par le père Arnaud Brelot
Évangile de J-C selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Rappelez-vous, dimanche dernier, Jésus rappelait à ses disciples qu’il n’est jamais simple ni évident d’être un bon témoin. D’abord ce n’est pas simple car notre société n’attend plus grand-chose des chrétiens et peu acceptent de recevoir notre si beau message ! Ensuite ce n’est pas évident, car il est difficile de s’exposer et d’afficher la couleur de notre foi et de ses conséquences sur notre manière de vivre. Mais Jésus nous exhortait aussi à témoigner car c’est Dieu le Père qui envoie ses enfants que nous sommes vers les hommes et les femmes qui ne le sont pas encore mais peuvent eux aussi le devenir.
Ce dimanche Jésus poursuit son enseignement sur la mission. Il rappelle aux disciples qu’avant de partir en mission ils doivent être certains d’être dignes de Lui et être prêts à Le suivre jusqu’à la mort, et là encore, comme dimanche dernier Jésus rappelle une chose essentielle : chaque disciple est comme un autre lui-même…. Allons-y donc pour ces trois points dans mon homélie.
1/ être digne du Christ.
Quelle exigence de la part de Jésus : il faut l’aimer en premier et par-dessous tout pour l’établir maître sur nos cœurs et nos sentiments. Mais à bien y réfléchir, cela n’a rien de terrible, car aimer Jésus par-dessus tout, c’est découvrir que Jésus est le frère qui fait de nous des fils et des filles de Dieu. Il déploie d’une certaine manière la notion de famille et l’étend à tous ceux qui veulent croire en lui. En Jésus une grande famille s’établit : c’est l’Eglise où tous les croyants qui ont reçu le baptême ou le désirent sont fils et filles de Dieu car frères et sœurs de Jésus. Nos liens fraternels dépassent nos familles humaines pour se déployer aux dimensions de l’Eglise. Je le dis souvent aux parents lors du baptême de leur enfant : « vous confier à l’Eglise un fils ou une fille, par le baptême elle vous rend un frère ou une sœur dans la foi ».
Etre digne du Christ, c’est mettre à leur juste place nos relations intra familiales. Par le baptême nous sommes tous frères et sœurs et nous n’avons qu’un seul Père, Dieu. Être digne du Christ c’est intégrer cette vérité là : En Jésus nous sommes tous frères et sœurs d’égale dignité devant Dieu.
2/ être prêt à suivre le Christ jusqu’à la mort.
Souhaiter et défendre une fraternité universelle qui trouve en Jésus sa réalisation, ne plaît pas à tout le monde. Jésus lui-même pour l’avoir annoncée et réalisée a dû passer par la croix. Et comme le disciple n’est pas au-dessus du maître, il en sera de même pour lui. Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi rappelle Jésus à ses amis et à nous aujourd’hui. Notre mission fraternelle porte une part de sacrifice, comme une participation à la croix du Seigneur. A ce titre un exemple poignant fut la vie du Bienheureux et futur saint Charles de Foucault. Ce prêtre qui vivait parmi les touaregs écrivait en 1902 à sa cousine : « Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres, à me regarder comme leur frère, le frère universel » Mais il paiera de sa propre vie son combat pour la fraternité, sa croix fut son assassinat le 01 dec 1916. Sa vie illustre bien les paroles de Jésus à ses disciples : qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera.
3/ qui vous accueille m’accueille dit Jésus.
Pour être digne de Lui et pouvoir donner pour Lui jusqu’à sa propre vie, Jésus rappelle une chose essentielle à ses disciples : Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Il y a en celui qui témoigne de sa foi sincèrement plus que lui-même, il y a Jésus, il y a le Père. Oui mes frères et mes sœurs, quand vous rendez un service paroissial, quand vous visitez un malade, quand vous aidez une personne seule ou en difficulté, quand vous accueillez l’étranger qui n’a plus de lieu où aller, vous leur portez plus que vous-mêmes, vous leur portez le Christ et par le Christ le Père. Voilà pourquoi nous sommes si précieux, tous et chacun, du plus connu au plus humble : nous qui portons l’image de Dieu restaurée, purifiée par l’eau de notre baptême. Voilà pourquoi il faut aussi entretenir en nous la beauté de l’image de Dieu par une vie sacramentelle régulière : le pardon et l’eucharistie nous ont été donnés en vue de cela, ne négligeons pas de les recevoir les deux avec dignité et respect. Par eux nous pouvons être transfigurés et devenir resplendissant de la gloire de Dieu autour de nous, pour que le monde croit et que croyant il soit sauvé ! Que vos vacances soient donc également une occasion de faire connaître autour de vous celui qui vous a fait et restauré à son image et à sa ressemblance. Amen