homélie du 18° dimanche ordinaire

Donnez-leur vous-mêmes à manger (Lc 9,11-17) | Au large ...Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Alors ils lui disent :  Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »  Jésus dit : « Apportez-les moi. » Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

Jean le Baptiste est mort, décapité par l’Orgueil d’Hérode. Jésus, pour faire le deuil de son cousin qui l’a baptisé, désire un peu de solitude et part en quête d’un lieu désert. Son attitude démontre qu’il est pleinement homme. Mais Jésus est aussi pleinement Dieu ; Dieu guérissant, nourrissant et relevant les foules humaines blessées. Ces foules savent où trouver le Seigneur. Alors elles quittent leurs villes à pieds, elles partent sans trop réfléchir en quête du Seigneur car la faim qui les tenaille n’est pas celle des biens matériels mais celle de la Parole de Vie. Quelle foi faut-il pour quitter sans nourriture, le confort d’une maison, en ne se chargeant que de malades, d’affligés pour rejoindre le Seigneur dans le désert.

Ce récit doit nous interpeller car notre monde est malade. Notre monde occidental repu de biens et de confort, enivré de droits qui chosifient toujours plus son humanité va à sa perte. Il a perdu le sens de ce qu’est un humain, de ce qu’est le sacré et il vit une véritable anorexie spirituelle. Les hommes de notre temps qui croient maîtriser le monde en se prenant pour Dieu, ont oublié leur statut de créature, leur vocation d’enfant de Dieu. Aujourd’hui frères et sœurs doit retentir à leurs oreilles l’interrogation du prophète Isaïe : « pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? ».

Il y a 2000 ans les foules ont tout quitté pour rejoindre Jésus dans le désert. Aujourd’hui de quel confort, de quelles habitudes, devons-nous nous séparer pour partir pauvres mais confiant à la recherche de Jésus le Christ qui est notre vraie nourriture et notre vraie boisson? Tournons-nous maintenant vers lui, comme nous y invite le psaume : « Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu leur donnes la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit. »

Il ne s’agit pas de mépriser les nourritures et les boissons de ce monde, car elles servent à maintenir notre corps en vie. Mais il s’agit de faire humblement le constat que si nous omettons rarement de nourrir et d’habiller notre corps de chair, combien de fois, en revanche avons-nous omis de nourrir et d’habiller notre âme, notre être spirituel.

Alors je vous propose chaque jour de ces vacances, entre la crème solaire et les grillades, de vous dorer l’âme auprès du Saint Sacrement et de vous nourrir d’une tranche d’Evangile.

Alors partons vers le Seigneur, avec les foules de l’Evangile sans autre fardeau que nos maux et nos peurs ne sachant pas ce que nous réserve la rentrée que les médias prédisent apocalyptique. Allons dans la foi nous faire guérir par le Seigneur. Car, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur  rappelle st Paul. Est-ce bien cela frères et sœurs que vous êtes venus faire ici : vous nourrir de son amour, le laisser toucher vos corps et guérir  vos âmes inquiètes ?

L’Evangile  nous révèle combien le Seigneur est généreux dans sa réponse. A ceux qui demandent la guérison de l’âme, Jésus donne aussi en surabondance la nourriture. Ce miracle annonce l’Eucharistie … vous rendez-vous compte que c’est la même abondance que nous vivons aujourd’hui ! Pour preuve c’est que Jésus, comme à ses disciples il y a 2000 ans, demande à chacun de nous de devenir distributeur de sa Vie, dispensateur de son amour. L’interpellation de Jésus à ses disciples « donnez-leur vous-même à manger » nous est destinée. Quelle part de l’amour que nous aurons reçu lors de la communion allons-nous redistribuer ? Quelle place laisserons-nous à l’Esprit Saint pour qu’il fasse de nous, des pourvoyeurs d’amour, des annonceurs qu’un temps de grâce est donné à chacun pour qu’il vienne se rassasier du vrai pain et se désaltérer à la vraie source. C’est par nos mains, par nos gestes, par nos paroles que se distribue l’amour du Seigneur. Alors pour un pain reçu à la communion, c’est une corbeille pleine qu’il nous faudra redonner.

Lors de l’offertoire tout à l’heure, offrez au Seigneur les cinq pains de vos capacités et les deux poissons de vos qualités ! De ce don, même minime, le Seigneur fera jaillir des corbeilles de grâces qu’il vous appartiendra de distribuer  à ceux qui cherchent un sens à leur vie. Vous n’avez qu’une réponse à donner : « me voici Seigneur ! » oserez-vous la prononcer en venant communier tout à l’heure? Amen