Évangile de Jésus Christ selon saint Jean : En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »
Vous conviendrez avec moi qu’un bon fruit est celui qui a reçu de l’arbre qui le porte tout ce qu’il faut pour naître, grandir, murir et faire la joie de celui qui le mangera. De même une bonne grappe de raisin est celle qui, du cep de vigne, a reçu par le sarment qui la porte les nutriments nécessaires, afin de devenir le doux nectar que nous aimons déguster. Ainsi les chrétiens greffés au Christ, comme les sarments à la vigne, reçoivent de Lui toutes les nourritures spirituelles dont ils ont besoin pour porter de bons fruits. Lesquels fruits récoltés par Dieu le Père feront le bon vin de son amour, de sa joie et de son allégresse parmi les hommes.
Ainsi nous pouvons relever trois moments importants : Nous sommes chacun un sarment greffé au Christ ; en vue de porter un fruit personnel qui sera ajouter à d’autres pour être le nectar dont Dieu veut abreuver le monde. Donc trois points dans mon homélie !
1- Chacun est un sarment greffé personnellement au Christ.
Quand nous contemplons les vignes de notre doyenné nous pouvons remarquer que chaque cep de vigne porte plusieurs sarments chacun relié directement au cep de vigne. Eh bien il en est de même dans notre relation au Christ. Chacun de nous est personnellement greffé à Jésus. Comment ? Par le baptême qui nous lie à Lui, nous « branche » sur Lui. Ainsi tout baptisé peut développer une relation personnelle avec le Seigneur Jésus car son baptême l’a transformé, l’a marqué d’une manière indélébile du sceau de Dieu. Vous remarquerez cependant qu’être greffé ne veut pas dire forcément porter du fruit, comme Jésus le dit dans l’évangile : Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève. Ainsi être baptisé ne veut pas dire automatiquement vivre en chrétien et porter du fruit. En effet bien des causes intérieurs ou extérieurs peuvent empêcher le sarment de porter du fruit, comme les grandes gelées des dernières semaines l’ont si durement prouvé. En faire une lecture spirituelle peut signifier que bien des obstacles empêchent le baptisé de porter du fruit : le péché (c’est comme le gel, ça brise la possibilité de bons fruits à venir), la tentation, le repli sur soi, l’orgueil, etc.
Le baptême ne nous sauve pas d’une manière « magique ». Il rend possible pour l’homme l’accueil du salut qui se voit alors à travers le fruit qu’il porte, la vie qu’il mène. C’est le 2 !
2- chacun sa/ses grappe(s).
La mission du sarment est de porter du fruit et Jésus éclaire le procédé : Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. Je vous disais un peu plus haut que le salut devient visible à travers le fruit que nous portons. Notre baptême qui nous a greffé au Christ permet à ceux qui le désirent de porter du fruit en recevant de Jésus tout ce dont ils ont besoin pour cela. Jésus peut verser dans les âmes qui s’offrent et s’ouvrent à Lui toutes les grâces nécessaires pour agir et aimer non pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité comme le rappelle st-Jean. Ainsi une personne sauvée se remarque d’abord au bien qu’elle fait, aux gestes visibles qu’elle pose. Grâce au baptême reçu et au salut accueilli, Dieu peut par les autres sacrements, surtout dans l’eucharistie et le pardon, nourrir le baptisé de tout ce qui lui est utile et indispensable pour porter du bon fruit. Voilà pourquoi il est si hautement improbable d’affirmer être croyant sans recevoir de Dieu les forces nécessaires qu’Il donne par les sacrements. Comme la sève que produit la vigne va permettre l’éclosion de la grappe, de même les sacrements don de la vie même du Christ permettent aux baptisés de porter un vrai et bon fruit. Ils nous font demeurer en Jésus et Jésus en nous.
3- la mise en commune des grappes pour donner du bon vin.
Certes chaque sarment pourrait dire aux autres « lâche moi la grappe ! » et se glorifier de son seul fruit. En soi c’est vrai que le raisin est bon à goûter, mais nous savons aussi que mises ensemble, travaillées ensemble les grappes peuvent donner un très bon vin. Oui on gagne à collaborer. Et c’est la même chose spirituellement. Chacun de nous peut mettre les bons fruits que porte sa vie spirituelle au service de Dieu pour le Salut du monde. Car rappelle Jésus un seul acte de charité couvre une multitude de péchés. Alors versons ensemble dans les cuves de l’Eglise le fruit de notre vie sauvée par Christ, nos bonnes œuvres et offrons-les à Dieu pour le Salut du monde.
Que l’eucharistie de ce matin qui fait déjà des grains de blé que nous sommes le bon pain de Dieu dans le monde, fasse aussi de nos actes de charité offerts le bon vin de Dieu pour le salut du monde. Amen