
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc : En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Avez-vous remarqué ce matin qu’une vertu importante sous-tend les comportements des personnes décrits dans les textes de la liturgie. Qu’il s’agisse du lépreux de la première lecture ou de celui de l’évangile, du rédacteur du psaume ou de l’apôtre Paul, tous exercent l’humilité. A quelques jours du carême c’est une belle invitation que l’Eglise nous fait ce matin de vivre dans l’humilité notre préparation à la grande fête de Pâques.
Revenons d’abord à ce qu’est l’humilité. Voici la définition qu’en donne le site de la conférence des évêques de France : « du latin humus, terre. L’humilité est le « terrain » sur lequel les autres vertus prospèrent. Elle est une attitude de vérité à l’égard de Dieu, des autres et de soi-même, elle s’oppose à l’orgueil, à la suffisance, à l’arrogance. En nous appuyant sur la grâce de Dieu (1 Pierre 5,5) l’humilité nous conduit à l’amour et permet de conjuguer tout ensemble l’amour de Dieu, l’amour du prochain et l’amour de soi-même. L’évangile nous la présente comme la vertu fondamentale (Mt 11, 25 et 18,3). »
Riche d’une telle définition voyons, selon les textes de la liturgie de ce dimanche, ce qu’elle permet à ceux qui l’exercent et tâchons de faire de même.
- . L’humble cherche à préserver les autres.
Dans la première lecture, le lépreux, déjà atteint dans son être par la maladie, doit encore humblement se soumettre à la loi de Moïse qui lui impose d’être mis à l’écart en habitant hors du camp, de s’habiller de haillons, de cacher son visage tout en se faisant reconnaître comme malade en criant « impur, impur ». Humilité que de se mettre à l’écart pour ne pas contaminer les autres…. Cela vous rappelle peut-être une certaine pandémie actuelle ? Et de l’humilité de préserver les autres en demeurant confiné si l’on est malade !
- L’humble sait qu’il ne peut pas tout, tout seul.
Dans l’Evangile un lépreux nous est donné en exemple. Il sait reconnaître sa petitesse et ses limites et également demander la guérison à Jésus, le seul qui puisse la lui procurer. Comme on le lit dans l’évangile : un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. ».
De même dans le psaume, le pécheur pénitent qui reconnait ses fautes et ses limites, peut crier vers Dieu en disant : « Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts. »
Ainsi être humble c’est reconnaître nos limites, c’est ne pas se leurrer sur notre nature pécheresse et même assumer de ne pouvoir être sauvé que par Dieu.
Je vous invite à faire votre cette affirmation du psalmiste J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. ». Oui frères et sœurs, découvrons ensemble, pendant le carême que se confesser c’est rendre grâce à Dieu, c’est-à-dire le remercier du salut qu’il nous offre en Jésus son fils !
- L’humilité c’est assumer d’être sauvé, de vivre comme tel et d’être pris comme modèle.
Paul qui persécuta les premiers chrétiens, dont le sang a rougi ses mains, écrit aux Corinthiens « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ ». Il en faut de l’humilité à Paul pour affirmer cela avec le passé qu’il a ! Pourtant, ayant fait l’expérience du salut et de la miséricorde infinie de Dieu, il assume sa nouvelle mission et le statut qu’elle lui confère. Il témoigne sans fard de la misère dont Dieu l’a tirée et de la mission qu’il lui a confiée. Il a quitté sa superbe pour être un parmi les autres, pour rejoindre chacun là où il est. Vivre humblement pour lui qui divisa tant c’est désormais n’être un obstacle pour personne. Vivre humblement pour Paul qui voulait imposer la loi de Moïse à tous c’est s’adapter à tout le monde, sans chercher son intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés.
Frères et sœurs, le Christ vous a sauvés pour que vous meniez une vie chrétienne. L’humilité c’est reconnaître cela et décider de vivre enfin pleinement comme fils et de filles de Dieu. C’est vivre de et comme Jésus pour que d’autres à travers votre vie aient accès à la bonne nouvelle. Tout chrétien doit souhaiter être imité car il doit de tout son cœur chercher à vivre comme le Christ. Le souhaitez-vous vous-mêmes ? êtes-vous prêts, comme l’écrit Paul à ne jamais être un obstacle entre le Christ et une autre personne à cause de l’un de vos comportements, de l’une de vos paroles ? Êtes-vous prêts à chercher avant tout l’intérêts des autres, c’est-à-dire leur salut en vous adaptant à eux pour les rejoindre ?
Se savoir dépendant des autres et surtout du Christ qui seul nous sauve. Connaître nos faiblesses et confesser nos péchés. Savoir selon les circonstances soit se mettre en retrait pour préserver, soit se mettre en avant pour leur annoncer le salut, voilà quelques-unes des facettes de l’humilité. Que son exercice communautaire nous fasse grandir en sainteté. Amen