homélie du 23° dimanche ordinaire

par le père Arnaud Brelot

Évangile de J-C selon st Matthieu

Ma paroisse du désert: septembre 2011

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

Jusqu’où va notre amour du prochain ? Ou plutôt, jusqu’où Dieu nous demande-t-il de l’exercer ? Telle est l’interpellation de Jésus dans l’évangile. En effet, nous devons nous poser réellement la question car si nous avons toujours les mots « amour et fraternité» sur nos lèvres, nous sommes souvent moins rapides à vouloir en exercer toutes les exigences dans notre vie concrète. Ainsi parmi les nombreux domaines où s’exerce l’amour du prochain, j’aimerai en retenir trois et y réfléchir avec vous : l’aide matérielle, l’exemplarité de vie et la correction fraternelle. Voyons cela ensemble :

1/ l’aide matérielle :

Après une grande épreuve des réseaux de solidarité se mettent en place à tous les niveaux sociaux : dans une famille touchée par le chômage ou un divorce, on va se serrer les coudes ; après une catastrophe des villes et villages vont se mobiliser pour aider les sinistrés. En ce moment de nombreuses personnes nécessitent notre aide urgente et concrète, je pense particulièrement au Liban, pays si cher à la France, menacé et gangrené par tant de maux ? Aussi,  connaissant la grande générosité des catholiques, je vous invite à être particulièrement attentifs à l’appel de madame Bas qui vous invitera, au nom de l’AED à une aide concrète pour parer aux urgences sanitaires et humanitaires dans ce pays. Les chrétiens savent donner généreusement de leurs biens par amour du prochain !

2/l’exemplarité de notre vie

Dans notre société où les valeurs, les lois et les normes sont relativisées, il devient difficile de bâtir sa vie sur de bonnes fondations. Pourtant notre foi chrétienne offre des repères solides, des normes morales pour construire une vie juste et droite. C’est l’apôtre st Paul qui nous en parle dans la lettre qu’il écrit aux Romains : celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras pas.  Ainsi en choisissant de faire le bien et de renoncer au mal, nous exerçons l’amour du prochain. En donnant l’exemple d’une vie juste et droite, fidèle à vivre les commandements de Dieu, nous témoignons auprès des personnes qui ont du mal à vivre chrétiennement ou qui sont en recherche de valeurs sûres pour construire leur vie, que le modèle de vie chrétienne est un chemin épanouissant qui mène au bonheur. Donc, donner l’exemple d’une vie bonne à notre prochain, c’est aimer notre prochain.

Essayons-nous, chacun de mener une vie la plus fidèle possible à la volonté de Dieu, et si nous n’y parvenons avons-nous l’audace, par l’intermédiaire d’un prêtre, d’implorer le pardon de Dieu ?

3/ la correction fraternelle :

Les paroles d’Ezéchiel dans la 1° lecture sont une invitation sans équivoque : si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. Cela signifie que notre salut personnel dépend du souci que nous avons du salut des autres. C’est ce que reprend Jésus dans l’Evangile : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. C’est donc aimer son prochain que d’aller le voir pour lui dire ce qui ne va pas, non pas en fonction de nos valeurs et de nos petites vérités, mais en fonction de l’enseignement de l’Evangile et de l’Eglise. Pour aider quelqu’un à accueillir le Salut, il nous faut l’aider à discerner ce qui dans sa vie lui fait obstacle. Et Jésus rappelle que le principal obstacle c’est le péché. Ainsi la plus grande preuve d’amour que l’on puisse apporter à une personne peut être de l’interpeler sur les incohérences de sa vie, sur ses attitudes, paroles ou gestes qui ne sont pas en cohérence avec la foi qu’il proclame.

Jésus nous demande d’avoir assez d’amour des autres pour ne pas les laisser se perdre. Trop souvent notre silence, que nous appelons poliment tolérance, n’est qu’une indifférence aux autres et à tout ce qui pourrait leur arriver !! Jamais Jésus n’a laissé se perdre une personne, toujours Il lui a prodigué les secours de la vérité et du Salut.

Qui d’entre nous ne souhaiterait pas, si il prenait un chemin de perdition, qu’une bonne âme vienne l’avertir,  non pas pour le condamner, mais pour ouvrir ses yeux et ses oreilles à une parole et à un geste de salut ? Ne pas se soucier de la dérive d’un jeune dans la drogue ou dans l’extrémisme religieux, laisser une famille de proches se déchirer (parce que cela ne nous regarde pas) est-ce cela l’aimer ?

Puisse donc le Seigneur nous donner le courage d’aimer en acte et en vérité, d’être des guetteurs les uns pour les autres. Car je le dis comme je le crois, rien à mes yeux de prêtre n’est pire que le péché par omission, celui qui nous a gardé d’agir quand nous en avions les moyens alors que tout autour de nous tant avaient besoin d’une parole, d’un acte venant de nous. N’oublions jamais que c’est sur nos manques d’amour que nous serons le plus sûrement jugés à la fin des temps.

Puisse l’eucharistie que nous allons recevoir en communion faire des nous de vrais témoins de l’amour du prochain. Amen