homélie du 31° dimanche ordinaire C

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander :   Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Je ne sais pas vous, mais comme j’aimerai que le Seigneur Jésus s’adresse à moi ainsi, dans le secret de ma prière, quand, au soir tombé je relis ma journée : les pensées, paroles et actes qui l’ont remplie. Oui j’aimerai qu’il chuchote à ma conscience : « ce soir tu es plus porche de moi qu’hier car ce que tu as fait, dit, pensé aujourd’hui a permis à ceux que tu as rencontrés de s’approcher de moi, de gouter un peu à mon salut, à mon amour pour eux. ». Oui, frères et sœurs, nous voudrions tant que Jésus valide nos œuvres, nous décerne un certificat de bonne conduite pensant que cela nous donnerait du courage ou nous garantirait l’accès au ciel ! Vous et moi sentons bien que ce souhait à quelque chose d’immature dans la foi. En effet, si les enfants, les jeunes gens ou les chercheurs de sens à leur vie ont besoin de découvrir et de connaître les commandements de Dieu et d’y être formés, par un apprentissage concret, les croyants établis dans la foi, quant à eux, doivent bien les maitriser et en faire la charte de leur vie. En effet, ce dont les chercheurs de Dieu ont besoin, ce sont de vrais et solides témoins, c’est-à-dire des adultes fermes dans leurs convictions et en harmonie avec leur foi dans leurs actes et leurs paroles. Comme le proclamait déjà saint Paul VI au conseil des Laïcs en 1974 : « les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu’ils suivent des maitres c’est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins. » Oui enseigner les commandements comme un maître ne suffit pas, c’est la cohérence entre nos pensées, nos paroles et nos actes qui expriment combien la loi de Dieu, ses commandements dirigent et régentent notre vie, faisant de nous des témoins crédibles.

Et depuis les révélations des derniers jours sur les abus dans l’Eglise, nous avons tous fait l’expérience du drame que représente cet écart entre les paroles et les actes et de la destruction de la confiance qu’il engendre.

Notre problème comme croyants exposés au regard des hommes, n’est donc pas de savoir, car nous connaissons les commandements de Dieu ; il est au contraire d’exercer notre volonté pour les vivre quotidiennement. Oui c’est bien là aujourd’hui pour nous le grand défi : vivre concrètement les implications de notre foi : tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité rappelle le Deutéronome dans la première lecture.

Nous mesurons alors que la vie chrétienne est un double combat : d’abord croire que Dieu nous veut heureux et que pour cela il nous a prescrit les commandements afin que nous portions du fruit et ensuite de vivre concrètement le bonheur promis. Croyons-nous frères et sœurs que Dieu veut notre bonheur, qu’il est même la garantie d’un bonheur maximal si nous le choisissons ? Si oui, alors menons un second combat, contre nous-même, contre ces penchants en nous à dire et ne pas faire, et ou à faire autrement que ce que l’on a dit. Un combat pour adhérer de toutes nos forces à la foi qui doit structurer toute notre vie. Ce combat nous le perdons malheureusement trop souvent car nous ne comptons que sur nos propres forces, nous imaginons que nous devons nous débrouiller tout seul, que Dieu nous attend au tournant avec la matraque de sa justice. (Comment peut-on imaginer que Dieu agisse ainsi sinon en calquant son comportement sur le nôtre ?  Car c’est bien ainsi que trop souvent nous agissons : la matraque du jugement à la main, les paroles de médisances toujours sur les lèvres pour dénoncer celui qui a commis des erreurs. Il faut qu’à chaque fois que nous disons du mal de quelqu’un aussitôt après nous en disions aussi du bien !).

Oui nous ne pourrons gagner ce combat qu’en en faisant celui de Dieu. Son Fils Jésus rappelle l’épître aux Hébreux, en s’offrant lui-même au Père pour la rémission des péchés est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu. Il a offert sa propre vie pour le salut de la nôtre, pour nous permettre de ne plus être esclave du mal et du péché. En son Fils Jésus, Dieu le Père nous a donné le modèle à suivre, l’entraineur pour le combat de la cohérence de vie. Nous n’avons pas à mener ce combat seul mais à accueillir Jésus pour qu’il le mène avec nous, en nous par son Esprit Saint.

En effet, comme le rappelle le psaume 17 que nous avons lu, Jésus est « ma force, mon roc, ma forteresse, mon libérateur, le rocher qui m’abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! » Jésus est à la fois ma forteresse, mon bouclier et mon arme de victoire pour le combat de la cohérence de vie. Dans le sacrement de la réconciliation, où je reconnais mes manques il est mon bouclier ; dans la prière où je le prie il est ma forteresse, mon roc ; dans l’Eucharistie où je reçois sa vie, il est mon arme de victoire. Grâce à Jésus vivant en moi je peux changer de vie, cesser de juger, de condamner, de colporter le mal et choisir le bien, vivre en témoin. Que votre communion à son corps ce matin soit au plus profond de vous un acte d’adhésion à sa personne, un choix d’être vraiment parmi les hommes son royaume. Amen