Homélie donnée par le père Monnoyeur à l’occasion de la messe de réparation célébrée à Nevy sur Seille le mercredi 9 septembre.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (6,20-26)

En ce temps-là, Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous
haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du
Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande
dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et
vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Dans ce passage d’évangile, st Luc présente le visage des prophètes et par contraste la situation des faux prophètes.
Les prophètes sont identifiés à ceux qui vivent la pauvreté, qui ont faim, qui pleurent, qui sont haïs. Il y a quelques semaines, nous lisions le livre du prophète Jérémie et nous nous rappelons de son témoignage. Après avoir délivré la parole au peuple, il exprimait devant Dieu sa souffrance et parfois le mépris dont il était l’objet.

Une vie de prophète hier en Israël, comme aujourd’hui, n’est pas de tout
repos. Mais un prophète ne peut se taire. Il peut être tenté d’abandonner sa mission, mais il la reprend sans cesse. Parce qu’un prophète n’est pas quelqu’un qui s’autoproclame prophète. Il reçoit sa mission de Dieu, du Seigneur Jésus. C’est la puissance de l’Esprit qui met en route les prophètes. L’Esprit les met en route et leur donne les mots, leur inspire les gestes à accomplir.

C’est pour cela que parler, agir, d’une certaine manière, s’impose à eux. Et nous, nous reconnaissons que leur message est juste, il est adapté à la situation. On peut le reconnaitre comme inspiré.


Cette présentation des prophètes nous permet de reconnaitre Jésus comme l’un d’eux. En effet, depuis le début de l’évangile, st Luc nous le présente comme celui dont la parole est ajustée à la situation, celui dont la parole interprète avec justesse les Ecritures. C’est une parole de bonté, de libération, une parole accompagnée de gestes qui donne du souffle, qui font vivre celles et ceux qui les reçoivent.
Depuis le début de l’évangile aussi, il y a des personnes qui s’opposent à Jésus, qui contestent son
interprétation de la bible, la justesse de son comportement, quand il guérit des malades le jour du sabbat, par exemple. Ces gens ne comprennent pas Jésus. Et ce qui les surprend le plus, c’est que cet homme au message original fait école, il a des disciples, dont le nombre augmente.

A ce moment où il en est de sa mission, Jésus ne définit pas un plan de lutte contre ses opposants. Il s’assoit et prend le temps de parler à ceux qui sont là, à ceux qui le suivent. Il les invite au discernement.
Il présente un portrait des prophètes et la situation des faux prophètes. Il invite chacun à la réflexion.
Comme s’il disait, maintenant, que dites-vous de mon activité ?

Ce matin, nous sommes ici parce que nous avons fait un acte de discernement. A partir de l’émotion que nous avons eue en apprenant que les hosties du tabernacle ont été emportées on ne sait où, nous voulons exprimer notre foi. Nous voulons poser un acte pour manifester notre attachement, notre affection pour Jésus. Comme Jésus, nous disons quel malheur, quel dommage de ne pas discerner dans le pain eucharistique la présence du Seigneur. Que c’est dommage de le prendre, de le retirer à l’affection de ceux qui l’aiment pour en faire quoi ?

Comme Jésus, parce que nous sommes ses disciples, nous sommes peinés par ce comportement. Il affecte gravement la vie sociale, le respect que nous nous devons les uns aux autres. Il nous touche profond parce qu’il nous atteint dans notre foi, ce sanctuaire qui est en nous le lieu de la rencontre avec le Seigneur Jésus et le lieu où se fondent toute décision.

C’est pourquoi, publiquement et modestement nous allons refaire les gestes de celles et ceux qui ont fait de cet autel, de ce tabernacle, de cet église le lieu où se célèbre la foi, où se réalise le mystère de communion que Jésus propose à tous les hommes.

Seigneur Jésus, nous te reconnaissons comme le prophète que le Père envoie dans le monde.

Ta Parole est sûre, elle est pour nous bonne nouvelle, parole de guérison, de confiance, parole qui fait vivre.
Tu sais bien que nous restons marqués par le péché.
Tu connais aussi l’attachement que nous avons pour toi.
Tu sais que nous t’aimons.
C’est pour cela que sans cesse nous revenons vers toi. C’est pour cela que notre vie est fondée sur ton pardon bien plus que sur nos faibles forces.

Nous n’avons aucun ressentiment contre ceux qui ont profané ton corps eucharistique. Nous les avons déjà remis à ta miséricorde.
Permets seulement, Sgr, que ce geste que nous accomplissons aujourd’hui soit reconnu comme l’expression de notre confiance en toi, de notre amour pour toi. Amen.