homélie du Vendredi Saint : Passion du Seigneur

Homélie du 13eme dimanche : le serviteur souffrant - Site ...

Lecture du livre du prophète Isaïe : Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler. Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Quel poignant portait du serviteur souffrant que celui qu’Isaïe trace dans la première lecture. Le cœur et l’âme d’un chrétien ne peut y contempler que celui de Jésus. Il ne peut reconnaître que l’amour absolu qui va jusqu’au bout de sa logique : se donner tout entier pour sauver l’humanité tout entière. Descendre au plus bas de l’homme pour élever l’homme au plus haut, jusque dans les cieux en lui, à la droite du Père. Oui Jésus dont le nom signifie comme vous le savez « Dieu sauve », restaure l’humanité par sa Passion en prenant sur lui ce qui la défigurait depuis les origines. Ce Fils de Dieu fait serviteur des hommes en revêtant lui-même leur humanité, était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; qu’il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. D’une certaine manière il a rendu visible à nos yeux aveuglés par le péché, l’abomination d’une vie humaine au rabais, d’une vie humaine prise dans les griffes du péché et de la mort, d’une vie très en deçà de sa vocation première d’image et de ressemblance de Dieu !

Oui, Jésus dans sa Passion fait peur à voir, son aspect n’avait rien pour nous plaire comme le rappelle Isaïe, car il nous révèle ce que sommes vraiment quand le mal nous soumet et que la haine nous habite. Oui c’est un choc de contempler sur lui la noirceur de l’âme humaine, la pauvreté d’une vie soumise à l’esprit du monde, esprit moqueur, pusillanime. Oui ce qu’il nous renvoie c’est l’image d’une humanité abîmée, égoïste.   Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.

Mais cela est salvateur, nous ne devons pas fermer les yeux sur ce visage-là. Voir les ravages de nos péchés sur l’innocent Jésus nous permet de nous en rendre compte, il nous oblige à ouvrir les yeux et aussi à reconnaître que lui seul peut combler cet abîme de déchéance. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.

Faisons bien attention de ne pas croire que cela est pour les autres, qu’eux seuls sont pécheurs. La passion de Jésus, sa croix, sa couronne, sa flagellation : il les a supportées pour chacun de nos nombreux péchés. C’est chacun de nous qu’il restaure dans sa passion. Osons même dire que nous sommes tous et chacun la raison de sa Passion. Pour ne perdre aucun de nous, il choisit de donner tout ce qu’il est et ce qu’il a, toute sa vie.

la prière du père Poucel que je vous partage souvent m’a permis de comprendre qu’elle est ma part dans la Passion du Seigneur, je vous en livre un extrait :

Pour préparer notre Semaine sainte, regarder Jésus Crucifié

Seigneur, dites-moi encore ceci. Pendant ces heures, dites-moi de quoi Vous avez le plus souffert ? 
Jésus : « De toi » 
Hélas, Jésus, Vous portiez les péchés de tous, leur poids s’accumulait ; mais dites-moi de quelle épine j’ai percé Votre front. 
Jésus : « De toutes » 
Quoi, Seigneur, et c’est moi aussi qui Vous ai flagellé, et moi qui Vous ai cloué, et moi qui Vous ai tué ! Et les autres alors, Seigneur, les autres qu’ont-ils fait ? 
Jésus : « Ma passion c’est toi » 
Mon Sauveur, Votre âme n’était-elle pas alors dans la détresse et la crainte. Dites-moi ce que Vous avez redouté le plus. 
Jésus : « Te perdre » 
Oui, Seigneur, je le sais, les âmes perdues rendent inutile Votre passion. Mais dites, est-il grand le nombre de ceux qui se perdent? Est-il vrai que ce nombre est plus grand que celui des élus ? 
Jésus : « Je perds tout, si je te perds » 
Mais encore, Seigneur, que voulez-Vous, que désiriez-Vous le plus en ce moment ? 
Jésus : « Te sauver » 
Vous mourriez pour tous les hommes, et Vous aviez soif de les sauver tous. Pour tant d’hommes qui causaient Votre désir ardent, un seul eût-il pu Vous désaltérer ? 
Jésus : « J’ai soif de toi » 

Alors frères et sœurs ce soir, désaltérons le Seigneur en nous offrant à Lui ! Amen