homélie fête de l’Assomption

par le père Arnaud Brelot

Revisiting the Visitation of the Blessed Virgin Mary

Évangile de J-C selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ;  Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

 

D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? L’exclamation d’Elisabeth est un cri de joie qui exprime la réalisation d’une attente. Remplie d’Esprit Saint ces simples mots utilisés par Elisabeth exprime son bonheur d’assister à la réalisation de l’espérance d’Israël : le messie attendu depuis des siècles est enfin advenu parmi les hommes.

Ces paroles nous aident à comprendre ce qu’il y a de particulier dans le mystère révélé de notre foi chrétienne.

1/ d’abord Dieu est venu parmi nous.

Nous croyons comme chrétien que Dieu est venu jusqu’à nous. Que tout son projet créateur avait pour finalité de rencontrer l’humanité et de faire alliance avec elle. Dieu a tenu de toute éternité à se révéler à l’humanité et à lui révéler son projet : diviniser l’Homme pour qu’il puisse participer à la nature Divine. Pour faire alliance avec elle, pour l’accueillir un jour en son sein, Dieu devait rendre l’Homme capable de cela. Et Lui seul comme Créateur pouvait à la fois tout en restant Dieu assumer aussi la nature humaine. En Jésus, Dieu a assumée la nature humaine pour la purifier du péché et la rendre capable de revêtir la divinité. Mais pour qu’il soit vraiment l’un de nous, Marie était indispensable, car elle seule confère la nature humaine à Jésus. Dieu vient parmi nous par les entrailles de Marie. Elle permet à Dieu d’être par sa naissance réellement l’un de nous. Marie est la première à porter Dieu en elle, elle est le premier tabernacle de l’histoire.

2/ L’Eucharistie : mystère de la présence de Dieu.

Celui que Marie a porté dans son sein, qu’elle a enfanté et couché dans une mangeoire, dans la ville de Bethléem qui signifie « la maison du pain », est aussi celui qui se fait nourriture par le pain et le vin consacré. Quand nous recevons à la communion le Corps et le Sang du Christ, nous devenons, comme Marie, un tabernacle. Un vase d’argile contenant le plus grand des dons : Jésus lui-même. C’est lui qui en descendant au plus profond de nos entrailles, transforme l’argile fragile de notre vie en coffre à trésor. Vous-êtes vous déjà perçu comme cela, frères et sœurs ? Comme le coffre digne de recevoir le merveilleux trésor de l’Eucharistie. Avez déjà réalisé votre dignité ? Dieu ne regarde pas votre silhouette, ni votre maintien ou votre distinction, non il ne regarde que votre désir de faire sa volonté, votre désir d’accueillir sa vie  pour lui permettre de se communiquer au monde.

3/ Il nous choisit pour être porté dans le monde.

Marie ne reste pas enfermée chez elle. Déjà Celui qu’elle porte en elle la pousse à aller se mettre au service d’Elisabeth. Et pendant trois mois elle aide et prépare à l’accouchement celle qui enfantera Jean qui deviendra le Baptiste ! Dieu en elle est déjà Dieu pour les autres ; elle n’a pas le temps de savourer son statut de mère de Dieu, aussitôt elle devient servante. Elle le proclame elle-même, sa gloire lui viendra des autres au cours des siècles « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. » Ce qui compte pour elle c’est de servir. Et c’est ce qu’elle fait depuis : elle s’est mise toute entière au service de son fils : pour l’élever, le faire grandir dans la foi, lui faire faire son premier signe aux noces de Cana, le soutenir dans sa Passion et demander l’Esprit Saint par sa prière incessante au Cénacle. Marie qui fut au service de son Fils l’est donc aussi à son Eglise. 

Et nous-mêmes frères et sœurs, qu’allons-nous faire de celui que nos entrailles vont recevoir ? Qu’allons-nous faire après cette Eucharistie ? Serons-nous comme Marie en partance pour un service, pour un acte de charité ? Serons-nous en chemin portant joyeusement en nous Celui qui veut par nous être donné au monde et surtout à ceux qui l’ignorent ?

Etre chrétien est certes une grande grâce mais c’est encore plus une grande responsabilité : celle de recevoir et de porter au monde le Christ et sa Bonne Nouvelle, à savoir que tout humain est appelé à être divinisé. Oui Marie ce matin nous rappelle que nous avons à être transparents au Christ, comme des vitraux par lesquels ceux qui cherchent un sens à leur vie, contempleront le merveilleux avenir qui est le leur. Un avenir qu’ils n’ont pas à acheter mais humblement à recevoir.

Alors frères et sœurs ce matin, Dieu qui s’est fait l’un de nous par Marie, vient jusqu’à nous dans l’Eucharistie, pour faire de nous, comme de Marie, un tabernacle auprès duquel les chercheurs de sens et de vérité pourront découvrir leur merveilleuse vocation : être en Christ participant de la nature divine ! Si vous prenez au sérieux cette mission, alors lors de la communion, ayez sur les lèvres les mots mêmes de Marie « je suis la servante du Seigneur que tous se passe pour moi selon ta Parole. » Amen