
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret e le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret e le rendra. Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Il est bien difficile à une époque comme la nôtre et dans notre société hyperconnectée d’entendre les mots du Seigneur Jésus. En effet notre société se targue de transparence et refuse que quoique se soit puisse être caché. Tout de soi est exposé complaisamment sur les réseaux sociaux nos exploits comme nos misères, au risque très souvent de ne dévoiler que la banalité d’un acte voire le néant de sa vie ou de révéler en retour, quand on passe son temps à découvrir des masses d’informations insignifiantes sur les autres la pauvreté de notre propre vie voire nos désirs inassouvis, etc. Ainsi l’exhibitionnisme comme le voyeurisme sont en la matière les deux extrêmes d’une vie sans relief, sans profondeur, sans âme, sans humanité. Et que dire de ceux et celles dont le passe-temps est de casser des personnes, de démolir des réputations via écrans et commentaires. La méchanceté approuvée comme celle rédigée sont les extrêmes d’un cœur où ne coule plus la sève divine de l’amour, où la lueur de l’humanité s’éteint peu à peu.
Je pourrai continuer ce descriptif que tous nous connaissons, souvent dénonçons et auquel parfois nous succombons. Le diagnostic posé, nous trouvons-là un terrain de conversion pour la quarantaine qui commence.
Et cela tombe bien puisque le Seigneur Jésus ce soir nous donne un conseil, une manière de faire et trois domaines où agir.
- Un conseil d’abord : chercher à être juste
La quête de justice commence par savoir garder le silence. Ainsi quand on nous partage du mal sur quelqu’un, quand on veut nous pousser à faire du mal, à en dire ou à en colporter, réagissons. Sachons dire non, sachons nous retirer de cette ronde infernale, gardons le silence du cœur, faisons taire notre langue et calmons nos mains déjà agrippées à notre téléphone, tablette ou ordi. Œuvrer à la justice se poursuit par la quête d’une vie bonne et au service des autres. Il ne s’agit plus de se cacher du mal et de le refuser, mais aussi de choisir de faire le bien.
2. Une manière de faire ensuite : agir en secret
Si Jésus nous conseille de travailler à devenir des justes il nous dit aussi de quelle manière : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer ». Le mal que l’on n’a pas fait, comme le bien que l’on fait, sont d’abord à offrir à Dieu, pour sa gloire. La culture du secret n’est pas une chose scandaleuse ni tordue quand elle concerne le bien. On n’est pas là pour se faire briller ou pour exister dans le regard des autres, on est là, comme chrétiens, comme des serviteurs quelconques qui ne font que leur devoir : ce que tu as fait dit Jésus « ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
3. Trois domaines où agir en secret en vue de notre justification : jeûne, prière et charité
Le pape François dans son message de carême associe les trois vertus théologales (foi, espérance et charité) aux trois actions : jeûner, prier, partager. Voici ce qu’il en dit :
- Le Carême est un temps pour croire, c’est-à-dire pour recevoir Dieu dans notre vie et pour le laisser “établir sa demeure” en nous. Jeûner consiste à libérer notre existence de tout ce qui l’encombre, même de ce trop-plein d’informations, vraies ou fausses, et de produits de consommation pour ouvrir la porte de notre cœur à celui qui vient jusqu’à nous : le Fils du Dieu Sauveur.
- Le Carême est un temps pour espérer : Dans le recueillement et la prière silencieuse, l’espérance nous est donnée comme une inspiration et une lumière intérieure qui éclaire les défis et les choix de notre mission. Un carême d’espérance c’est percevoir que nous sommes, en Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau, dans lequel Dieu veut « faire toutes choses nouvelles ». Comme le rappelle st Pierre dans sa 1ière lettre : « Soyez prêts à répondre à qui vous demande à rendre raison de l’espérance qui est en vous »
- Le carême est un temps pour exercer concrètement la charité. Le pape nous enseigne que « la charité se réjouit de voir grandir l’autre. …elle est l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes et qui crée le lien du partage et de la communion. » Oui la charité permet le partage qui est l’un des piliers de la foi chrétienne et en particulier du carême. Le pape donne un exemple concret : « un Carême de charité, c’est prendre soin de ceux qui se trouvent dans des conditions de souffrance, de solitude ou d’angoisse à cause de la pandémie de la Covid-19. Dans l’impossibilité de prévoir ce que sera demain, …offrons avec notre aumône un message de confiance, et faisons sentir à l’autre que Dieu l’aime comme son propre enfant. »
Augmenter la foi en jeûnant de tous ce qui est inutile pour accueillir Dieu en nos vie ; grandir en espérance en nous enracinant dans la prière qui nous relie au Christ vivant ; exprimer notre charité en prenant soin des plus fragiles, voilà un bon programme…. Il y a plus qu’à…. Bon Carême à tous.