Évangile de J- C selon st Jean : Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

Homélie par le P. Arnaud Brelot.
Se prendre pour ce que l’on n’est pas est un vrai drame. Tant de personnes se croient importantes, indispensables, célèbres. Tant jouent un rôle, campent un personnage et trop souvent quand les masques tombent la déception est grande, comme est grande aussi l’amertume de celui qui est découvert alors que le succès lui était monté à la tête. Et ce penchant là ne touche pas seulement le milieu du showbiz, de la politique ou de l’économie, mais aussi le milieu ecclésial. Combien de clercs, bombent le torse et lèvent la tête quand tel projet réussit, quand telle responsabilité lui est confiée, quand telle célébration fut remarquable. Les laïcs aussi, en tant que baptisés peuvent être touchés : on connait les donneurs de leçons, ceux et celles qui semblent toujours vous parler d’un piédestal moral ou spirituel, ceux qui pensent que sans eux aux manettes, la paroisse ou l’Eglise s’écroulera, etc… Tous ceux-là dont nous sommes, doivent imiter Jean le Baptiste et ne jamais oublier Celui pour qui ils travaillent, Celui qui leur donne inspiration, force et courage pour accomplir sa volonté. Oui n’oublions pas que nous sommes tous des serviteurs quelconques du Christ, pas digne de délier la courroie de sa sandale et
pourtant choisis par lui pour l’aider dans son œuvre de Salut.
Cependant être un serviteur quelconque ne signifie pas se planquer ou s’enterrer vivant, se flageller et s’humilier sans cesse, mais plutôt savoir exactement ce que l’on est et pour qui bosse. En cela les textes de la liturgie et la figure de Jean le Baptiste qui sont offerts à notre méditation ce matin, tracent le portrait et les qualités d’un bon serviteur.
1/ le serviteur est consacré par l’Onction. Dans la première lecture le prophète Isaïe, serviteur de Dieu, rappelle : L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Oui c’est Dieu lui-même qui nous donne tout ce dont nous avons besoin pour servir son projet d’amour. Il nous donne son Esprit Saint pour discerner et faire sa volonté. C’est ce que rappelle saint Paul aux Thessaloniciens : N’éteignez pas l’Esprit …discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. Choisir et garder la volonté de Dieu passe parfois par un renoncement à ses choix personnels, à ses options. Pour discerner l’œuvre de l’Esprit, Paul dans sa lettre aux Galates (5,22-23) nous propose les 9 fruits visibles sur une âme ouverte à son action : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Ainsi tout chrétien qui veut se faire serviteur doit d’abord recevoir l’Esprit Saint, le GPS qui guidera sa vie et la conformera à la volonté de Dieu. En ce sens la confirmation est indispensable. Pensez à la recevoir si ce n’est pas fait ! Et à revivifier en vous l’action de l’Esprit par la prière, l’oraison et la louange.
2/ la joie de servir : Le serviteur de Dieu est joyeux même dans les épreuves, car il sait que Dieu est avec lui, que Jésus marche à ses côtés. Le serviteur joyeux a seulement laissé Dieu saisir son âme, y faire sa demeure. Il voit clairement la porte du ciel au-delà des tribulations de ce monde. Avec le psalmiste nous pouvons dire au Seigneur : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Voilà pourquoi saint Paul écrira aux Thessaloniciens (qui est la plus ancienne lettre de Paul) : « Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus » Notre premier service est celui de la prière, de la louange et de l’action de grâce.
3/ servir c’est témoigner. Servir Dieu n’est pas de tout repos, exigeant que l’on passe du temps auprès de Lui dans le désert pour l’y rencontrer et nous nourrir de Lui pour ensuite l’annoncer dans les déserts urbains de notre société. C’est ce que Jean le Baptiste dit de lui-même : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert. Faire de notre vie, par notre fidélité à l’enseignement de Jésus, un témoignage vrai et concret, accessible et joyeux du Salut. Une vie sans concession au mal, au mensonge, à la superficialité. Une vie attirante parce que cohérente, comme fut celle de Jean !
4/ Dieu est fidèle. Toujours Dieu a tenu ses promesses et en Jésus il a tout donné pour que nous puissions parvenir au salut. Jésus seul nous permet de nous réaliser pleinement, Lui seul en se faisant l’un de nous a fait éclater à notre regard notre vocation : être nous aussi diviniser, participer à la vie même de Dieu. Cela vous parait lointain, inaccessible ? c’est peut-être que vous manquez d’une saine ambition car depuis votre baptême vous êtes déjà du divinisable. Alors laissez Jésus achever en vous cette transformation. Faites vôtres les paroles de Paul : Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera. Il commence d’ailleurs à le faire aujourd’hui grâce à l’Eucharistie qui sème en vous sa vie divine.
Amen