
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc : En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Comme il est difficile d’appréhender la réalité de la résurrection ? Car hormis Jésus personne n’est ressuscité des morts ! Pourtant cet évènement unique pour l’instant doit être vécu un jour par chacun des élus, comme Jésus l’a promis. C’est en tout cas ce que nous proclamons chaque dimanche dans le crédo « je crois en un seul Seigneur Jésus Christ……il ressuscita le troisième jour », et à la fin nous affirmons « j’attends la résurrection des morts ». Ce que Jésus a vécu, nous croyons que nous le vivrons aussi, c’est le cœur de notre foi.
Pourtant selon l’un des derniers sondages sur le sujet, datant de 2009 pour le Pèlerin, seulement 10% des Français (et 57% des pratiquants catholiques réguliers) croient à la résurrection des morts auprès de Dieu et seulement 61% des pratiquants réguliers la souhaitent !… Pire encore : 33% des catholiques ne croient à rien et 24% ne souhaitent rien au-delà de la mort !
Ainsi entre ceux qui y croient pour Jésus mais pas pour eux, ceux qui y croient pour eux mais ne le souhaitent pas et ceux qui ne croient en rien et ne souhaitent rien : dure de s’y retrouver.
Ce que l’on peut constater c’est que ce n’est donc jamais allé de soi de croire en la résurrection de Jésus et d’espérer la nôtre. Et si ça n’allait déjà pas de soi pour les disciples dont l’évangile nous relate la perplexité quand de leurs yeux ils contemplèrent vivant celui qu’ils avaient vu mort et qu’ils avaient mis au tombeau, combien plus pouvons-nous nous-mêmes nous interroger. A nous ce matin, Jésus dirait certainement pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Sachant donc que dans notre assemblée de pratiquants réguliers seule une grosse moitié croient et souhaitent la résurrection, comment aider les autres à ouvrir leur cœur et leur raison à cette réalité déjà présente et encore à venir ?
Le mieux est de suivre le processus adopté par Jésus pour ses disciples.
- Une interpellation : : « La paix soit avec vous ! »
5 mots en Français, mais un seul dit en hébreu par Jésus à ses disciples : Shalom ! C’est comme le résumé de la bénédiction de Moïse par Dieu dans le livre des Nombres (Nb6,24-26 : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”) Jésus qui est le visage du Père tourné vers ses disciples le prononce pour les apaiser, les bénir, les fortifier, les inviter à poser un acte de foi !
- Un questionnement : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Nous devons aussi nous poser la question. Qu’est ce qui nous gêne, nous interpelle dans la résurrection ? Quelles émotions réveille-t-elle en nous ?
- Une invitation à scruter, à regarder celui qui est en
face d’eux : Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Il faut faire le lien entre le passé et le présent : c’est le même Jésus : celui qui a souffert jusqu’à mourir et vivant devant eux.
- Proposer un geste concret : « Touchez-moi ». Jésus
montra ses mains et ses pieds à ses disciples. Ils peuvent saisir, toucher de leurs mains, prendre dans leurs bras ce corps qui est donc concret, marqués des stigmates de la passion mais vivant malgré eux !
- Faire la déduction qui s’impose : Si les disciples
peuvent toucher le corps stigmatisé de Jésus, c’est donc qu’il n’est pas un esprit : « un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » La réalité de la résurrection est palpable, ce n’est pas une vue de l’esprit, ils ne rêvent pas !
- Dissiper les derniers doutes en posant un geste que
seul un vivant peut poser : manger du poisson grillé. Jésus
ressuscité ne se laisse pas seulement approcher et toucher, il partage un moment unique avec ses disciples, un geste de partage qui leur rappelle les nombreux repas vécus ensemble. Il est bien un vivant parmi eux !
- Jésus les ouvre à la compréhension du plan de Dieu.
Enfin Jésus ouvre ses disciples à la cohérence du plan de Dieu : la résurrection est l’étape logique après les évènements de la Passion : tout cela est la réalisation des promesses de Dieu, de l’Ecriture, de l’Histoire du Salut : Jésus ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il reste alors frères et sœurs une ultime étape, personnelle celle-là : donner foi au témoignage des disciples et poursuivre la rédaction de l’Histoire du salut comme le rappelle Jésus : il est écrit que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Pour que cette Bonne Nouvelle se propage aujourd’hui encore Jésus nous invite à en être les témoins. Par nos vies de baptisés guidés par l’Esprit-Saint et mise au service du Bien, du Beau et du Vrai c’est à nous d’écrire par votre vie vécue dans la foi en la résurrection la suite de l’Histoire du Salut jusqu’à pouvoir dire au soir de notre vie : Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance. Amen.