Lecture du livre du prophète Isaïe : Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David. Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples, pour les peuples, un guide et un chef. Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ; une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu, à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur. Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission.
Les conséquences de la pandémie qui a dominé l’actualité de l’année 2020 se poursuivent encore en ce début d’année 2021. Si nous nous lamentons du couvre-feu, si nous râlons encore à cause des contraintes sanitaires et si nous craignons pour la santé économique de notre pays et pour notre situation financière personnelle, il nous faut aussi entamer une relecture sincère de la manière dont nous avons vécu les confinements successifs, saisir ce que cela a pu révéler de notre comportement ou changer dans notre manière de vivre. Privés de sorties, de restaurants, de cinémas, de moments conviviaux en famille ou entre amis, de voyages, de loisirs et même de célébration de baptême, de mariage et de messe à l’église, nous avons pu mesurer ce qui était le cœur de notre vie, nos motivations, ce qui donnait sens à nos journées. Avons-nous moins bien vécu ? peut-être que ces confinements ont été le moyen de remettre des priorités dans nos vies, de revenir à l’essentiel ! Dans cette optique-là la question du prophète Isaïe ce matin dans la première lecture est d’une très grande pertinence : Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Oui les confinements ont révélé les rouages de l’action de la société de consommation qui œuvrait toute puissante à votre destinée, qui savait vous faire acheter ce dont vous ne pourriez plus vous passer, vous envoyer en vacances là où il fallait absolument être vus etc. Je ne crois pas que son influence soit anéantie, tout dépendra de ce que l’on voudra bien faire après cette crise : reprendre notre vie de consommateurs heureux dépensant notre argent pour ce qui ne nourrit pas et nous fatiguant pour ce qui ne rassasie pas ou changer enfin de mode de vie. Isaïe ce matin nous fait une invitation : Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.
En effet, avec le baptême du Seigneur s’achève le temps de Noël pendant lequel nous nous réjouissons de la naissance de Jésus. Oui la Nativité c’est Dieu qui vient à notre rencontre. En son Fils Jésus Il s’est fait homme pour que nous puissions venir jusqu’à Lui, comme les bergers et les mages le firent en leur temps. Sommes-nous partis à sa recherche ? Avons-nous pris du temps devant la crèche, l’avons-nous rejoint ? L’innocence de Jésus, enfant fragile abandonné entre les bras des hommes nous a-t-elle interpelée ? Auprès de tant d’humilité, sentons-nous un appel à la conversion ? Si Dieu est venu jusqu’à nous alors rappelle Isaïe : Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.
Et nous pouvons d’autant moins nous dérober à cette évidence de la conversion que nous avons été baptisés, c’est-à-dire plongés dans la mort et la résurrection du Christ. En effet, ceux qui venaient à Jean le Baptiste recevaient un baptême pour le pardon des péchés et le précurseur exigeait d’eux des paroles et des actes de repentance concrets. Nous qui sommes tombés dans l’eau bénite et la vie sacramentelle dès l’enfance, nous avons aussi à vivre une vie visiblement et réellement chrétienne. Comme au jour de son baptême l’Esprit est descendu sur le Seigneur Jésus de même, au jour du nôtre, il est descendu sur nous et a fait en nous sa demeure. Mais est-il enfermé en nous ou alors le laissons-nous agir ? est-il bien celui qui gouverne nos vies, éclaire nos consciences et guide nos pas ? Lui permettons-nous de changer notre regard afin de contempler Dieu comme un vrai Père ? C’est-à-dire : sommes-nous bouleversés en entendant ses paroles pleines d’amour : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ? Oui, nous devons savourer d’être aimés comme un enfant par Dieu qui nous aime comme un Père ? Et en expérimentant cela on découvre aussitôt qu’avoir Dieu pour Père implique d’avoir tous les baptisés comme frères et sœurs. L’amour fraternel qui lie désormais tous ceux qui sont frères et sœurs dans la foi est aussi une expression de la joie de Dieu. Et cet amour fraternel s’accomplit dans le respect des commandements de Dieu : Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Puis-je dire de tous les chrétiens de notre assemblée ce matin qu’ils sont bien mes frères et sœurs ? Que j’agis avec eux en ce sens, en respectant envers eux les commandements de Dieu ?
Les amis, la paternité divine s’exprime concrètement et visiblement en Jésus son Fils qui s’est fait l’un de nous et nous a fait tous frères et sœurs par les eaux du baptême. Alors nous devons aussi vivre une fraternité concrète et visible, pour que le monde croit ! Que la fraternité soit notre objectif de l’année. Amen