquefois révoltés (et on le serait à moins, humainement !), parce que Dieu se tait ou n’intervient pas pour que le Bien triomphe du Mal, pour que ses ennemis soient dispersés ! N’est-il pas nécessaire que les membres du corps du Christ que nous sommes par le baptême souffrent la Croix avant d’entrer dans Sa gloire ?
Mon royaume n’est pas de ce monde dit Jésus à Pilate (Jn 18, 36) et Il a dit aux inquiets et aux craintifs: Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît (Mt 6, 33). C’est bien dans ce royaume-là que le bon larron a demandé d’entrer à Jésus sur la croix après avoir reconnu ses péchés et en avoir demandé pardon (Lc 23, 42-43). Il n’a rien demandé d’autre. Il n’a pas demandé d’être décloué de la croix et de reprendre une vie normale comme le réclamait l’autre larron, récolté et haineux (v. 39). Et nous ? Que demandons-nous ?

Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche: Il est à ma droite, je suis inébranlable. C’est pourquoi mon coeur est en fête, et ma langue exulte de joie; ma chair elle-même reposera dans l’espérance: tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence (Psaume 16, 8-11 cité par saint Luc dans les Actes des apôtres 2, 25-28 – Ière lecture). Tout est dit.
Abbé Christian LAFFARGUE.