Homélie de la veillée de Noël

Évangile de Jésus Christ selon st Luc : En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant
de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de
Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de
Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était
en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été
accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait
enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans
une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il
y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs
troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa
lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je
vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la
ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est
donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y
eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus
haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Selon le Time magazine, 2020 serait la pire année de l’Histoire. Rien que ça : la
covid pire encore de la grippe espagnole du début du 20° siècle, pire que les deux
guerres mondiales ? Sur quoi repose ce jugement ? Sur le fait peut être que pour la
première fois de l’air moderne, l’homme, qui se prenait pour Dieu, se pensant
invincible et tout puissant, pouvant seul décider du bien du mal, de ce qui se fait ou
non, a été confronté à un ennemi invisible mais destructeur : un virus qui a remis
en cause ses manières de vivre, d’être en relation, de se déplacer, ses priorités, sa
manière de consommer, etc. L’homme redevient homme pétri de peurs et de
craintes toutes aussi démesurées que sa foi dans sa toute-puissance l’était alors ! Oui
en ces temps de crise sanitaire nous nous redécouvrons seulement humain. Certes
le réveil est douloureux mais salutaire : Nous ne sommes que des humains, mais des
humains voulus et désirés par un Créateur qui seul peut nous sauver. Savoir ce que
nous sommes et où nous allons, voilà ce que vient nous révéler la fête de Noël !
Noël c’est le sens retrouvé de nos vies, c’est une direction rendue à notre vie. Noël
c’est la joie d’être enfant de Dieu et l’espérance de vivre cela pour l’éternité.
J’espère que c’est pour cela que vous êtes venus ce soir ! Retrouver devant la crèche
la joie de l’innocence des enfants et dans la contemplation de l’Enfant Jésus,
l’espérance de la vraie gloire qui vous attend. Noël c’est une joie totale et une
espérance indestructible.


1- Noël : Une joie totale.

Les textes que nous avons entendus ne parlent que d’elle. Ils nous relatent des joies
simples : joie de parents heureux d’accueillir leur enfant qui vient de naître, joie des
anges au ciel qui chantent les louanges de cet enfant, joie d’un peuple qui va sortir
enfin des ténèbres de l’occupation babylonienne, joie que Dieu lui-même répand

sur son peuple faisant grandir en lui l’allégresse. Vous aurez remarqué que toutes
ces joies sont données par d’autres, sont procurées par un enfant ou par Dieu. Oui
la grande leçon de noël c’est que la vraie joie n’est pas à ravir mais à accueillir. Alors
ce soir, chers amis, frères et sœurs, acceptez de recevoir la joie de Jésus. En se
faisant l’un de nous, le Fils de Dieu, nous rappelle que Dieu nous veut tous pour
ses enfants. Il découvre à nos cœurs endurcis que pas un humain n’est exclu de son
amour. Entendez cela vous qui dans cette assemblée êtes peut-être loin de la foi.
Pas besoin de faire ses preuves, il suffit d’accueillir son amour de Père et acceptant
de prendre Jésus pour frère ! Notre joie est qu’en ce jour Dieu nous découvre que
tout ce qu’il veut, c’est faire de nous ses fils et ses filles. Des enfants de sa lumière.
Oui ce soir je vous invite tous à vous regarder comme des égaux, comme des frères
et sœurs et non d’abord comme des risques potentiels, comme des gens dangereux.
La joie de Noël, c’est de renouer des liens fraternels devant la crèche, de tisser une
nouvelle fraternité qui résistera à l’isolement qu’on nous oblige à vivre.


2- Noël : Une espérance indestructible
.
Les textes bibliques que nous avons entendus orientent aussi les regards au-delà du
présent, cultivant l’espérance d’un avenir solide et sûr. Espérance des humbles
bergers d’un avenir meilleur quand ils entendent l’ange de Dieu leur dire «
Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ». Espérance de tout un peuple qui marchait
dans les ténèbres et qui a vu se lever une grande lumière signe qu’il pourra enfin
rentrer chez lui, sur sa terre, libéré du joug de la tyrannie babylonienne. Oui
l’espérance de ce peuple est aussi l’Espérance de toute l’humanité qui découvre
dans l’enfant de la crèche le Conseiller-merveilleux, le Dieu-Fort, le Prince-de-la-
Paix annoncé par le prophète Isaïe. Jésus est le seul qui ne déçoit pas, le seul qui a
toujours tenu ses promesses. C’est lui qui, sur la croix et pour toujours, a brisé le
joug du péché, la barre de la culpabilité qui meurtrit nos épaules. Il a détruit le
pouvoir de Satan, le tyran qui veut régner sur notre terre. Gageons que Jésus
suscitera au cœur des chercheurs le traitement adéquate contre la covid. Mais
demandons-lui surtout de nous sauver d’un virus bien pire encore et qui détruit peu
à peu notre mode de vie occidental, en rognant nos libertés, en nous enfermant
dans l’individualisme, en nous berçant de l’illusion que tout ce qui est possible à
faire est bon pour l’humanité. L’espérance qui nait à Noël c’est que nous ne
sommes pas des individus placés les uns à côté des autres, mais des frères et sœurs
qui ont à vivre fraternellement les uns avec les autres, ayant soucis des plus petits et
des plus faibles. Jésus nous redit sa confiance pour vivre comme cela dès ce monde,
lui qui accepta de se faire petit enfant, fragile et dépendant entre les mains des
hommes pour vivre ses premières années. Alors en ce Noël si particulier, accueillez
l’enfant de Bethléem dans votre vie car il est source de la vraie joie de vivre,
choisissez de le suivre car il est l’Espérance d’un monde nouveau où la fraternité se
vit en plénitude entre les enfants de Dieu. Amen.