homélie du 19° dimanche ordinaire B

AMOR DOS ANJOS: TESTEMUNHOS À ORIGEM E EXISTÊNCIA DOS ANJOS:
un ange le toucha et lui dit :  « Lève-toi, et mange ! » 

Lecture du premier livre des Rois : En ces jours-là,  le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson,  et demanda la mort en disant :  « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie :  je ne vaux pas mieux que mes pères. »      Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit.  Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit :  « Lève-toi, et mange ! »      Il regarda, et il y avait près de sa tête  une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau.  Il mangea, il but, et se rendormit.     Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit :  « Lève-toi, et mange,  car il est long, le chemin qui te reste. »      Élie se leva, mangea et but.  Puis, fortifié par cette nourriture,  il marcha quarante jours et quarante nuits  jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens : Frères, n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu,  qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes,  tout cela doit être éliminé de votre vie,  ainsi que toute espèce de méchanceté.  Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse.  Pardonnez-vous les uns aux autres,  comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu,  puisque vous êtes ses enfants bien-aimés.   Vivez dans l’amour,  comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous,  s’offrant en sacrifice à Dieu,  comme un parfum d’agréable odeur.

« C’est quelqu’un de bien », combien parmi nous ont déjà définit ainsi une personne dont la vie est exemplaire, tournée vers les autres, pleine de discrétion, de charité active, d’écoute et de patience, etc. Certainement que parmi nous nombreux seraient ceux qui diraient d’Elie dans la 1ière lecture comme de Paul dans la 2ième, qu’ils sont « quelqu’un de bien » travaillant pour Dieu, ne comptant par leurs heures, ne craignant pas de mettre en péril leur vie voire de la perdre pour son service. Et aussitôt nous ajouterions qu’évidemment nous serions incapables d’un don si grand, d’un héroïsme si poussé.

Pourtant à regarder de plus près leur vie, l’un et l’autre, ont fait des choses horribles : Elie (c’est dans le chapitre précédent) a massacré en les égorgeant les 450 prêtres de Baal qu’il avait affrontés lors d’une joute spirituelle, quant à Paul nous savons tous quel tortionnaire il fut pour l’Eglise naissante. Elie et Paul, comme tant d’autres, n’ont pas toujours été des saints, ils ont été aussi médiocre, vindicatifs, moqueurs. En cela ils nous ressemblent, ils nous sont rendus plus accessibles, plus proche de « la vie réelle », comme si la vie réelle d’ailleurs était forcément le règne du mal et de la médiocrité !

Ce qui peut les séparer à nouveau de nous, c’est leur réaction après avoir réalisé le mal qu’ils ont fait : Ils sont dégoûtés d’eux-mêmes jusqu’à laisser jaillir de leurs lèvres des désirs de mort : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop !  Reprends ma vie :  je ne vaux pas mieux que mes pères. » supplie Elie dans le désert.

Et nous ? Nous rendons-nous encore compte du mal que nous faisons ? Certainement nous n’avons tué personne, mais tout le reste ne l’avons-nous pas fait ? Et comment assumons-nous cela, quelle image cela nous renvoie-t-il de nous ? Arrivons-nous encore à nous regarder sans un peu de dégoût dans le miroir malgré nos compromissions avec le péché ordinaire, notre complicité silencieuse face au mal « de tout le jour » ? Nous arrivons désormais à manger notre repas devant la télé où défilent des images dures de morts, d’hommes et de femmes affamés, blessés, errant sans toit ni lieu où se procurer un peu de repos. Et nous nous rassurons en disant « après tout qu’est-ce que je peux bien y faire ? » ou « tout ça c’est loin de chez nous » ou pire encore « les autres n’en font-ils pas autant ailleurs ? » Alors qu’il nous faudrait comme Elie, comme Paul, tomber à genoux et ne plus désirer vivre ainsi, préférer mourir plutôt que de vivre tellement en deçà de ce pour quoi Dieu nous a créé. Il nous a fait pour être quelqu’un de bien !

Certes dans un premier temps c’est rassurant que ces modèles de foi se trouvent aussi moches de temps en temps. Mais dans un second temps, nous devons imiter surtout leur humilité : ils savent, parce qu’ils l’ont vécu dans la chair, ce que c’est que la pauvreté, la médiocrité, la bassesse. Ils les ont testées, reconnues et confessées. Ils les ont admis devant Dieu. Elles ne les ont pas enfermés. Par la grâce de Dieu, ils ne sont pas restés piégés dans leur faute, leur péché. Ils ont fait l’expérience de la miséricorde infinie de Dieu qui les a libérés. Relevés et pardonnés, ils sont les témoins qu’une autre manière de vivre est possible, que l’on n’est pas contraint au mal, ni dans un déterminisme par rapport à lui. C’est tout le propos de Paul aux Ephésiens ce matin : Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu puisque vous êtes ses enfants bien-aimés.

Oui c’est en puisant dans la miséricorde de Dieu que nous pouvons passer du mal au bien. « Être quelqu’un de bien, c’est faire mentir les cyniques et les sceptiques. C’est affirmer qu’un monde meilleur est possible, un monde du bien. » Oui être quelqu’un de bien c’est se mettre au service d’un projet plus grand que soi, c’est œuvrer à l’établissement dès cette terre du Royaume de Dieu, du souverain Bien. C’est accepter de n’être qu’une pierre dans cette grande construction, c’est aussi accepter d’être cette pierre, indispensable pour que la construction soit solide, belle et pérenne. Et pour que la pierre que nous sommes se bonifie elle a besoin d’être bien nourrit, comme le rappelle l’ange à Elie : « Lève-toi, et mange,  car il est long, le chemin qui te reste. » Oui pour aller jusqu’au bout du chemin de notre vie en servant le bien, recevons autant que nous pouvons les nourritures divines : le pardon et l’eucharistie qui est « le pain vivant, qui est descendu du ciel, la chair du Christ donnée pour la vie du monde. » Dans la joie préparons-nous à ce grand festin, choisissons de devenir ou redevenir quelqu’un de bien. Amen

(Si vous aimez réfléchir et philosopher un peu, je vous invite à lire ce petit livre de Laurence Devillairs aux PUF : « Être quelqu’un de bien, philosophie du bien et du mal ».)